Poezibao a reçu, n° 67 (dimanche 8 février 2009)

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs. Certains points de vue ou remarques sont toutefois le fait de la rédaction et sont alors précédés de la mention ndlr.

Parmi les livres récemment reçus par Poezibao :
Jean Daive, Une Femme de quelques vies, Flammarion
Maria Gabriela Llansol, Le jeu de la liberté de l'âme, Pagine d'Arte
Jack Hirschman, Je suis né assassin, Le Temps des cerises
Jean-René Lassalle, Triling, Cynthia 3000
Marie-Hélène Popelard, La Peinture de Josef Sima, le Bois d'Orion
Karel Logist, Tout emporter, Le Castor Astral
Jacques Josse, La Mort de Gregory Corso, Editions La Digitale
Pedro Serrano, Tourbe, Le Cormier
Denise Maumus-Destin, Dimanches, Editions Potentille
Yves Humann, Une Musique de langue de terre, Editions Potentille
Mathias Vincenot, La Discordance des temps, Le Temps des cerises
Revue Dissonances, n° 15
Jean Le Boël, Le Paysage immobile, Écrits du Nord, éditions Henry
Jean-François Sené, Tombeau des belles disparues, Éclats d'Encre

Poezibao a décidé de soutenir l'initiative de Place des Libraires et donne donc aussi souvent que possible, pour chaque livre, un lien vers le site de ce réseau de libraires indépendants qui tentent d'exister en face des géants de la distribution de livres en ligne.

Jean Daive
Une Femme de quelques vies
poésie
Flammarion, 2009
18 € - sur le site Place des Libraires

Suite de scènes relatant les moments ordinaires, la vie tour à tour quotidienne et fantomatique, d'une ″héroïne″ qui ne sera jamais nommée, Une femme de quelques vies renoue avec le grand espace narratif de la poésie de Jean Daive. Construit comme un récit éclaté dont l'intrigue resterait cachée, l'ouvrage accumule les données ″objectives″ : les gestes, les outils, les décors dans lesquels l'héroïne paraît prise, comme une eau limpide et gelée. [...] Après la réédition en 2007 du Jeu des séries scéniques et de 1,2, de la série non aperçue, originellement parus en 1976, ce livre marque l'arrivée de Jean Daive dans la collection Poésie / Flammarion.

Maria Gabriela Llansol
Le Jeu de la liberté de l'âme et L'Espace édénique
Traduction Cristina Isabel de Melo
Pagina d'Arte, 2009, collection " ciel vague "
16 €

" Maria Gabriela Llansol inaugure aux Editions Pagine d'Arte la collection " Ciel vague ", créée comme un espace d'accueil de voix critiques et poétiques. Encore peu connue des lecteurs de langue française (mais présente dans Poezibao), MG Llansol est l'auteur d'une écriture faite d'évènements scénico-sonores, fulgurants et mystérieux. " (Prière d'insérer).

Jacques Hirschman
Je suis né assassiné
poèmes
Traduit de l'américain par Gilles B. Vachon, édition bilingue
Le Temps des Cerises/Maison de la Poésie Rhône Alpes, 2008
12 €

" Ce recueil a paru en 2004 à San Francisco, sous le titre I was born murdered. Il précédait de plus de 2 ans l'attribution du titre de Poet Laureate à Jack Hirschman, depuis 40 ans figure de proue de la poésie contestataire américaine issue de Californie.
Sous sa forme ramassée, une telle suite (19 poèmes instantanés, dont 18 rapides, draguant profond), révèle mieux qu'un gros volume les obsessions essentielles de l'auteur. Fondatrices, provocantes, inadmissibles pour l'échiquier politique actuel (où les champions d'échecs sont rares), gratte monde intransigeantes.
...Que faire de sa vie ? Comment exister malgré la mort ? Malgré le drame de la drogue ? Comment ressusciter après les tragiques boucheries du siècle ? Après l'épreuve rejetée du " socialisme existant " ? Que conserver du communisme décapité ? Que valent les révolutions ? Où trouver les ressources d'espoir nécessaires ? (Réponse possible : luttes sociales, mues par la compassion, l'amour des plus pauvres, des parias, des orties de ce monde, des plus menacés, dans l'humanité présente et à venir. A sauver.)
Et pour cela en particulier, amour des mots, des formes, de la musique, de la poésie, de la créativité. De la liberté. A sauver, avec l'humanité. Et amour du présent. "(dos du livre)

" Triling est une série de poèmes en trois langues qui se décalent.Chaque poème " trilingue " existe ici sous une forme à trois facettes (français, anglais, allemand), reliées entre elles par des processus d'autotraduction qui recherchent la métamorphose poétique. Entraînant vers la création la métaphore de Walter Benjamin sur " la tâche du traducteur " : " faire mûrir le germe du pur langage au sein de la traduction ".
Un modèle du poème Triling pourrait être un hologramme mouvant en trois dimensions dont la forme évolue dans le temps ou selon qu'on le regarde d'une facette à l'autre. " (Postface de J.-R. Lassalle) Lire l'intégralité de cette très intéressante postface ici

