Sarkozy "face à la crise" : Le capitalisme et la bourgeoisie soutenus par le "premier flic de France".

Publié le 06 février 2009 par Lalouve

Sarkozy "face à la crise" : Le capitalisme et la bourgeoisie soutenus par le "premier flic de France".

Bien évidemment il fallait être totalement "stone" ou idiot pour avoir écouté Sarkozy hier soir en en "attendant" quelque chose, au sens strict.

Non. La plupart d'entre nous savait qu'il ne fallait RIEN attendre de ce discours savamment mis en scène.

Nb : Je me suis quand même demandé s'ils l'avaient attaché à son siège ou fourni en talonnettes en plomb pour qu'il se tienne aussi tranquille devant les caméras... Merci Saint Lexo' !

Si j'ai regardé hier soir, donc, ce n'est pas les mains tendues et l'œil humide, en espérant qu'il fasse quelque chose pour nous et remplisse nos petites poches, préserve nos emplois, nationalise les banques...après avoir condamné les financiers et dépouillé les actionnaires....

Mais comme j'ai dit, pour voir l'ennemi en face.

A la fois c'était plutôt réjouissant au premier abord, il était très mauvais, disant une chose et son contraire, sans cohérence apparente (et je dis bien apparente), et en même temps assez angoissant, car je doute que nous soyons assez nombreux à être préparés réellement, actuellement, au niveau dela résistance qui s'impose face à lui.

Que doit on penser, constatant non seulement son manque (ou l'apparence de manque?) total de culture économique, juridique... son manque de logique, son manque de synthèse... sur le fond, même d'un point de vue capitaliste (j'ai discuté avec quelques personnes qui, pourtant, salariées ou professions libérales, soutiennent le capitalisme, même elles ont halluciné sur le vide, les inexactitudes, les erreurs qui constellaient ce discours...)?

On retiendra surtout une chose: Sarkozy refuse (ou semble refuser) de prendre en compte les contradictions inhérentes à sa classe et surtout, à ses alliés - la bourgeoisie, oui, ET la petite bourgeoisie.

Cela est un sacré talon d'Achille. Et c'est aussi très signifiant pour la suite.

Qu'il vomisse les salariés, surtout les plus pauvres, les précaires, les exclus, les fonctionnaires, les syndicalistes, on peut dire que, pour un type comme lui, c'est normal.

Qu'attendre d'autre d'un mec qui dit haïr Mai 68, qui défilait dans les années 70 contre la grève? Qui est un pur produit du capitalisme et qui n'existe (politiquement) que pour défendre et servir le grand capital?

Ah bien sûr, il peut nous amuser en promettant aux syndicats de se voir le 18 février et d'entamer un nouveau dialogue.

Il va surtout nous balader, nous imposer un calendrier qui peut nous enfermer vis à vis des éléments les plus réformistes de la coalition intersyndicale (on connaît la chanson « ah mais non, on ne va pas se mobiliser, il ne faut pas le fâcher, négocions, négocions ! »), et c'est donc maintenant que le plus difficile commence pour des organisations comme la CGT et Sud, notamment. Soyons en conscients.

Quand on entendait certains représentants syndicaux hier soir, on sent bien que, dans cette intersyndicale (pour ceux qui auraient des doutes), tout le monde n'est pas sur la même "longueur d'ondes", dans la même perspective ( contrairement à ce que racontent complaisamment les médias bourgeois).

La question se posera donc très rapidement pour certaines orgas de poursuivre les luttes et la mobilisation sans d'autres (notamment sans la CFDT, dont on sait bien que le 3 février ,elle a déjà tout fait pour freiner des 4 fers le mouvement, alors que, dans la discussion, il semblerait que la CGT a clairement posé le principe de la continuation et de l'amplification).

On sait très bien que le "risque" est que certain-e-s cèdent au soi disant "besoin d'unité" intersyndicale, pour ne pas paraître diviseurs, etc...voire, s'en saisissent pour continuer dans plus de réformisme.

A nous de nous battre très fort (encore plus fort) en interne et dès la base ( ce que l'organisation et la composition "de base" de la CGT, par exemple, permettent encore) pour imposer la lutte et les conditions de lutte que nous voulons pouvoir développer et devenir le "fer de lance" du mouvement. Cette bataille est possible, et gagnable, il me semble, si on y met les moyens tout de suite, mais bien sûr, je peux me tromper...

Sachant que, paradoxalement, nous avons dans cette perspective un allié (dont nous devons aussi "vérifier" le poids et la solidité, et vice versa), c'est la mobilisation "spontanée" de toute une partie de la population non syndiquée qui constituait un gros bataillon des manifestants le 29 janvier dernier. Et il y a aussi une mobilisation étudiante qui monte et qu'il faut rejoindre (et non "récupérer").

Alors continuons ; notamment, à syndiquer, et à faire apparaître les contradictions dans nos boîtes, à les faire exploser, à prendre les patrons et leurs serfs au jeu de la "négociation", à monter les luttes, poussons nos pions, que les salariés, tous les salariés, sentent partout comme ils se font ENFLER.

