Un barrage contre le Pacifique : Marguerite Duras mal adaptée

Par Mahee

Encore une bonne idée mal exploitée. Un barrage contre le Pacifique est l’adaptation cinématographique d’un roman éponyme de Marguerite Duras. Une œuvre qui a révélée l’écrivaine et dans laquelle elle décrit son enfance dans l’Indochine des années 1930 et l’atmosphère qui y régnait, à la manière de L’Amant.

Note :


Dans le film, réalisé par le documentariste et cinéaste cambodgien Rithy Panh, les paysages sont très beaux, entre les rizières, les vallées et l’océan Pacifique. Pourtant, on n’accroche pas vraiment à l’histoire. Celle d’une famille ruinée par les crues de l’océan, qui détruisent les barrages et inondent les rizières, rendant le riz incultivable. Une famille délaissée par les banquiers. Une famille dont le père est décédé et dont la mère (Isabelle Huppert) est malade. Les deux enfants, chacun à leur manière, tentent d’éviter le naufrage. Joseph (Gaspard Ulliel), homme à tout faire et débrouillard, pratique la contrebande. Suzanne (Astrid Berges-Frisbey), jeune femme séduisante, n’hésite pas à jouer de ses charmes pour obtenir ce qu’elle désire.
La force du film, qui est avant tout due au roman, réside dans la profondeur des personnages. Leurs caractères y sont dépeints d’une manière fouillée et psychologique qui est très intéressante. Ainsi, tous trois sont tellement hypocrites et profiteurs qu’ils éveillent un sentiment de dégoût. De ce point de vue là, c’est bien joué.
Mais sinon, la majorité des séquences sont beaucoup trop longues et ennuyeuses et l’intrigue n’en est pas vraiment une. Le film manque de souffle, loin des autres grandes fresques indochiniennes. En conclusion, pas d’exotisme, de grand spectacle ni même de suspense alors que l’histoire s’y prête.