Marie-Hélène Popelard
La Peinture de Josef Sima ou le sang des astres
préface de Bernard Noël
Le Bois d'Orion, 2008
29 €

" L'extériorité qui sous le nom de Sima, exigea de Marie-Hélène Popelard ce long travail s'est ainsi intériorisée au point de déclencher une expérience fondamentale dont ce livre est le trajet. La présence du Grand Jeu dans l'arrière-pays de ce parcours a sans doute fait jouer sa ″métaphysique expérimentale″ mais qu'importe l'information quand le lecteur est enfin libéré par elle et rendu absolument libre d'aller vers la seule intime réalité "(extrait de la préface de Bernard Noël).
Marie Hélène Popelard consacre une ample méditation à celui qui voulait développer une pensée analogique, exploratrice de l'autre versant de l'être, née dans le décor ancien des maisons basses des alchimistes de Prague et qui portera pour toujours en elle la nostalgie de l'unité ".
On peut rappeler que le peintre tchèque Josef Sima (1891-1971) fut l'ami de René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte, que les réunions du Grand Jeu se tinrent chez lui, cours de Rohan, à Paris et qu'il travailla aussi avec Pierre Jean Jouve et René Char.
PS : la couverture du livre (image agrandissable par simple clic) est la reproduction du portrait de Roger Gilbert-Lecomte de 1929 (cette toile se trouve au Musée des Beaux Arts de Reims).

Karel Logist
tout emporter
Poèmes 1988-2008
le Castor Astral, 2008
14 € - sur le site Place des Libraires

" Karel Logist voit loin, Karel Logist voit tout de travers. C'est qu'il voit le monde de là où il se trouve : de l'autre côté du fleuve. Selon les heures du jour, selon les saisons de l'année, le regard doit traverser tantôt la brume qui traîne autour de l'eau, tantôt les pluies de novembre, ou alors les mirages de l'été. Ainsi il arrive que le malheur, à cette distance, vous ait des airs de complicité, pour un rien il vous tendrait la main. Et il n'est pas rare que le bonheur, avec son vieux manteau et ses pas de danse maladroits, vous lance une grimace en guise de salut. Géographe de la dérision, Karel Logist ne se moque de rien ; mais il sait qu'il faut cligner de l'oeil pour y voir clair. Après, il reste des poèmes, pour dire que rien ne dure - sauf le coeur. "
Francis Dannemark
Tout emporter rassemble les poèmes les plus significatifs de Karel Logist, qui s'est imposé en une dizaine de livres, comme l'un des poètes marquants de sa génération. C'est " Miles Davis, mais au petit matin, sur les bords de la Meuse, à la hauteur de l'île Monsin... ", comme l'écrivait Jacques De Decker dans Le Soir.

Ndlr : une courte méditation sur la mort du poète Gregory Nunzio Corso (1930-2001), ami de Kerouac, Ginsberg et Burroughs " enterré sous les pins parasols et les grands cyprès du cimetière des non-catholiques de Rome où reposent également Shelley, Keats et Antonio Gramsci "

Fait de pierre
et de falaises émergentes,
fait de quatre chiffres discutables,
fait de lumière aussi,
fait pour de vrai,
fait de mensonges et d'ignominies,
fait des quarante et des quatre cents.

Je me sens comme un chien
assis sur la banquette arrière d'un véhicule
un jour de pluie
qui derrière la vitre regarde l'inconnu

Ce que le poème tente de dire
l'arbre l'est
avec indifférence

le chant est ennui d'enfance

Matthias Vincenot
La Discordance des temps
Poèmes
Le Temps des cerises, 2009
10 €

Né en 1981, Matthias Vincenot a publié plusieurs recueils depuis 1998. Il est programmateur de soirées de poésie et de chansons, notamment à la Sorbonne. Il est également créateur et directeur artistique du Festival Déc ouvrir de Concèze en Corrèze. Membre du comité du PEN club français et sociétaire de l'Académie Charles Cros, il est professeur aux Cours de Civilisations française de la Sorbonne.

Revue Dissonances, n° 15
L'autre
Hiver 2008, 2 €

Cette revue " pluridisciplinaire à but non objectif " affiche vouloir " du pluriel, des visions différentes, des frictions d'opinion, des rencontres osées ". Au sommaire de ce numéro, notamment Christophe Esnault, Sébastien Ayreault, Phil Rahmy, Antoine Boute.
Site de la revue

Jean Le Boël
Le Paysage immobile
Les Ecrits du Nord, Editions Henry, 2009
10 € - sur le site Place des Libraires

" Le paysage immobile évoque ″ce fil si fragile que tranche Atropos″ et qui est à l'image de nos vies d'hommes mêlés, présents au monde et à leurs frères, traversés par les paroles et les traversant " (dos du livre)

" Julia, Esther, Milena, Anna, Mariam, qui n'auront pas eu le temps de vieillir, c'est le poète qui leur prête vie. [...] Toutes ces stèles sans nom, ces visages sans bouche, tous ces morts sans deuil ni larmes, qui les honorera, sinon lui ? " (extrait de la postface de François Azouvi).