CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN: France 2 dérape une nouvelle fois

Publié le 18 janvier 2009 par Sarah Oling

Comment en vouloir à l'opinion publique mondiale de juger Israël à l'aune des tombereaux d'images déversées jour après jour, toutes plus sanglantes et " à charge " les unes que les autres ? Comment ne pas être au mieux sensibilisés, au pire violemment percutés par ces mères palestiniennes tenant dans leurs bras des enfants déchiquetés ? Par l'effrayante disproportion des morts dans chaque camp ? Cette guerre, comme toute autre, est dominée par les images. Les médias font leur travail. Ils informent, avec le respect de la déontologie qui est, doit être, le cœur de notre métier de journalistes...

Lorsqu'un média français, France 2, diffuse de telles images, qui pourrait douter de leur véracité ? Et c'est bien là le piège de la désinformation. Pour la deuxième fois en huit ans, France 2 a été " pris " en plein dérapage. La première fois, c'était en septembre 2000, le 30, précisément, dans ce qui est devenu désormais " l'affaire Al Doura ". Souvenez-vous, ce jour-là, en plein conflit, encore, à Netzarim, Talal Abou Rahmah , caméraman palestinien, tourne pour France 2 les images de ce qui semble être un pur et simple massacre d'un père, Jamal Al Doura et de son enfant. Massacre perpétré sous l'œil des caméras par des soldats de Tsahal, tirant sans discontinuer sur le père et l'enfant. Images montées par Charles Enderlin et diffusées par France 2, confortant en son temps le monde, comme toujours, sur les intentions meurtrières d'Israël envers le peuple palestinien.

Ce n'est qu'après huit ans de procédure qu'enfin, en mai 2008, la Cour d'Appel de Paris " autorise toute personne à dire, écrire, que France2 a diffusé le 30/09/200 un faux reportage(...), une mise en scène(...), une pure fiction (...), une imposture médiatique, une mascarade, qui déshonore la France et sa télévision publique ".

Tous les détails de cette mise en scène médiatique ont été révélés, lors d'une conférence de presse donnée par Philippe Karsenty, responsable de l'agence de notation des médias, Media-Rating 23/12/08 au Centre Begin de Jérusalem, consacrée au rappel des principaux points de l'affaire Al-Doura, et à ses derniers développements. Conférence à l'initiative de l'organisme israélien de relations publiques "Strategic Key Planning", dirigé par Sara Brownstein. L'intégralité de la conférence est consultable sur http://viddler.com/explore/jacquesbloe/viseos/1

Philippe Karsenty qui, au cours d'une interview donnée à Israël Magazine en novembre 2008, répond au journaliste André Darmon " que les images diffusées par France 2, le 30 septembre 2000, étaient le résultat d'une pure et simple mise en scène. C'est-à-dire qu'au moment où le caméraman de France 2 a tourné les images des Al-Dura, ni le père ni l'enfant n'ont été touchés, blessés, ou tués.

Les preuves que nous avons produites à la Cour d'appel ont convaincu nos juges, tout comme elles ont convaincu les personnes de bonne foi, qui se sont penchées sur cette affaire, sans a priori et sans préjugés. Je précise donc : ce jour-là, devant la caméra de France 2, il n'y a pas eu de mort de Mohammed Al-Dura, ni quoi que ce soit qui aurait mal tourné. Tout a bien tourné, et tout a été bien tourné. Je tiens à préciser qu'à la Cour d'appel, nous avons montré les images qui suivaient immédiatement la prétendue fusillade des Al-Dura. Il n'y avait plus personne derrière le baril et il n'y avait aucune tache de sang sur le mur auquel ils étaient adossés.

Le rôle de Talal Abou Rahmah fut essentiel : c'est lui le caméraman et le metteur en scène de cette fiction diffusée par France 2. "

Quid de la carrière de Charles Enderlin depuis cet arrêt de la Cour d'appel de Paris ? Est-ce lui ou son clone que l'on voit commenter des reportages depuis trois semaines ? Quelle crédibilité apporter à un journaliste qui a monté de telles images " bidouillées " ?

