The Wrestler de Darren Aronofsky

Par Geouf

Résumé: Superstar du catch dans les années 80, Randy « The Ram » Robinson (Mickey Rourke) n’est plus qu’une étoile déchue. Il vivote dans une caravane, enchainant les petits jobs de manutention, et quelques matches le week-end. Durant l’un de ces matches, Randy est victime d’une crise cardiaque. Suite aux recommandations de son médecin Randy décide donc d’abandonner sa carrière, pour ne pas risquer de mourir sur le ring. Mais lorsque son ami et ancien adversaire « L’Ayatollah » lui propose de s’affronter de nouveau pour le 20e anniversaire de leur dernier match, Randy a bien du mal à ne pas accepter…

 

Darren Aronofsky a su, en à peine trois films, s’imposer comme l’un des plus grands réalisateurs actuels. Grace à une identité visuelle forte et surtout une très importante charge émotionnelle, ses films ne laissent personne indifférent. C’est donc avec grande impatience, surtout après le magnifique The Fountain, que j’attendais sa nouvelle œuvre. Et si The Wrestler n’est pas le chef d’œuvre annoncé un peu partout dans la presse, il faut avouer qu’il s’agit tout de même d’un grand moment de cinéma.

La première chose qui étonne lorsque le film démarre, c’est le style naturaliste de celui-ci. Aronofsky abandonne ici totalement les expérimentations visuelles qui ont fait sa renommée, pour adopter un style plus posé, camera à l’épaule et quasi-documentaire. L’image est délavée et la lumière crue, pour renforcer cette impression de réel. Tout le métrage est filmé à hauteur d’homme, pour renforcer l’empathie envers son antihéros. Mais cela n’empêche pas Aronofsky d’emballer quelques moments de bravoure impressionnants, comme ce douloureux match au cours duquel les adversaires utilisent des agrafeuses, du barbelé, des plaques de verre… Une scène réellement dérangeante, et dont les conséquences ne tarderont pas à se faire sentir.

Au travers de ce film, Aronofsky lève aussi le voile sur certaines pratiques peu connues du public : la drogue, l’automédication, les séquelles physiques de ce sport pas si « chiqué » qu’il en a l’air. La scène de la séance de dédicaces est à cet égard assez éloquente, présentant une bande d’anciennes vedettes du catch toutes salement amochées (jambe artificielle, fauteuil roulant, poche à urine…) par des années de pratique de ce sport dangereux. Mais bien évidemment, le cœur du film reste l’histoire de Randy et sa tentative d’adaptation à une vie normale. Un Randy personnifié par un Mickey Rourke tout simplement parfait, qui n’a pas volé les louanges reçues pour le film. Il incarne avec humilité un homme incapable de s’adapter à une vie terne mais toujours optimiste, un homme loin d’être parfait et qui a fait de très grosses erreurs (notamment avec sa fille) mais qui va tenter de les réparer petit à petit, maladroitement. Le plus étonnant dans le personnage, c’est sa simplicité et sa gentillesse. On le voit souvent signer des autographes, jouer avec les gosses des voisins, conseiller les petits nouveaux qui se lancent dans le job… Une gentillesse pataude qui rend le personnage immédiatement attachant malgré (ou à cause de ?) ses défauts. A ses côtés, les autres acteurs font aussi un excellent boulot, et interprètent des personnages forts et émouvants.

Mais alors pourquoi le film n’est pas le chef d’œuvre annoncé ? Peut-être parce que malgré tous les efforts d’Aronofsky, l’émotion a parfois du mal à poindre. Oui, on se sent pris d’affection pour Randy, mais en meme temps, on a du mal à ne pas lui reprocher certaines erreurs (notamment lorsqu’il oublie de venir voir sa fille). La dernière partie du film a du mal à ne pas tomber dans le misérabilisme (en gros il envoie tout valdinguer pour retourner sur le ring, tous ses efforts n’ont finalement servi à rien), même si les dernières secondes sont magnifiques. Et puis il faut avouer que le film est parfois un peu long et pâtit de son rythme lent.

The Wrestler n’est donc pas le choc tant attendu, mais remplit suffisamment son contrat en faisant découvrir les dessous du catch et surtout en proposant un extraordinaire personnage de looser admirable, impeccablement incarné par un Mickey Rourke au sommet de son art.

Note : 7.5/10

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