L'inquiétude des "villes-entreprises" russes face à la crise

Publié le 03 février 2009 par Aurialie

Il y a un mois, j'avais évoqué un article du journal Vedomosti relatant un scénario de crise dont le premier acte était le licenciement massif des salariés d'une entreprise qui faisait vivre la ville (en russe "моногород"). Aujourd'hui, SmartMoney (hebdomadaire d'analyse économique de Vedomosti) publie un article sur la situation économique de ces villes-entreprises, qui subissent un chômage de masse avec la crise économique mondiale et des manifestations de personnes inquiètent pour leur avenir.

Sur cette carte, illustrant l'article, nous pouvons notamment voir qu'à Sourgout, la compagnie pétrolifère et gazière Sourgoutneftegaz emploie près d'un tiers des habitants de la ville, ou encore qu'à Norilsk plus d'un quart des habitants travaillent à Norilskii nickel. Mais la situation est encore plus délicate dans les petites villes vivant grâce à une seule entreprise. C'est le cas du village de 5.000 habitants de Moundybach (région de Kemerovo), très dépendant d'Evraz Group, qui a décidé de fermer son usine. Cette holding fait vivre 8 villes russes et une population de 696.000 âmes. Selon l'Institut de politique régionale, en Russie il y a 460 localités qui sont ainsi dépendantes de compagnies, soit 25 millions de personnes. Le "champion" est Rousal avec entre ses mains le destin de 13 villes et 815.000 personnes.

Dmitri Medvedv a déjà demandé à ses représentants plénipotentiaires et aux gouverneurs de préparer un plan en prévision des licenciements massifs. Le pouvoir compte résoudre le problème avec 43,7 milliards de roubles, notamment en mettant en place du travail temporaire ou en déplaçant les personnes sans-emploi dans les lieux où il y a des offres d'emploi. Selon le directeur de l'Institut de politique régionale, Boulat Stoliarov, un programme anti-crise réaliste devrait s'élever à 400 milliards de roubles : 300 milliards en substitution des recettes municipales en baisse et 100 milliards pour le maintien du secteur social.

En attendant la mise en place d'un plan de relance, des manifestations de salariés licenciés inquiets pullulent dans l'ensemble de la Russie. Pour le moment, le Kremlin utilise des méthodes simples pour répondre à leurs inquiétudes : organiser des meetings anti-crise pour leur expliquer les actions du gouvernement, telle la manifestation sur la place du Manège à Moscou ce week-end.

Source : SmartMoney