17 - Sauvée

Par Basile
Ils entrèrent dans l'ascenseur. Le gros index de Moustache enfonça le bouton 4. Les portes se refermèrent instantanément. Au même moment, la célèbre sonnerie de la cellule anti-terroriste pour laquelle Jack Bauer s'active pendant 24 heures d’affilées retentit. Moustache et sa coéquipière qui répondait au doux nom de Mizka fouillèrent leurs poches respectives à la recherche de leur portable.
- C'est le mien, s'exclama fièrement le rougeaud en décrochant. Allô ! Qui c'est ??
- C'est John à l'appareil, dit la voix avec un fort accent germanique aisément reconnaissable. Alors, vous l'avez neutralisée, espèces d'incapables ?
- Non, pas encore chef, mais ça ne va pas tarder. On est à l'hôpital et on a son numéro de chamb...
- J'm'en fous des détails !! Tout ce qui compte, c'est que vous ne merdiez pas comme ce matin, sinon, vous savez ce qui vous attend !
- Euh...oui, chef, mais ça n'arrivera pas... je vous le promets, bredouilla Moustache.
- Je l'espère bien pour vous...
Sur ces mots, John Keller raccrocha, laissant son interlocuteur interloqué. Sans un mot, Moustache rangea son portable sous l'œil dubitatif de Mizka.

- Plus le droit à l'erreur, ma couille..., se contenta-t-il de dire.

Au regard assassin qu'elle lui jeta et malgré son intelligence particulièrement limitée, il comprit qu'il ne devait plus se laisser aller à de telles vulgarités en sa présence sous peine de perdre ses attributs masculins...

Au troisième étage, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Une vieille femme soutenant péniblement son bras plâtré et une très jolie rousse qui l’accompagnait y prirent place. Malgré ses résolutions toutes fraîches, Moustache ne pût s'empêcher de saluer la nouvelle entrante (enfin la plus jeune des deux...) d'un sifflement des plus vulgaires s'attirant une nouvelle fois les foudres de sa coéquipière.
L'ascenseur se remit en mouvement et atteignit rapidement le quatrième étage. Moustache et Mizka sortirent laissant les deux femmes à leur conversation inintéressante.

D'après les indications qu'ils avaient obtenues à l'accueil, la chambre 423 se trouvait tout au bout du couloir à droite. Tout naturellement, ils s'y dirigèrent d'un pas décidé avec la ferme intention de réussir leur mission, et ce même s’ils devaient avoir recours aux moyens les plus radicaux...

Dans le couloir, ils croisèrent un brancardier qui brancardait un brancard (étonnant, non ?) amenant probablement son occupant vers sa dernière demeure : la morgue. En effet, un drap blanc immaculé recouvrait totalement le corps qui s'y trouvait.
Ne s’attardant pas sur cette scène classique dans un hôpital, M&Ms;, comme John les appelait de temps en temps, poursuivirent leur chemin jusqu’à la porte 423.

Sans hésiter une seconde, Moustache ouvrit la porte et pénétra dans la chambre suivit comme son ombre par Mizka. A leur grand étonnement, personne n’était dans la pièce. Sur le lit, pas de patient(e) ; seuls se trouvaient les électrodes reliées aux appareils mesurant les constantes vitales et les cathéters des poches de perfusion.
Par acquis de conscience, Mizka vérifia la salle de bains sans trop y croire : vide également...

Ils étaient complètement abasourdis : une nouvelle fois, ils avaient échoué. La vengeance de John allait être terrible...

A peu près au même instant, le brancardier sortait tranquillement de l’hôpital. Il poussa le brancard jusqu’à sa décapotable noire, retira le drap laissant ainsi apparaître le corps abîmé mais en vie de Sally, la souleva sans effort apparent et la plaça du mieux qu’il pût sur le siège passager de sa voiture. Il allongea ce siège, attacha Sally puis monta à son tour dans la voiture à la place du conducteur, abandonnant le brancard. Il démarra...
Une fois sorti de l’enceinte de l’hôpital, il brancha son kit mains-libres et composa le seul numéro qu’il connaissait par cœur.

- Allô, Sergueï ?, répondit la voix à l’autre bout du fil.
- Da, c’est moi... Ca y est, j’ai récupéré ta fille, Vladimir. Elle est saine et sauve. Je te la ramène...