Davos : après la fin du WEF (World Erratic Foutaise)

Publié le 02 février 2009 par Kalvin Whiteoak

Les organisateurs de Davos 2009 avaient imaginé un slogan racoleur pour l’édition de cette année, la première qui tombe au milieu de la crise provoquée en grande partie par les participants eux-mêmes : “Shaping the Post-Crisis World“, redessiner les contours du monde d’après la crise, pour ceux que l’anglais rebuterait.

Le problème de ce slogan est double : d’une part les gentils organisateurs bien rémunérés et arborant des chaussures bien cirées n’ont fait venir à Davos que ceux-là mêmes qui sont les géniteurs de cette crise, et qu’il est difficile sinon impossible de croire lorsqu’il parlent maintenant de solutions, et d’autre part, car le slogan même impliquait que la crise soit plus ou moins finie pour parler de son “après”. Or tel n’est manifestement pas le cas.

Quand Doris est contente et que Hans-Rudolf prétend que l’UBS n’a plus besoin d’aide, c’est qu’il faut se méfier de quelque chose : le pire est manifestement devant nous.

La première est nullissime avec son plan de relance qui ne suffirait pas pour remeubler une crèche inondée, et ses idées stupides qui veulent faire de la Suisse et de sa “banque de délestage” un exemple à suivre … alors que justement il fallait ne pas permettre ce qui s’est passé et donc ne pas avoir besoin de “Bad Bank” et le second prêche le faux pour tenter d’endiguer une colère sourde qui monte contre les rémunérations et autres avantages proprement indécents accordés sur les fonds publics aux banquiers et à leurs employés irresponsables.

Lorsqu’un boulanger ne peut plus payer la totalité des salaires, l’équipe se serre les coudes et la tempête passe, dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas la boulangerie ferme. Mais les employés n’ont guère d’autre choix que celui de la décence et du bien commun : ils ne verront aucune aide venir des contribuables ou du gouvernement.

Le banquier a ceci de particulier que sans son bonus, ses chaussures chères, sa BMW et ses quinze salaires au moins par an, il ne peut pas vivre. C’est psychique. Et presque inclus dans les gènes. Et le banquier déteint forcément sur ses subordonnés, qui ne voient aucune raison d’adopter un autre mode de fonctionnement que celui du chef. Ils sont donc perpétuellement branchés sur le mode “turbo-con-sommateur” de devises et ne s’en rendent même plus compte.

Par ailleurs, la Suisse est actuellement gouvernée à très courte vue uniquement, sans aucun idéal. En fait c’est de la gestion au quotidien des affaires plus ou moins courantes laissée d’ailleurs pour l’essentiel aux mains des hauts fonctionnaires, car visiblement les 7 sages ou du moins trois d’entre eux sont complètement dépassés et ne voient pas passer les pucks dans plusieurs domaines .

Dans ce genre de situations aussi, la décence voudrait qu’on se retire, mais une fois que l’on a accédé au Conseil fédéral, il semble qu’on s’y accroche bêtement comme à une vielle peluche d’enfance, sous prétexte que l’on a une légitimité à gouverner et un devoir à accomplir…

Le cimetière des conseillers fédéraux est lui aussi rempli de personnages qui se croyaient indispensables. A qui et pour quoi aujourd’hui ?

La crise que nous vivons et allons subir a peut-être une chose d’intéressant: elle remet en cause les fondements de la société. Et ces fondements en ont bien besoin.

Mais pour cela, encore faudrait-il que les politiques songent un instant à sortir des sentiers battus et enfin à faire la place suffisante à de nouveaux concepts comme la solidarité et le partage équitable des richesses.

Comme personne ne semble vouloir emprunter le chemin d’un changement profitable à long terme, il va falloir vraisemblablement contraindre les politiques à ce changement.

La seule voie démocratique de ce type qui existe en Suisse est celle de l’initiative populaire. Une (ou des) initiative(s) bien rédigée(s) et complète(s) qui, notamment

  • mettrait la justice sociale au premier plan des droits constitutionnels;
  • exigerait l’équité sinon l’égalité dans la répartition des richesses;
  • exigerait un parlement professionnel et non imbibé de compromissions face aux entreprises et à leurs judicieux cadeaux;
  • exigerait une élection du gouvernement par le peuple et sur la base d’un programme contraignant et d’une répartition équitable régionale et linguistique;
  • exigerait la nationalisation pure et simple de l’UBS actuelle, si elle survit à la collecte de signatures;

Une telle initiative ne rencontrerait pas trop de peine à réunir les signatures nécessaires à fonder une votation populaire.

Il faut qu’on y songe sans délai sinon les puissants feront le gros dos en attendant que ça passe … et en espérant pouvoir reprendre leurs activités d’avant le plus vite possible et surtout sans changement.

N’attendons rien des gouvernants bourgeois actuels, faisons le boulot de base à leur place et changeons en. Ici aussi on peut dire YES WE CAN …


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