Klaus plus fort que Martin ?

Publié le 27 janvier 2009 par Zappeuse

Le bug annoncé de l’an 2000 n’avait pas pris la forme d’une apocalypse informatique, mais il y avait quand même eu du mouvement en Europe : deux très grosses tempêtes, nommées Lothar et Martin, s’étaient dépêché de semer un vent de panique entre Noël et la Saint-Sylvestre. Dans le Sud Ouest, nous eûmes donc Martin. Des vents tellement costauds que l’anémomètre de la pointe de Chassiron, sur l’île d’Oléron, avait lâché. Un désastre pour la forêt, les toitures, les bâtiments, les jardins, et les humains aussi : des morts, des blessés.
J’ai encore le souvenir de mon trajet, au lendemain du nouvel an, entre La Rochelle et Bordeaux : il n’y avait plus un seul panneau indicateur debout, on devait slalomer entre d’hétéroclites débris sur l’autoroute (rails de chemin de fer, fauteuils de salon, …), un bateau s’était même retrouvé échoué bien loin dans les terres. Parce-qu’en plus du vent il y a l’eau, et les rivières et estuaires qui s’éclatent d’autant plus que le coefficient de marée est fort. C’est ainsi que la centrale nucléaire du Blayais avait frôlé l’accident grave pour cause d’inondation.
On ne pensait pas qu’un tel événement revienne si vite. Si fort. Plus fort même si j’en crois ce que je lis ici ou là. Ce sont surtout les Landes qui ont dégusté : environ 60% du massif forestier à terre. Que faire de tout ce bois ? Le vendre ? Mais à qui ? La demande s’effondre depuis ces dernières semaines, en liaison avec la baisse de la demande dans le bâtiment (bon nombre de chantiers annoncés ne démarrent pas, crise oblige) et même dans la papeterie : le prix du stère de bois a été divisé par deux. D’où crise majeure pour les sylviculteurs, nombreux dans la région.
Et puis il y a l’eau, qui manque ou qui est en trop. Au choix. Qui manque au robinet là où l’électricité n’est pas encore rétablie : pas moyen de faire fonctionner les pompes pour aller du château d’eau (parfois à sec d’ailleurs) vers les stations de stockage puis dans le réseau. En trop dans les rivières, qui du coup prennent des libertés dans les rues des villes : à La Réole en sud Gironde, mais aussi à Mont-de-Marsan, que la Midouze a transformé en gigantesque piscine. Plus près de l’estuaire, et donc à Bordeaux, la Garonne subit les effets de la marée. Avec des coefficients de 80 à 85, la marée montante risque d’investir les quais pour quelques heures, y laissant au passage tout ce qui flotte actuellement dans le fleuve. Et ce n’est pas joli joli.
Au final, et non seulement parce-que les vents ont soufflé plus fort (rafale de 162 km/h à Bordeaux, contre “seulement” 144 km/h en 1999), la tempête Klaus qui a perturbé le dernier week-end pourrait bien avoir des effets à long terme plus graves que Martin.

Les deux photos qui illustrent cette note ont été prises au Jardin Public de Bordeaux, de l’extérieur puisqu’il reste fermé tant que les travaux de déblaiement ne sont pas achevés.

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