Soeur Sarah. L'héritière du Caire

Publié le 03 février 2009 par Kak94

Elle n'a pour l'instant pas le statut d'icône qu'a eu celle qu'elle appelle sa " mère ", soeur Emmanuelle. Soeur Sarah est pourtant celle qui lui a succédé à la tête des chiffonniers du Caire qui continuent à chasser la misère des quartiers pauvres de la capitale égyptienne. Hier, soeur Sarah était dans le Finistère. Assise dans la petite salle commune du siège des compagnons d'Emmaüs du Relecq-Kerhuon (29), soeur Sarah raconte l'histoire depuis le début. Son travail quotidien au Caire avec soeur Emmanuelle des années durant, leur vie commune à se battre, leurs réussites, le visage transfiguré de ces quartiers qui mouraient dans la crasse il n'y a pas quarante ans et où fleurissent, aujourd'hui, bâtiments en dur et écoles.Drôle d'endroit pour une telle rencontre. C'est Marie-Thérèse Prigent, membre d'Emmaüs Brest-Morlaix, qui détient la clé. Grâce à une amie, elle a rencontré soeur Sarah il y a quatre ans. Depuis, elle se rend trois à quatre fois par an au Caire pour donner un coup de main. " Comme soeur Emmanuelle, Marie-Thérèse est devenue égyptienne. Elle a le coeur égyptien ", glisse avec malice la religieuse, plissant des yeux d'où s'échappe un regard d'une rare intensité.
" J'en ai pleuré trois jours "
Soeur Sarah n'a pas que le coeur égyptien. Elle se définit en souriant, dans un français impeccable, comme " une descendante des pharaons ", une copte orthodoxe qu'un jour, soeur Emmanuelle est venue chercher en tout oecuménisme. " Je suis entrée dans ce quartier où les cabanes étaient faites de bidons coupés. La puanteur m'a prise à la gorge, les rats grouillaient. À cette époque, quatre enfants sur dix mouraient du tétanos à la naissance parce qu'une sorte de sorcière coupait le cordon ombilical avec un morceau de fer ", se souvient-elle. " J'en ai pleuré trois jours ". Puis elle a rejoint la grande petite femme, il y a un peu plus de trente ans.
38.000 " chiffonniers "
D'un ton toujours doux, la religieuse mesure sans forfanterie le parcours qui sépare son arrivée à ce jour d'automne. Le tétanos ne tue plus " depuis dix-huit ans ", les bidons ont été remplacés par de vrais immeubles et dans le " quartier ", écoles, clinique et maternité ont éclos. Les rats ont quitté le navire à l'exception de quelques spécimens " vraiment très gros " qui patrouillent de temps à autreLes chiffonniers du Caire sont aujourd'hui 38.000 et " 85 % des enfants sont scolarisés ". L'association emploie 1.200 personnes et n'a qu'une aspiration : " Continuer à faire tourner ce qui existe déjà. Environ 6.000 élèves sont sous notre responsabilité ".
Deux dons
La tâche reste gigantesque. D'autant que le coup de main est poliment décliné. À une infirmière qui demandait ce qu'il était possible de faire, soeur Sarah répond que des filles de chiffonniers sont allées à l'université et sont devenues infirmières.Alors pour argumenter, elle se prévaut d'un principe de soeur Emmanuelle " qui aurait dû vivre 300 ans " et qui tenait à se faire entourer par des Égyptiennes dans sa noble mission. " Il manque des vêtements et des chaussures pour enfants " bien sûr et " toujours de l'argent ", dit celle qui a fait voeu de pauvreté.Dans le Finistère, elle aura récolté deux chèques venus de l'école Notre-Dame-de-Lourdes de Santec et des autres chiffonniers d'Emmaüs. Soeur Emmanuelle aurait apprécié.

Dons possibles

Opération Orange, 7, allée des Jonquilles, 69550 Amplepuis.

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