France2 a-elle fait son " examen de conscience " depuis ? Il semblerait que non, puisque le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé, mardi 13 janvier, avoir "mis en demeure" France 2 de "respecter ses obligations en matière d'honnêteté de l'information". La chaîne publique est rappelée à l'ordre pour avoir diffusé, le 5 janvier, des images mal sourcées sur l'offensive israélienne à Gaza. Tenant compte' des excuses présentées par France 2 le lendemain, le CSA estime que la chaîne a manqué à ses obligations au regard de la loi et de son cahier des charges, explique la haute autorité audiovisuelle dans un communiqué. En effet, le 5 janvier, le journal télévisé de 13 heures avait diffusé une séquence de douze secondes présentée comme amateur et 'filmée par téléphone' le 1er janvier 2009. Les images montraient des scènes de panique et des cadavres étendus au sol après l'explosion d'un camion dans un camp de réfugiés à Jabalya. Cette explosion était en fait celle, accidentelle, d'un camion chargé de roquettes du Hamas et avait eu lieu en septembre 2005.

Dont acte...Le mal est fait. Les images ont fait leur chemin, trop tard pour les effacer. Mais, pour ne pas être taxée de " journaliste communautariste ", ou simplement sous influence, je tiens à reproduire en conclusion un extrait du point de vue de la sociologue d'origine syrienne, Wafa Sultan, diffusé sur aafaq.org, sous le titre " Gaza ou l'hypocrisie inégalée " :

(...) La guerre contre Gaza est certes une horreur. Mais elle a le mérite de dévoiler une hypocrisie inégalé dans l'histoire récente de l'humanité. Une hypocrisie qui distingue les Frères Musulmans syriens qui annoncent abandonner leurs activités d'opposition, pour resserrer les rangs contre les sionistes. Mais ces Frères musulmans ont-ils le droit d'oublier les crimes du régime commis contre les leurs à Hama, Homs et Alep ? Avant de se réconcilier avec le régime pour lutter contre les sionistes, ces Frères musulmans ont-ils dénoncé les crimes commis par leurs alliés et partenaires (dans la confrérie) en Algérie et en Irak ? Ont-ils dénoncé la mort de centaines de milliers de chiites en Irak sur le pont des oulémas à Bagdad, pulvérisé par l'un des vôtres conformément aux enseignements de votre religion de la paix et de la miséricorde ? Avez-vous une seule fois dénoncé les exactions contre les chrétiens en Irak ? Ou contre les coptes en Egypte ? Votre hypocrisie nous empêche de croire vos sentiments à l'égard des enfants de Gaza, puisque vous êtes responsables du pire.

(...) Essayons d'imaginer ce que le Hamas aurait fait du Fatah, et des autres, s'il possédait la technologie et les armes d'Israël ? Essayons d'imaginer ce que l'Iran aurait fait des sunnites de la région, s'il détenait les armes modernes que possède Israël ? Ce serait sans doute le massacre garanti.

(...). Les exactions dont sont capables les arabes et les musulmans dépassent toute imagination. Un char jordanien avait écrasé un palestinien, puis le conducteur du char est descendu de son blindé et a bourré la bouche de sa victime avec un journal... Un comportement qu'aucun militaire israélien n'a eu à Gaza. Aussi, pendant les massacres de Hama en Syrie, des militants des Frères musulmans trempaient leurs mains dans le sang des victimes pour écrire sur les murs : Allah Akbar, gloire à l'islam. Je n'ai jamais entendu qu'un juif ait écrit avec le sang d'un autre juif des slogans à la gloire du judaïsme. Je le dis avec un pincement au cœur : pour sauver l'humanité du terrorisme, il faut que le monde libre se retire et qu'il laisse les musulmans s'entretuer"

Que chacun se fasse sa propre opinion, en son âme et conscience, mais pas sans discernement, ni vision manichéenne, en s'en tenant aux faits, et seulement aux faits, pour étayer sa réflexion, c'est tout le sens de cet article...