Le Nicolas Sarkozy Show sur France 2, mon commentaire à chaud

Publié le 05 février 2009 par Objectifliberte

Je viens de regarder la prestation télévisée de Nicolas Sarkozy ce Jeudi soir -- juste raté le début. Quelles que soient les réserves que suscitent sa politique générale, je dois avouer que politiquement parlant, il est remarquable. Péchu, juste ce qu'il faut d'autorité bien sentie, d'auto-critique par moments, toujours rattaché aux problèmes concrets des personnes sans sombrer dans la fausse compassion cul-cul...  Et la façon dont il s'est tiré des questions un peu piégeuses sur les péripéties récentes (limogeage de préfet, nominations à la tête des chaines publiques), a été plutôt bonne. Bref, je l'ai trouvé vraiment bon sur la forme. Si, si...

Quel dommage qu'économiquement, son discours soit toujours aussi contestable, même si ça et là percolent quelques aspects positifs au milieu d'un ensemble toujours aussi brouillon, dépourvu de ligne directrice claire, et où le fonds étatiste reste très prégnant.

Pas le temps de disséquer ses annonces maintenant, mais en bref:

>> Suppression de la taxe professionnelle: fort bien, mais où sont les annonces de réduction de dépenses équivalentes ? Car sans baisse de dépenses au moins équivalente, une baisse d'impôts doit être compensée soit par une hausse d'autres impôts, soit par un déficit plus élevé, synonyme soit d'assèchement de l'épargne susceptible d'être investie vers l'entreprise, soit de risque de défaut de paiement accru de l'état.
>> Baisse de l'impôt sur le revenu des basses tranches : pourquoi pas, toute baisse d'impôts est bonne à prendre. Mais là encore, quid des baisses de dépenses ?
>> Or, du côté des dépenses, j'ai plutôt entendu de nouveaux engagements : confirmation de l'aide aux constructeurs auto, prestations chômage accrues pour les jeunes, etc...
>> Augmentation de la participation des salariés aux bénéfices des entreprises: Pourquoi pas, mais là encore, attention de ne pas encore réduire les incitations à devenir actionnaire, à investir en capital dans les entreprises, car les entreprises ont désespérément besoin de capital en ces temps de crédit rare et cher. Une participation (ou un dividende salarial, quel que soit le nom qu'on lui donne) arbitrairement trop élevée, et donc opérée au détriment des actionnaires, à long terme, se retournera contre les salariés eux mêmes faute d'incitation suffisante à investir dans l'outil de production suffisamment moderne pour leur permettre de voir augmenter leur salaire. La formule "3 tiers" chère au président risque, bien qu'il n'en fasse pas une référence, de rebuter bien des investisseurs.


Et ce ne sont pas ses "démonstrations" plutôt poussives -- sans doute la moins bonne partie de l'émission -- pour nous convaincre que le surcroît de dette créera des actifs de valeur (TGV structurellement déficitaires, canaux inutiles...) qui vont me rassurer, quand bien même il a raison lorsqu'il affirme qu'il est préférable, à tout prendre, de creuser le déficit par des dépenses d'investissement plutôt que par des embauches de fonctionnaires supplémentaires qu'il faudra payer pendant des décennies. Une demi-bêtise vaut toujours mieux qu'un chapelet d'âneries intégrales telle que celles que  voudraient voir commises les socialistes, dont je ne perdrai pas de temps à commenter l'ineptie des propositions alternatives.

Nicolas Sarkozy veut que ces mesures soient décidées par les partenaires sociaux: c'est toujours mieux que si cela est fait par des bureaucrates qui n'ont jamais posé leurs derrières rebondis dans une entreprise. Mais quelle sera la liberté réellement laissée aux partenaires ? Et surtout, lorsqu' on lit des choses comme ceci, ne risque-t-on pas de voir le président prendre plutôt le parti des syndicats pour peser sur les discussions à venir ?

Enfin,  son obsession politicienne de la refondation du capitalisme, les rodomontades de pure forfanterie sur les paradis fiscaux (à quand les chars dans Monaco !!), montrent que la tête de l'exécutif, et sans doute l'ensemble de la classe politique, persiste dans sa tragique erreur de diagnostic sur l'origine de la crise. Elle  ne veut y trouver là qu'une "crise des marchés", et refuse de jeter un regard lucide sur la tragique et immense responsabilité de l'état dans sa cogestion dramatiquement mauvaise du système financier avec des élites devenues plus expertes dans l'art de tirer parti des faiblesses du législateur-régulateur que dans celui d'assurer une croissance saine de leurs entreprises.

Ah, si seulement Sarkozy avait lu les mêmes livres que Mart Laar avant d'arriver au pouvoir...
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