Colloque : « Nouveau Monde, Nouveau Capitalisme », 8 Janvier 2009

Publié le 08 janvier 2009 par Davidmourey25

J'ai assisté, ce jour, à la première journée du Colloque « Nouveau Monde, Nouveau Capitalisme : Ethique, Développement et Régulation » qui se déroule jusqu'a demain midi à l'Ecole Militaire.

On peut remarquer d'entrée que l'intitulé part de l'hypothèse qu'il convient de refonder le capitalisme et non de le détruire.

Ce colloque est organisé, selon le souhait du Président de la République Nicolas SARKOZY, par Eric BESSON, secrétaire d'Etat à la Prospective.

Un premier point intéressant est que c'est bien à Jean-Paul FITOUSSI, Président de l'OFCE, que l'on doit les interventions des trois Prix Nobel d'Economie Amartya SEN (1998), Joseph STIGLITZ (2001), et Edmund PHELPS (2006), et du très respecté Francis FUKUYAMA. Eric BESSON n'a pas manqué de le rappeler lors de son allocution préliminaire.

Encore une fois, après la constitution de la Commission STIGLITZ sur les nouveaux indicateurs, Jean-Paul FITOUSSI fait profiter la FRANCE de tout son savoir faire, au-delà de son savoir.

Eléments pour la discussion

Ensuite, sans faire de synthèse de la journée, je vais énoncer quelques remarques fondamentales faites lors de la matinée.

Eric BESSON souhaite tout d'abord l'émergence d'un capitalisme plus responsable, et plus solidaire.

On retrouve bien ici un aspect microéconomique avec la responsabilité des acteurs et un aspect macroéconomique avec al responsabilité des pouvoirs publics en matière de solidarités.  On retrouve aussi en arrière plan la nécessaire combinaison des mécanismes du marché et des interventions publiques.

Ce sont ensuite Tony BLAIR, Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY qui ont donné successivement le la aux débats du jour.

Tony BLAIR, verbatim

Pour Tony BLAIR, la mondialisation n'est pas seulement le résultat de choix politiques, mais elle est plus encore le produit des choix des populations, d'un état d'esprit (d'ouverture), d'une volonté d'échanges dans différentes dimensions via par exemple Internet, ... Mais, la mondialisation a besoin de valeurs pour fonctionner.

Ici, je me demande, si c'est la mondialisation (un processus) qui a besoin de valeurs,

ou bien les individus et les sociétés qui participent à la mondialisation. De surcroit, les valeurs ne s'imposent pas du jour au lendemain. Les valeurs sont bel et bien le lieu du long terme. Il faut du temps pour que de nouvelles valeurs émergent et soient suffisamment partagées pour légitimer les nouvelles normes dont on a besoin pour réguler la mondialisation. Nous respectons des normes parce que nous adhérons à des valeurs.

Angela MERKEL, verbatim

Pour Angela MERKEL,  je retiendrai que les déséquilibres financiers internationaux, qui se manifestent à travers les excédents de la CHINE et les déficits des Etats-Unis, sont un vrai facteur d'instabilité financière et économique.

La combinaison Économie de marché et Démocratie est un système supérieur pour espérer  atteindre la prospérité durablement. Cela ne signifie aucunement qu'il n'ya rien à changer pour Angela MERKEL.

Bien au contraire, elle affirme qu'on peut être favorable à l'économie de marché mais autrement. Et, l'Etat doit être le Gardien de l'ordre économique et financier.

Lors du prochain G20 en avril 2009, elle rappelle qu'elle sera vigilante afin que les acteurs des marchés financiers  ne puissent pas refuser de nouvelles règles parce que les choses iraient éventuellement « mieux ». Les Etats devront rester fermes et elle y veillera.

Cette crise montre encore qu'aucun Etat ne peut régler seul les problèmes qu'il rencontre, fut-il les Etats-Unis.

Enfin, on observe clairement que nous ne pouvons pas vivre au dessus de nos moyens, que ce soit en terme financier (dette) ou terme environnemental.

Nicolas SARKOZY, verbatim

Pour le Président de la République Nicolas SARKOZY, l'Europe doit porter les discours de l'avenir et non se contenter d'une organisation du passé.

 « Parce que le monde change, nous devons changer ».

Cette phrase que je trouve d'une grande justesse, me rappelle (sans faire de comparaison naïve entre les personnes) une citation du BOUDDHA historique : « Tout change, sauf le changement ».

Il rappelle également que pendant des années, le système financier mondial a prospéré et permis des déséquilibres financiers et économiques sans précédents.

« Le capitalisme purement financier a perverti le capitalisme productif. » C'est un système  d'irresponsabilité, un système amoral selon le Président.

« Mais la crise du capitalisme financier n'est pas la crise du capitalisme productif », au sens plus  large. « L'anticapitalisme est une impasse. »

« Il faut moraliser le capitalisme et non le détruire.»

« Il faut refonder le capitalisme » et ceux qui n'ont pas compris cela se trompent lourdement.

Je dois dire que je partage assez largement ce point de vue précis du Président de lé République. Point de vue plus nuancé que celui qui consiste à jeter le bébé avec l'eau de son bain.