Ce point fait, que Sarkozy prenne aussi ouvertement la décision de laisser crever les PME, et notamment les TPE, l'artisanat, les commerçants...cela, c'était surprenant.

Et bien oui.

-> Qu' a-t-il proposé d'immédiat, de mesures urgentes, pour ces catégories de la "petite bourgeoisie"?

Rien! Absolument rien.

Même l'exonération de la taxe professionnelle, prévue pour 2010, qui pénalise évidemment le budget public, les collectivités locales, ne peut pas satisfaire les besoins urgents des "petits patrons" qui ont besoin de solutions MAINTENANT !

Quant au discours sur le 2ème tiers (?), la tranche (inférieure supérieur médiane? on en sait pas...), des "classes moyennes" (mais qui est pour lui cette Arlésienne?), il est suffisamment vague pour devoir être précisé, et là encore ce ne sont pas des mesures immédiates ni suffisantes. D'autant qu'une bonne partie des contribuables est mensualisée.

Le discours emberlificoté sur la TVA (et son exemple en chocolat qui a tant fait sourire la blonde de TF1), on ne peut pas dire qu'il soit encourageant.

J'ajouterai que les commerçants sont peut être de droite, mais ils ne sont pas "cons". Ils savent bien que sans augmentation immédiate du pouvoir d'achat de la majorité de leurs clients, salariés, c'est aussi dans leur caisse qu'on tape...

Son annonce sur le prochain « détricotage » des collectivités locales risque aussi de contrarier fortement de nombreux petits barons de l'UMP, des « notables de province » comme on dit,qui ne lui étaient pas forcément hostiles jusque là…

Que va-t-il leur proposer en remplacement ? Mystère…

Évidemment, son attaque à peine voilée contre les TPE et PME, c'est assez logique compte tenu de la période que nous vivons (les gros doivent grossir et les petits doivent disparaître), et c'est dans la droite ligne de la guerre qu'il a livrée aà un des représentants politiques direct de cette catégorie, le PS. Politiquement, Sarkozy ne veut pas prendre le risque de "fricoter" avec cette classe, qui est à cheval sur la bourgeoisie et le prolétariat. Il ne veut pas s'en "embarrasser"...Ce n'est pas dans son tempérament. Sa stratégie ne lui permet pas la finasserie, la demi-mesure, le compromis.

Beaucoup de "petits patrons" en France ne veulent pas comprendre qu'ils ont tort de se laisser manipuler par la grande bourgeoisie du CAC 40, on les a pourtant assez prévenus; ils vont le payer cher.

C'est là qu'on peut dire : Sarkozy a un talon d'Achillle.

Son omnipotence lui monte peut être à la tête, et son caractère lui interdit de revoir, le cas échéant, la stratégie qu'il compte développer. C'est un "jusqu'au-boutiste", cela, nous l'avons constaté à nos dépens et il l'a répété ; il faut dire qu'il n'est pas aidé par la Parisot, qui semble être exactement sur la même position idéologique que la sienne (pour cause, étant en difficulté au sein de son organisation à cause de l'affaire de l'UIMM notamment, elle est contrainte à la surenchère... on pourrait dire qu'elle fait du "droitisme", comme on dit que certains font du "gauchisme").

Une fois ce constat fait : Sarkozy n'a rien proposé de positif pour les salariés, les exclus, et les exploités, il n'a eu aucun discours cohérent en direction de ce qu'il a appelé "la classe moyenne", justement, il a dit tout et son contraire sur de nombreux sujets, il veut manifestement enfumer les syndicats, il a fait l'impasse sur les attaques personnelles dont il a été l'objet direct le 29 janvier dernier...

En d'autres termes, on peut penser qu'il fait presque ouvertement le choix de poursuivre le combat dans ce moment paroxystique de la lutte des classes que nous allons connaître, en tant que représentant d'une classe puissante et actuellement dominante, certes, mais très minoritaire dans la population, avec ses seules forces, en se coupant de plus en plus d'alliés potentiels, et en brûlant –déjà- des bases arrières (ce qui ne peut être qu'"au pire", qu'une solution extrême), et c'est là que ça ne va pas...

Mais qu'en tirer?

Sarkozy est il un imbécile? Non, pas au sens strict.

Sarkozy est-il mal conseillé? Sans doute mais pas seulement.

Sarkozy est-il fou? Franchement, je ne pense pas (il a une pathologie oui mais ce n'est pas de la folie), et je ne suis pas sûre que ce soit une question pertinente - il est là, il faut faire avec pour pouvoir faire sans.

Sarkozy peut il marcher sur l'eau et multiplier les pains? Non, pas à ma connaissance.

Mais alors, que peut , que va faire Sarkozy, surtout dans la perspective qu'il a tracée hier?

C'est là, peut être, qu'on doit se souvenir que la majorité des électeurs ont élu un « flic ». Le « premier flic de France ».

On en revient donc à la case départ.

