Barack Obama: blockbuster 2009

Publié le 16 janvier 2009 par Pierre

Je ne suis pas vieux mais quand même, jamais nous n’avons il me semble autant aimé et supporté un président américain. Reagan avait pourtant une sacrée gueule et une jolie femme, Nancy ; Bush père pas grand chose sinon une bonne tête et un côté paternel rassurant, et le bon Bill avait un style de vie que n’aurait pas renié nos présidents français. Et puis il y a eu Bush fils, W, brave gars mais dont la planète entière a certainement vite cerné les limites intellectuelles. C’est probablement aussi une des raisons qui rendent Obama si populaire en France : on est tellement soulagés que ça change, n’importe qui mais quelqu’un d’autre !

Obama a des atouts

Barack Obama est noir, ça c’est une véritable révolution, pour l’Amérique et pour les pays occidentaux en général. C’est pas rien tout de même d’élire un homme noir, donc représentant d’une minorité ethnique. Les Etats-Unis l’ont fait et il faut y voir l’incroyable vitalité de ce pays qui a une fois de plus répondu présent quand il a fallu montrer un signe fort de changement.

Barack Obama est démocrate, après huit années d’administration républicaine, il y a aussi une logique de l’alternance, comme partout. Son adversaire John Mac Cain a certainement pâti de son âge et a été, avec sa femme Cindy, tout à fait honorable tant dans la campagne que dans la défaite.

Barack Obama est jeune, svelte, photogénique. C’est toujours plus emballant qu’un crâne d’œuf austère, qu’un politique de carrière ventripotent ou qu’un jeune loup aux dents trop longues.

Sa campagne enfin. Elle a été, de l’avis de tous les spécialistes, excellente, notamment parce qu’elle a investi à fond et avec réussite les média, notamment la toile, mais aussi, fait nouveau, tous les réseaux qui se sont développés depuis moins d’une dizaine d’années : sociaux, associatifs, politiques… Barack Obama et son équipe ont définitivement lancé les nouvelles campagnes politiques du 21eme siècle.

Obamania

« Yes we can » : ce slogan, on le retrouve partout, sur des auto-collants, sur des vêtements, dans des chansons… L’adresse internet « yeswecan » n’est d’ailleurs plus disponible avec aucune extension ! Barack (ou son staff en communication) a eu une idée lumineuse avec cette phrase prononcée en janvier 2008 dans le New Hampshire. Ca chatouille l’insconscient collectif, ça donne une lueur d’espoir, une force intérieure et surtout, ça rassemble. C’est une qualité pour un homme politique de rassembler, même sur du vent. La politique dépasse le seul traitement sérieux des dossiers, il faut aussi mobiliser et entraîner avec soi.

Petite parenthèse : Ségolène Royal avait elle aussi essayé de pousser son avantage sur ce terrain de la mobilisation du peuple : elle a ainsi, dans sa campagne, manié avec pas mal de succès d’ailleurs, plusieurs concepts censés capter l’électorat : image de la mère protectrice, évangélisme new age, démocratie participative, féminisme, jeunisme bon enfant style années 80… tout ceci dans un magma qui sonnait (très) creux mais qui a eu un véritable succès populaire. De ce point de vue, sa campagne est loin d’être un échec…

Revenons à Barack. Aujourd’hui, et quelques jours avant son investiture, on remarque que l’Obamania est devenu pas encore une mode mais une tendance « in ». C’est bien vu d’aimer Obama, encore plus de l’afficher. « Hope », eh ouais, c’est cool l’espoir d’un monde meilleur. Qui serait contre ?

Donc on retrouve le visage de Obama partout ; sur des auto-collants à la Andy Warhol, collés à l’arrière des Vespa, des T shirts avec le « O » de Obama en forme de signe « Peace », des tasses, T shirts, collections d’assiettes, « Obama is my homeboy », « Santa Obama »… A ce rythme, Obama va relancer l’économie mondiale à lui tout seul ! (bientôt des Obama cars chez Chevrolet ?)

Obama investit également les arts : les portraits Andy Warholés on l’a dit, mais aussi les défilés de mode dans lesquels les mannequins portent des vêtements à l’effigie du 44eme président des Etats-Unis…, les arts culinaires avec le Chili con carne spécial Barack Obama, les tatouages des joueursde basket de la ligue américaine NBA (le meneur de Washington Wizards s’est engagé à se faire tatouer « Change we believe in ») et enfin le rap qui a vécu une véritable déferlante Obama…

Non pas que nous frôlons l’indigestion mais c’est quand même la première fois qu’un homme politique investit de manière aussi forte la société. On peut qualifier cela de superficiel, ça l’est assurément (qui est capable de donner les 10 points clés du projet politique de Obama ?) Mais c’est aussi un signe doublement encourageant : d’abord que l’Amérique dispose de nouveau d’un président audible et qui sera écouté ; ensuite qu’il y a une réelle attente de l’occident, donc que des choses, des changements seront possibles, sous la vigilance démocratique.

Maintenant, attendons le discours d’investiture et espérons ne pas être déçus. Mais là, c’est une autre affaire…

François