La salle des profs nous emmène dans Les coulisses du ciel.

Publié le 24 janvier 2009 par Journaldepromoscene
"La Salle des Profs ou Les Coulisses du Ciel"
Mouais... drôle de titre.
Quand on me dit profs, je pense: devoirs, mauvaises notes, conseils de classes, punitions, ennuis, engoisses, mal au ventre... bref, ça m'inspire pas grand chose de bon.
C'est quoi le résumer?... tiens?
Bien. Allons voir. On ne sait jamais.
Métro Père Lachaise, 20h24.
Il pleut, il fait froid, la rue du Chemin vert s'ouvre devant moi comme un trou béant.
Pourquoi j'ai dit "oui" pour tenir ce blog! J'aurai mieux fait de me casser une jambe ce jour là!
J'ai envie de rentrer chez moi, manger une bonne soupe et me mettre sous la couette devant une comédie romantique américaine (y'a des jours comme ça, ou on a pas envie de faire d'effort).
Aller, j'ai dit "oui, j'ai dit "oui"!
Je m'engouffre dans la rue du Chemin Vert, cinquième à droite: cité Joly.
Au fond de l'impasse, marqué en lettres lumineuses: Théâtre Le passage vers les étoiles.
Tout un programme...
Un grand hall en marbre avec un joli comptoir derrière lequel se tiens un jeune homme avec un joli sourire.
"Bonsoir Madame?"
"Bonsoir, une place pour La salle des profs ou Les coulisses du ciel s'il vous plait"
"Vous avez moins de 25 ans ou êtes intermittente du spectacle?"
"Intermittente"
"10 euros s'il vous plait"
"Voilà"
"Votre billet, bon spectacle"
"Merci"
J'attends qu'on ouvre la grande porte vitrée devant nous.
"Pour La salle des profs! C'est par là!" cri le type qui a tout l'air d'être le gardien du théâtre. En tout cas, il prend son rôle au sérieux celui-là.
La grande porte vitrée donne sur un non moins grand escalier qui aboutit dans une non moins grande salle dans laquelle sont disposés des chaises en velour vert et bleu.
Le plateau, doté d'une belle ouverture, est surélevé.
Etrange ce plateau d'ailleurs, une première partie à environs trente centimètres de hauteur avec trois marches de chaque côté qui permettent d'accéder au plateau en lui-même.
Juste au bord de la scène, une chaise, derrière cette chaise, un porte manteau et une pancarte sur laquelle est marqué "SALLE DES PROFESSEURS".
Centre scène, un tableau du genre qu'on ne trouve plus que dans les écoles de campagne désafectées. Et, de chaque côté, deux bureaux noirs aux pieds rouges derrière lesquels sont placées deux chaises rouges et dorées.
Fond sonnore: des bruits de récréation.
Ca y est, ce que je redoutais arrive! De vieux souvenirs désagréables remontent à la surface.
Je n'était pas heureuse à l'école, je faisais partie de ces enfants qui ne comprenaient pas pourquoi on les avait mis là.
Soudain, arrivent sur scène alors que les specateurs ne sont pas encore installés, une jeune femme (la prof de lettres) et un jeune homme (le prof de maths).
Tous deux se mettent à installer leurs affaires sur les bureaux. On va avoir droit aux règles, cahiers, stylos, etc...
Non, elle installe une plante, une tasse avec des sachets de thé, un livre, un stylo ennorme et un éléphant.
Lui installe un huit doré au tableau et des balles de jonglage.
Le fond sonnore s'arrête, les deux profs assis à leurs bureaux ne bougent plus du tout, ils ressemblent à des marionnettes.
On entend une annonce portable assez classique puis une sonnerie de début de cours.
J'avoue que je suis de plus en plus intriguée.
Soudain, une voix hurle: "Nul profane n'entre à la salle des profs!"
Apparaît alors un personnage avec tout un tas de sacs, il se dirige vers la chaise en avant scène en même temps que la lumière baisse et n'éclaire plus que la chaise.
Il s'y installe et commence un monologue sur ce qu'il se passe à la salle des profs et ce qu'y font les profs.
Ca me fait penser à un docu animalier.
"Mais c'est très drôle ce truc!" suis-je en train de me dire, je commence alors à me détendre.
La lumière s'allume ensuite sur le prof de maths qui nous raconte la naissance du monde et la découverte de chiffres par l'homme, comme une chose merveilleuse et magique.
Puis on passe à la prof de lettres qui nous raconte la découverte des mots par l'homme.
Soudain, le vieux prof qui était resté sagement sur sa chaise se met à nous parler de la situation géographique de la salle des profs (située dans les étages inférieurs du bâtiment dans 80% des cas).
Les deux jeunes profs reprennent la parole et nous assistons à une sorte de duel entre les chiffres et les lettres.
La lumière passe encore au vieux prof qui nous parle maintenant de la forme de la salle des profs.
Noir.
La lumière se rallume seulement sur le bureau de la prof de lettres, elle entre... nous regarde... et la voilà partie dans un cours sur la narration à partir de l'histoire "paf le chien".
Je suis complètement embarquée dans la poèsie du texte et des personnages.
Je suis comme sur un nuage, une impression délicieuse de manger de la barbe à papa, je savoure, je flote, je suis bien.
Je sourie, je rit parfois mais pas trop fort pour ne pas gâcher la poèsie de cet instant magic.
Une heure plus tard, les lumières se sont rallumées, les gens commencent à mettre leurs manteaux et sortir de la salle.
Moi, je suis assise sur ma chaise en velour bleu (ou vert, je ne sais plus très bien) les yeux grands ouverts, pleine d'images merveilleuses gravées dans la rétine.
Comment ont-ils fait?
Comment à partir d'un sujet si banal que les profs ont-ils pu me donner autant de rêve?
Je ne veux plus partir! Ma décision est prise, je vais rester dormir dans le théâtre et attendre la représentation du lendemain soir!
M.Pluvinage
la Salle des Profs ou Les coulisses du Ciel
Par la compagnie La Marotte
Texte: Christiane Renauld
Mise en scène et adaptation théâtrale: Anne Durand
Avec: Jean-Christophe Béranger, Anne Durand et Aymeric Hammad
Les Jeudis, Vendredis et Samedis à 21h00
Théâtre Le passage vers les étoiles
17 Cité Joly
Métro: Père Lachaise
Reservations: 01 42 50 97 30