Poster Boy

Publié le 21 janvier 2009 par Didier Vincent
Spending time with Poster Boy.


Le gars découpe et recompose, saucissonne les pubs dans le métro. Visage caché, armé de son cutter, il évide des affiches pour recomposer un détournement d'image ou de texte à un autre endroit. Il se nomme Poster Boy, comme Wonder Boy, et il sévit comme un graffiteur hors la loi pour détourner le métro avec ses affiches désespérément clonées. C'est vrai que c'est déprimant, de station en station, de retrouver les mêmes pubs ; ça en devient saumâtre, souvent. A moins, et c'est l'exception, d'une affiche marrante que de station en station on explore fugacement, et qu'on retrouve avec un plaisir neuf, à la station suivante (quelle déception quand elle n'y est pas ou s'y trouve cachée ou dégradée). Donc, la perversion de ces pubs monotones comme un art, une performance. Le type avance masqué. C'est illégal d'arracher les affiches, comme cela. C'est légal de nous les faire supporter à longueur de temps, par contre. Il découpe, ponctionne, métonymise, scalpélise, opère pour recomposer une œuvre unique. C'est de l'art éphémère qui, hors de son contexte sous terrain, devient incompréhensible. La perversion ne peut s'exporter. C'est vrai que voir des artistes détourneurs du réel exposés dans des musées semble factice et vain. C'est vrai que, par hasard, trouver un de ces détournements humoristiquement poétiques est un de ces petits plaisirs insolites de la vie quotidienne qui met un peu d'originalité dans la banalisé grisâtre. Du rose sur du grisonnant. Il faudrait pouvoir détourner les œuvres d'art dans les musées : découper la Joconde, graffiter la chambre de Van Gogh. Nan, nan, ce que je dis est con. On ne peut détourner sainement que le multiple pour en faire de l'unique. Car ce sans doute ce qui est unique au monde, le « une seule fois », le « ici et maintenant et puis plus jamais », l'art, en somme, qui nous aide à vivre cette multiplicité de jours sans fin.


La vidéo de quelques réalisations de Poster Boy.