Nicolas le jardinier

Publié le 26 janvier 2009 par Chroneric

Connaissez-vous ce conte chinois ou japonais, je ne sais plus, dans lequel un haut dignitaire du pays propose la main de sa fille à celui qui saura enlever toute la crinière d'un cheval ? L'histoire est simple. Donc, un haut dignitaire, peut-être l'empereur, est prêt à marier sa fille au plus valeureux et au plus malin de ses sujets. Il faut pour cela, enlever toute la crinière d'un cheval sans que ce dernier s'en rende compte. Evidemment, les candidats ne manquent pas. Un tel mariage et c'est l'avenir assuré. Chacun leur tour, les prétendants tentent leur chance. Mais à chaque fois, le cheval n'apprécie guère les méthodes d'arrachage employées pour y arriver. Et puis, arrive un jeune homme, bien sous tout rapport. Il s'approche de l'animal et lui parle. Tout en lui parlant, il le caresse doucement et à chaque caresse il enlève un crin. Et ainsi, au bout d'un certain temps, voilà le cheval sans crinière et sans une ruade. L'empereur ne peut que constater la réussite de cet homme modeste et tient sa parole.

Ce conte pour vous illustrer ce qui se passe actuellement en plus haut lieu de notre pays. Nicolas Sarkozy, empereur selon le magazine Le Point, applique cette stratégie depuis qu'il a été élu. Petit à petit, il met en place les pions et sème la désunion parmi les adversaires à sa politique ou à ses ambitions. On se rappelle de la nomination de DSK au FMI, de celle de Eric Besson au gouvernement mais il y en a des nouvelles de temps en temps. Patrick Devedjian nommé ministre de la relance pour l'occuper ailleurs qu'au sein du parti et lui passer l'envie de mener une quelconque campagne. Xavier Bertrand nommé à la tête de l'UMP pour couper l'herbe sous les pieds de Jean-François Copé qui se voyait déjà en haut de l'affiche. La constitution des listes européennes avec Michel Barnier et Rachida Dati, élégamment et gentiment poussée vers la sortie car trop impopulaire dans l'opinion publique.

Françoise Laborde, syndicaliste à France 2, opposée à la suppression de la publicité comme elle l'a elle-même annoncé lors d'une interview dans le Parisien Dimanche, nommée au CSA afin qu'elle ne puisse plus intervenir à cause de ses nouvelles fonctions. Reste Christine Kelly, elle-même syndiquée, qui s'était présentée à la dernière élection prud'homale sous l'étiquette CFTC je crois, nommée aussi au CSA mais je ne vois pas pourquoi : préparait-elle un livre sur une affaire comme elle a l'habitude de le faire ? Etait-elle opposée à un quelconque projet du gouvernement ? L'avenir nous le dira peut-être.

Toujours est-il que notre président est un fin renard qui n'a de leçon à recevoir de personne en matière de cuisine politique, tellement il a eu de mauvaises expériences au cours de son parcours. On attend toujours la nomination de Jack Lang comme ambassadeur à l'ONU. Une a résisté au courroux du chef, c'est Rama Yade. Probablement jugée politiquement incorrecte, poil à gratter de la dynastie sarkozienne, elle avait refusé de se consacrer aux élections de juin prochain. Elle avait bien compris le pourquoi du comment.

Ainsi va la vie politicienne en France, Nicolas cultive les oppositions et les désaccord pour mieux régner. En continuant ainsi, il devrait récolter les fruits de ses efforts dans trois ans. Attention cependant aux caprices du temps lors des Saints de glace : un petit coup de gèle peut contrecarrer les plans.