Lionel Jospin dénonce une excessive concentration des pouvoirs

Publié le 03 février 2009 par Letombe

Invité de l’émission Dimanche soir (France Inter- I>Télé-Le Monde) pour parler de la crise financière, Lionel Jospin a fait part de ses préoccupations sur l’organisation actuelle des pouvoirs telle que voulue par Nicolas Sarkozy et notamment, “une excessive concentration des pouvoirs et de l’expression publique à l’Elysée”.”On a besoin d’un pouvoir qui respecte les autres pouvoirs et fasse preuve de son efficacité” a ajouté l’ancien Premier ministre socialiste.

Lionel Jospin est un jeune retraité de la politique très en forme et très en verve. Amené à donner son avis sur la crise financière, il a fait part de ses réserves par rapport à l’attitude de l’exécutif. “On a renfloué, il est temps de réguler”. ‘C’est aux Etats nationaux de prendre des mesures pour introduire de la régulation, de la transparence, de la surveillance et du contrôle.” Or, en la matière l’intervention publique française pêche par son absence de contreparties en terme de contrôle des banques. Le problème selon Lionel Jospin n’est pas de nationaliser mais, de prendre des participations dans les banques, seul moyen pour pouvoir leur imposer des directives. L’idée de l’ancien locataire de Matignon est de ramener la bulle financière à un rapport acceptable avec l’économie réelle.

Le professeur Jospin a distingué trois défauts dans le plan de relance du Chef de l’Etat. Tout d’abord d’être sous-dimensionné, loin des 2% du PIB pour être susceptible d’être efficace, d’être mal calé dans le temps et enfin, d’être déséquilibré entre l’offre et la demande. Autant dire que l’alternative socialiste présentée par Martine Aubry trouve plus de grâce à ses yeux : plus important, plus équilibré et inscrit dans une coopération européenne.

Pour l’ancien responsable socialiste, si la France aborde la crise avec deux atouts un système bancaire plus fort car moins lié à son homologue américain et un modèle social français plus protecteur, les cinq dernières années ont été mal utilisées et ont restreint les marges de manoeuvre.

Le passé mais pas seulement. Si l’ancien leader socialiste a reconnu à Nicolas Sarkozy son activisme, c’est pour mieux lui reprocher un décalage entre les discours et les actes. “Le pouvoir ce n’est pas seulement la proclamation, c’est aussi l’action”. Homme politique à stature d’Etat, Lionel Jospin ne souhaite pas un enlisement de la crise sociale et une transformation en crise politique mais, une solution politique. En vieux fauve politique, il n’a pu cependant s’empêcher de porter quelques coups de griffes au Président de la république.

Concernant le limogeage du Préfet de la Manche, l’ancien chef de gouvernement a relevé “l’excessive irritabilité du président” qui pourrait l’amener, s’il réagit de la même manière, “à nous dévaster la préfectorale”. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac de toute évidence ne partage pas le mode de fonctionnement de Nicolas Sarkozy. “Cette façon de diriger me préoccupe”. “Cette façon de capter l’attention, je ne voudrais pas que cela provoque une concentration de mécontentement et de colère sur le Chef de l’Etat lui-même”. “Une pyramide, c’est stable quand c’est sur sa base. Mais, une pyramide qui repose sur sa pointe, c’est-à-dire sur l’Elysée, c’est une situation potentiellement instable”.

LA MOUETTE


Lionel Jospin
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