"L'ère Obama" suscite d'immenses espoirs, malgré des bémols

Publié le 20 janvier 2009 par Fouchardphotographe @fouchardphoto
L'investiture mardi de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, suscite d'immenses espoirs à travers le monde, avec toutefois des bémols face à l'ampleur des défis qui attendent le nouveau chef de l'Etat.

A quelques heures de la prestation de serment à Washington, la presse du monde entier titrait sur "le rêve américain" incarné par le jeune président démocrate, soutenu par la plupart des gouvernements étrangers et l'opinion publique.

"Je pense n'avoir jamais vu un jour où la communauté internationale attendait autant de l'élection d'un président américain", résumait Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'Etat sous la présidence démocrate de Bill Clinton.

Témoin des attentes nées de cette élection, le chef du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, a estimé que "l'effet Obama" pourrait écourter la récession économique globale, si le nouveau gouvernement américain sait "générer la confiance".

D'autres cependant mettaient en garde contre des attentes "irréalistes", tant les difficultés à venir seront grandes.

Barack Obama hérite, à 47 ans, d'un pays aux prises avec deux guerres, en Irak et en Afghanistan, et avec l'une des plus graves crises économiques de l'Histoire.

Il sera confronté à des défis multiformes, de la lutte contre le réchauffement climatique au conflit du Proche-Orient. Il a déjà admis que la fermeture promise du centre de détention de Guantanamo à Cuba, l'un des symboles les plus controversés de la présidence de George W. Bush, ne se ferait pas aussi rapidement qu'espéré.

Barack Obama bénéficie d'un "état de grâce mondial", mais n'a pas de "baguette magique" pour résoudre tous les problèmes, soulignait mardi le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. "Il y a un état de grâce américain. Y-a-t'il un état de grâce mondial pour Barack Obama? Je crois que oui", a déclaré M. Kouchner, alors que le président américain est attendu en avril en Europe pour un sommet international sur la crise économique et une réunion de l'Otan.

Mais, a ajouté le ministre français, "il aura une tâche immense, même si ses mérites sont immenses" et "je crois qu'il ne faut pas attendre de lui, tout de suite, qu'il résolve tous les problèmes de l'Amérique, ni accessoirement les nôtres".

Les Etats-Unis sont "la clé" pour surmonter la crise économique, a affirmé de son côté la chancelière allemande Angela Merkel, souhaitant à Barack Obama "habileté et bonne fortune" pour remettre sur pied l'économie américaine. "J'espère que notre coopération sera marquée par une écoute réciproque, des décisions prises sur le principe qu'un pays ne peut résoudre seul les problèmes du monde, mais avec les autres", a-t-elle toutefois souligné.

La Chine a elle aussi exprimé ses attentes, appelant Barack Obama à lever les "obstacles" qui entravent la coopération militaire entre Pékin et Washington. "En cette nouvelle ère, nous espérons que la Chine et les Etats-Unis s'efforceront de créer un climat favorable pour améliorer et promouvoir les relations entre les deux armées", a déclaré le porte-parole du ministère chinois de la Défense.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a lui exprimé son scepticisme, se disant "profondément convaincu que les plus grandes déceptions naissent de grands espoirs".

Les photos de Barack Obama faisaient mardi la Une de la presse et des télévisions du monde entier, le grand quotidien espagnol El Pais titrant, sous une photo du nouveau président et de son épouse Michelle: "Le rêve américain arrive au pouvoir". En Italie, les sites internet des grands quotidiens saluaient l'avènement d'une nouvelle ère à Washington. "Obama, une popularité au firmament", estimait La Repubblica (gauche).

En Indonésie, le plus grand pays musulman du monde, le Jakarta Post écrivait que Barack Obama serait accueilli "comme un frère", mais qu'il n'était pas à lui seul la réponse à tous les problèmes."Beaucoup de gens en Indonésie, comme dans d'autres pays musulmans, ont certaines attentes auxquelles le nouveau président américain ne devrait pas être en mesure de répondre", soulignait le quotidien indonésien.

Un sondage réalisé par la BBC dans 17 pays montrait que les deux tiers des personnes interrogées croyaient que le nouveau gouvernement américain allait resserrer les liens entre les Etats-Unis et le reste du monde.

AFP