Michel Maffesoli, "Apocalypse"

Publié le 08 février 2009 par Jcgrellety


" L’@mateur d’idées – Votre nouveau livre s’intitule Apocalypse [1]. Est-ce à dire que nous approchons de la fin ?

Michel Maffesoli – Pas du tout ! J’utilise le mot « apocalypse » dans son sens étymologique premier, qui est d’ailleurs le sens qu’on lui donne en théologie. Apocalypse signifie « couvrir, envelopper, cacher » puis « découvrir, dévoiler ». Il faut donc le comprendre comme ce qui révèle le caché, ce qui rend apparent le secret. Or je pense que notre époque connaît une transition importante. C’est la fin de quelque chose et le début d’une autre. L’époque attend sa propre apocalypse, c’est-à-dire d’être révélée à elle-même, de pouvoir mettre à jour ce qu’elle cachait. L’apocalypse contemporaine nous permet de découvrir ce qu’a d’autosuffisant ce monde-ci. Désormais, nous pouvons accepter un monde qui n’est pas le ciel sur la terre, qui n’est pas non plus l’enfer sur terre, mais seulement la terre sur la terre.

L’@mi - Vous ne croyez pas à la crise ?

M. F. - La crise est un mot lassant. C’est un terme passe-partout. S’il y a une crise aujourd’hui, elle n’est surtout pas économique ! On prend un fait pour une cause. La crise, elle est d’abord dans les têtes avant d’être à la Bourse. En fait, comme Jean Baudrillard disait de la Guerre du Golfe en 1991 qu’elle n’avait pas eu lieu, j’oserais dire que la crise n’existe pas. Ou alors par crise, il faut entendre crise sociétale, crise morale, crise des valeurs. Notre société a évacué l’Homo Ludens, l’homme qui joue, et il est revenu sous la forme de Kerviel, de Madoff ou des bricoleurs de subprimes. Si par crise, on entend le jugement, alors là oui, il y a crise dans le sens où nous posons un jugement sur les trois siècle qui viennent de s’écouler. Et ce jugement est à charge et il porte essentiellement sur les valeurs."

La suite de l'entretien est à lire ici.


L'interview de Michel Maffesoli par le CICNS
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