Acro à la postérité

Publié le 22 janvier 2009 par Chroneric

Dans le monde du spectacle et de la politique, l'acronyme, c'est chic et distingué. Aujourd'hui, des personnalités acquièrent leur notoriété en faisant de leur nom à rallonge des raccourcis de marque. Le premier à connaître cette mode a été ce grand journaliste Patrick Poivre-d'Arvor, PPDA, popularisé par l'émission des marionnettes. Ensuite, nous avons eu Bernard-Henri Lévy et ce fameux BHL. Pourtant au début, la raison était que le raccourci était plus pratique à dire et à écrire. Mais finalement, c'est comme de rentrer aux Guignols de Canal+, c'est un signe de notoriété.

Alors, il y a eu Jean-Claude Van Damme qui s'est enfin fait un nom avec son surnom, JCVD, grâce à son film où il joue son propre rôle. A la dernière élection présidentielle qui a vu Nicolas Sarkozy sacré roi de France, c'est Dominique Strauss-Kahn, actuel président du FMI (Fonds monétaire international) qui attend sagement 2012, qui s'est vu gagné ses lettres de noblesse : DSK. C'est aussi efficace qu'une marque de vêtement et tout le monde sait de qui on parle. Une femme a connu l'ascension fulgurante de son identité. Michèle Alliot-Marie, MAM. Avec elle, c'est venu tout naturellement, j'ai envie de dire que c'est venu amicalement, ça la rend plus sympa.

Ces derniers jours, le remaniement au gouvernement a été l'occasion pour Nathalie Kosciusko-Morizet, cette pétillante parisienne aux allures de Fifi Brindacier, d'entrer dans ce monde très select des incontournables. Sa nouvelle appellation est venue naturellement dans la presse : NKM. Remarquez, cela arrangera toute la famille. Entre son père, mère de Sèvres, son grand-père, ambassadeur, et son frère PDG d'un site de vente Internet, on aura de quoi rentabiliser ces initiales.

Mais tout le monde n'accède pas à autant d'égard. Prenez Jean-Louis Borloo, par exemple, pourquoi ne dit-on pas JLB ? Pour Anne-Marie Idrac, je crois qu'elle peut faire une croix dessus vu les sentiments que lui portent de nombreuses personnes, l'AMI ne s'incrustera pas dans nos foyers. Je ne vais pas oublier non plus Roselyne Bachelot, de son vrai nom Bachelot-Narquin, pour qui un raccourci nous rappellera plus l'heure du goûter que l'ouragan de la santé. Quant à George W. Bush, on comprendra aisément que son nom est à éviter. Et puis GWB c'est pas simple à dire et source d'accrochage linguistique.

Pour certains, on évitera de prendre les raccourcis pour éviter les confusions, notamment Jean-François Kahn. D'autres, par contre, ont eu moins de chance et n'ont pas connu de leur vivant, cet accès à la gloire. CDG est pour nous un aéroport alors que l'illustre personnage caché derrière ces initiales est une véritable légende.

En résumé, il est plus simple d'occuper l'inconscient collectif si votre nom à rallonge est abrégé et ainsi être utilisé à foison dans toutes les conversations et les bonnes blagues de bistrot, là où on refait le monde.