Lorsque, avant même sa désignation officielle à la candidature, nous disions que le premier devoir des organisations de gauche dans la "bataille présidentielle" était de ne pas laisser le "premier flic de France" se présenter impunément à la Présidence de la République, de ne pas le laisser tranquillement en poste jusqu'à l'élection.... Hélas, on nous traita (une fois n'est pas coutume) de "gauchistes", de Cassandre, on nous renvoya d'un geste de la main "pfff... vraiment n'importe quoi....Psychologie de comptoir" (comme si nous en avions fait une question de "psychologie"!!)

C'est là que nous reviennent le "nettoyage au Karcher" "La racaille". Le "casse toi pauv' con". La CB de Cécilia, le 4 février 2008....et j'en passe.

Sarkozy a une haine viscérale pour le respect des procédures, les mouvements sociaux, les mouvements populaires,et il hait les communistes, les socialistes, les libertaires, cela, par contre, on ne le prend peut être pas assez en compte dans la résistance que nous essayons d'organiser.

C'est pour cela nous sommes un certain nombre à avoir toujours été opposés à ce qu'on le ridiculise, le minimise, qu'on le traite en bouffon, bref, qu'on croie à son masque.

Oui, il nous hait. Il nous hait comme seuls les fachos peuvent nous haïr, nous "les rouges".

Il ne le cache pas. C'est à la fois idéologique et sentimental chez lui. Mettons nous cela dans le crâne une bonne fois pour toutes.

Cet homme là est l'instrument d'un système. Un système qui s'appelle capitalisme.

Pour sauver les intérêts de la classe qui a contribué à le mettre là où il est, je veux dire, la bourgeoisie, la vraie, il est prêt, et cela il ne l'a pas caché hier soir , à user de la force la plus brutale, de la répression "préventive" la plus féroce. Son discours sur Saint Lô était édifiant.

Il a dit, et il faut le croire, sa marge de manœuvre est ridicule, pour des raisons qu'il ne maîtrise pas, dit-il, pour des raisons idéologiques évidentes, bien sûr,et aussi pour des raisons qui tiennent à son caractère et à sa stratégie.

Donc, la traduction globale de son discours : "salariés, étudiants, chercheurs, la crise c'est pas de ma faute, c'est les américains... mais vous allez en chier. Ce que je veux, moi Sarko, c'est aider le capitalisme, le vrai, le sérieux, à s'en sortir et à reprendre la main".

Aussi, camarades, amis, n'ayons aucun doute, plus nous allons nous opposer , plus nous boufferons de la matraque, du gaz, de la criminalisation, voire de la "zonzon" et tout ce qui "va bien" avec.

Parce que compte tenu de l'analyse qu'il nous a montrée en creux hier, il est probable qu'il ne va pas avoir d'autres choix que de finir de nous faire entrer dans le fascisme. En tout cas, je n'en vois pas d'autres, mais je peux me tromper, (et dans ce cas, je ne demande pas mieux que d'être convaincue du contraire).

Avec tout ce que cela implique.

Il n'aura pas le choix. Sinon, il sautera, lui.

Oui, la différence entre la France et les autres pays européens ( à part la Russie) c'est que c'est le premier flic de France qui a été élu Président et que ce premier flic a largement réorganisé, graissé, modelé, chouchouté la "police" à sa main à lui.

On ne répètera jamais assez quelle part énorme de responsabilité porte une bonne partie de "la gauche" dans cette affaire, par sa légèreté, ses renoncements, ses compromissions idéologiques. Avant même les élections de mai 2007, bien avant...


Mais bon... Voilà c'est fait.

S'agit maintenant de pas se louper dans la résistance. Sa dimension. Son positionnement idéologique. Son organisation....


Car quand on l'entend dire hier soir :

"Je les entends tous, tout le monde veut être Président mais le Président c'est moi",

on comprend bien qu'il n'a aucune envie de lâcher sa place...

Voilà ce que je retiens de son discours.

A ce jour, nous ne sommes pas encore assez nombreuxface à la puissante milice qu'il a installée sur le territoire depuis des années, à laquelle il a patiemment, avec ses amis Perben, Dati et cie, octroyé une quasi impunité et toujours plus de pouvoirs dans la poursuite (jusqu'à décimer les juges d'instruction, trop encombrants), pour prendre des risques absurdes, incalculés.

J'ai espoir cependant qu'avec notre travail quotidien et patient, cette proportion de résistants engagés peut changer.

En attendant, si nous sommes déjà une « avant-garde » résolue et déterminée, et bien, cela ne suffira pas – soyons aussi prudents, soyons organisés, soyons efficaces, frappons où ça fait mal. Ensemble.

Et essayons de ne pas nous faire "prendre" , car tout élément de nos rangs qui tombera servira d'épouvantail pour effrayer les volontaires.

Sachant que la lutte contre Sarkozy, qui est le seul objectif de certains, ne pourra se faire sans une lutte acharnée contre le capitalisme et pour le socialisme, le vrai. C'est l'autre condition "sine qua non" de notre victoire. Et nous devons nous mettre en train de faire la démonstration de cette nécessité à ceux qui doivent nous rallier et de convaincre les alliés potentiels que notre démarche est la seule issue.