Le Président ajoute encore qu'il faut convaincre les populations qu'on peut les protéger sans protectionnisme. Le protectionnisme, la fermeture, serait une grave erreur.

Il soutient que les pays occidentaux ne peuvent plus décider de l'avenir du Monde sans que participent les géants d'Asie, CHINE et INDE, le BRESIL et autres pays d'Amérique du Sud et les pays d'Afrique, car tout cela représente plus de 3 milliards d'habitants.

Enfin, sur la crise financière, stricto sensu, Nicolas SARKOZY a tenu des propos qui ne peuvent que sensibiliser le sens commun.

Comment se fait-il qu'avant la crise, les banques trouvaient toujours à prêter n'importe quoi à n'importe qui et que, du jour au lendemain, il n'y avait plus rien à prêter à personne. Ne serait-il pas possible de trouver un équilibre entre ces situations extrêmes, se demande-t-il ?

Il n'est pas acceptable que les responsables ne soient pas sanctionnés car, dans un tel cas, comment convaincre les populations de faire de nouveaux efforts, de nouveaux sacrifices ?

Le fait majeur de cette crise, c'est bien le retour de l'Etat, de la puissance publique. C'est la fin de l'impuissance publique. Cela dit, il ne faut pas passer d'un excès à l'autre et donc il convient de ne pas substituer à un défaut de règles, un excès de règles.

Il convient également de changer de modèle de croissance et donc passer d'une croissance financé par l'endettement à une croissance par le travail, par le partage des revenus et la réduction des inégalités, qui frappent de plus en plus les catégories moyennes.

De mon point de vue, la clé se trouve peut-être là. Qu'il s'agisse des inégalités nationales ou internationales.

Pour terminer, le Président insiste sur le fait que cette crise traduit le rejet des dogmes, de la pensée unique, du renoncement. Cette crise nous rend donc plus libre de ce point de vue. Mais on peut se demander ce que nous devons faire de cette  liberté retrouvée. Cette crise montre qu'il ne peut exister un seul modèle, elle conduit à refuser le conservatisme, l'immobilisme.

Jean-Paul FITOUSSI, verbatim

Selon Jean-Paul FITOUSSI, on a régulé les Etats pour pouvoir déréguler les marchés.

Le Grand Mensonge, la promesse impossible au sens arithmétique est celle de rendements illusoires.

L'inversion de la hiérarchie entre l'économique et le politique, au détriment du second, s'est traduite par une subordination de ce dernier.

Or, l'économique est le lieu privilégié de l'émergence de l'absence d'éthique.

Et le scandale éthique de notre temps, c'est la mondialisation de la pauvreté, des inégalités, même dans les démocraties.

Cette inversion des priorités, de la hiérarchie, s'est accompagnée d'une dépréciation du futur, accélérée par l'accès à l'argent facile.

En privilégiant le court terme au long terme, les générations présentes aux générations futures, nous avons retiré tout avenir au futur.

Pourtant, il existe un sentiment moral spontanément tourné vers l'altruisme intergénérationnel. Il suffit de penser à l'amour des parents pour leurs enfants, ...

Autrement dit, ce manque de projection vers l'avenir, cette crispation sur le présent, empêche tout projet de long terme et finit par menacer l'avenir, même à court terme.

Pour Jean-Paul FITOUSSI, il faut donner davantage d'avenir au futur, c'est-à-dire davantage d'espace à la démocratie, à la délibération publique.

Je partage complètement ce point de vue dans ses aspects intertemporels et en ce qui concerne la démocratie de la libre discussion.

Enfin, ce qui n'est pas du tout anodin, Jean-Paul FITOUSSI propose que chaque année le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) soit le lieu d'un débat informé (à partir de productions des différents centres de recherche),  sur les inégalités.

A partir d'un tel diagnostic régulier et annuel, il sera possible d'envisager une sortie par le haut et non par le bas.

Voilà ce que j'ai retenu dans un premier temps de cette première (demi) journée. Mais la mémoire est par nature sélective, et il ne s'agit pas d'une synthèse en bonne et due forme, ni  d'un panorama complet des diverses interventions.

A suivre donc, ...

A consulter :

PIB et PIB par Habitant : Ecarts Chine, France, Allemagne ...

Commission STIGLITZ, SEN, FITOUSSI, sur les indicateurs de Croissance

> Ouverture du colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme"

Les voies de régulation du capitalisme mondial dans la foulée de la crise financière sont au coeur du colloque organisé par Eric Besson, intitulé "Nouveau monde, nouveau capitalisme", qui se tient les 8 et 9 janvier à Paris en présence de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et de l'ancien (...)

Le programme du colloque, sur le site de l'Elysée

Le Site du Colloque

http://www.colloquenouveaumonde.fr/

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Actes du colloque


« Nouveau monde, nouveau capitalisme ? Éléments de débat », CAS

http://www.colloquenouveaumonde.fr/docs/CAS.pdf

« LES VALEURS DU NOUVEAU CAPITALISME », Sciences Po Paris

http://www.colloquenouveaumonde.fr/docs/Fiches_SciencePo.pdf