L’ironie de l’histoire c’est justement que l’ironie sauvera l’histoire.

Publié le 18 janvier 2009 par Magdala
Extrait abenarous’s blog

Les formes nouvelles de l’esprit de ressentiment

(...)Il existe un endroit merveilleux où le ressentiment est religion d’État.
Une contrée où, parce que ce sentiment est maitre, les habitants sont des esclaves de leur étrange obsession : Internet. Baladez vous sur la toile au gré des blogs et vous entrerez dans un étrange souterrain de notre société, où l’adjectif médiatique est une insulte, où les caricatures, les procès d’intention et la paranoïa règnent en maitre. Quel que soit l’objet de votre ressentiment, soyez certain que vous y trouverez des camarades pour partager vos analyses. Si vous êtes depuis tout petit, par exemple, secrètement convaincus que la franc-maçonnerie turque est derrière le 11 septembre et la diffusion du sida en Afrique, vous trouverez des sites qui feront échos à vos thèses. Plus sérieusement, quand il faut le génie d’un Turner pour peindre la complexité de notre époque, la réalité made in Internet offre une explication aussi primitive qu’une toile de Klein.


Il existe un endroit merveilleux où le ressentiment est religion d’État. Une contrée où, parce que ce sentiment est maitre, les habitants sont des esclaves de leur étrange obsession : Internet. Baladez vous sur la toile au gré des blogs et vous entrerez dans un étrange souterrain de notre société, où l’adjectif médiatique est une insulte, où les caricatures, les procès d’intention et la paranoïa règnent en maitre. Quel que soit l’objet de votre ressentiment, soyez certain que vous y trouverez des camarades pour partager vos analyses. Si vous êtes depuis tout petit, par exemple, secrètement convaincus que la franc-maçonnerie turque est derrière le 11 septembre et la diffusion du sida en Afrique, vous trouverez des sites qui feront échos à vos thèses. Plus sérieusement, quand il faut le génie d’un Turner pour peindre la complexité de notre époque, la réalité made in Internet offre une explication aussi primitive qu’une toile de Klein.
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L’autodérision libère du ressentiment. Il est un miroir de nos travers, dégagé de tout esprit de vengeance. C’est un rire tragique, déconstructeur qui pousse à l’introspection, c’est le rire d’un Beckett ou d’un Kafka, c’est aussi le franc éclat de rire de l’enfant, souverain de son monde. Mais le rire de l’enfant ne dure pas, le dressage social ayant tôt fait de créer cet être de ressentiment que nous connaissons. Il nous faut donc retrouver ce rire là, manifestation d’une puissance à la fois dévastatrice et créatrice. Parce que rien n’est plus étranger à l’homme du ressentiment que l’éclat de rire enfantin**, il faut réapprendre cette joie là et les moins marrants d’entre nous se payeront des séances de psychanalyse.
Notre société est profondément travaillée par l’idéal démocratique. Pour le meilleur, dans la sphère politique, et parfois pour le pire, dans l’espace social. Cette démocratisation a amené dans ses bagages l’esprit de ressentiment parce que là où nous sommes égaux en droit toute hiérarchie est devenue insupportable. Et bien, face au triomphe du ressentiment, le sens de l’autodérision apparaît comme la dernière arme disponible. Certes un peu dérisoire mais, à l’image des glorieux combats de Don Quichotte, terriblement humain.
L’ironie de l’histoire c’est justement que l’ironie sauvera l’histoire.