Le gouvernement japonais étudie l’envoi de navires de guerre en Somalie

Publié le 19 janvier 2009 par Infoguerre

Alors que le problème de la piraterie tend à devenir endémique dans le golfe d’Aden, les Etats disposant d’une flotte marchande développée s’organisent pour lutter contre ce fléau. Cette posture, attendue de la part de la France ou des Etats-Unis, étonne beaucoup de la part du Japon.

En effet, la décision du premier ministre japonais Taro Aso d’envoyer plusieurs navires de guerre en « mission de police » au large de la Somalie a de quoi surprendre. Ainsi la constitution du Japon de 1947, et plus précisément son article 9, prévoit « la renonciation à la guerre » ainsi que « le renoncement à […] la menace ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux ». De fait cette décision, après celle d’envoyer des soldats en Irak en 2004,  a provoqué une nouvelle levée de boucliers de la part des pacifistes, au moment même où la confiance envers le gouvernement est en baisse.

La marine japonaise devrait ainsi effectuer sa première sortie opérationnelle hors de ses eaux depuis la Seconde Guerre Mondiale. Cette intervention programmée marque une nouvelle étape dans la restauration des potentialités diplomatiques japonaises. En effet par cet acte fort, le gouvernement Aso entend montrer le retour du Japon sur la scène internationale et ce au même niveau que n’importe quel Etat.

En 2004 en Irak, les troupes japonaises étaient constituées de forces de support : logisticiens et médecins ; cette fois ce sont bien des navires de guerre qui seront envoyés à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de l’archipel avec, sans doute, la possibilité d’engager le combat contre les pirates somaliens.

Cette intention est révélatrice de la nouvelle posture mentale de la classe dirigeante japonaise qui, après 60 ans de pacifisme défensif garanti par la Pax americana et prenant acte des difficultés rencontrées par le protecteur américain depuis 2001, entend maintenant laisser le Japon assurer lui-même sa sécurité ainsi que celle de ses ressortissants, capacité essentielle de n’importe quel grand pays.

Nicolas Mazzucchi

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