Pourtant, il faut le dire, Les insurgés n'est pas un très bon film. La raison en est simple : c'est à la virgule près ce à quoi on pouvait s'attendre en lisant le résumé (et a fortiori en regardant la bande-annonce). Les scènes s'enchaînent comme tournent les pages d'un livre d'histoire : les faits sont relatés avec sérieux et précision, mais la surprise ou l'émotion ne sont jamais au rendez-vous, pas plus que la moindre réflexion. D'une façon ou d'une autre, un film doit remplir son spectateur, lui donner l'impression de n'être plus tout à fait le même que celui qui était entré dans la salle quelques temps plus tôt. On ne peut reprocher à Zwick son manque de professionnalisme ou de technique : Les insurgés est un film de bonne facture, filmé efficacement et pas trop mal joué. Mais c'est tout.
On baille poliment devant ce semblant de divertissement engoncé dans sa propre dignité, qui ne sort jamais des sentiers battus, sans doute pour ne pas risquer d'ébrécher l'héroïsme de ses personnages. Ce n'est pas la première fois que Zwick est aussi mollement mauvais dans sa façon de raconter une histoire vraie et qu'il met des plombes (deux heures quinze !) à le faire ; mais c'est toujours étonnant de la part d'un réalisateur qui sait aussi livrer des fresques intenses lorsqu'il est inspiré. La seule chose à retenir de ce film aussitôt oublié aussitôt vu, c'est la prestation de Daniel Craig, qui confirme à chacune de ses apparitions qu'il n'est pas qu'un excellent James Bond, mais aussi un acteur plein de ressources, sans doute le premier 007 depuis Sean Connery à avoir les capacités de jouer autre chose que les agents secrets. Qu'il se trouve désormais des projets à hauteur de son impressionnante rugosité.
4/10