Suppression de la taxe professionnelle sans contre-partie

Publié le 09 février 2009 par Alafon

Une annonce à 28 milliards d'euros pathogène pour l'investissement local

Le jeudi 5 février 2009, Nicolas Sarkozy a annoncé sa décision de supprimer en 2010 la taxe professionnelle pour faciliter le maintien des entreprises industrielles en France, sans pour autant indiquer aux collectivités locales les nouvelles ressources sur lesquelles elles pourront compter.

Les collectivités locales sont en première ligne dans l'investissement, c'est un fait qui est rappelé dans le plan de relance gouvernemental pour faire face à la crise économique qui nous frappe. Leurs ressources proviennent en grande partie par des impôts, qu'ils soient perçus directement au niveau local ou reversés par l'état. La taxe professionnelle constitue l'une des deux ressources essentielles qu'elles perçoivent directement. Leur demander d'investir massivement,ce qui suppose d'avoir une vision claire de l'avenir, et leur annoncer sans concertation la suppression de l'une de leurs ressources importantes relève du double langage.

En terme psychanalytique on parle de "double contrainte" ou "d'injonction paradoxale" pour désigner le  "double bind" décrit par Gregory Bateson, l'un des pères de l'école de Palo Alto. il s'agit d'une communication pathogène, souvent observée dans la relation entre un enfant schizophrène et sa mère. C'est la version savante  de l'expression "je t'aime moi non plus" popularisée par la chanson de Serge Gainsbourg.

Investir implique pour les décideurs d'avoir confiance dans l'avenir et un minimum de visibilité sur l'environnement. L'annonce sans préavis d'un bouleversement du paysage n'augure de rien de bon en la matière. Pour faire face au manque de visibilité, les décideurs vont probablement geler les investissements qui pourraient s'avérer risqués.

Effet paradoxal d'une annonce que l'on pourrait qualifier de "populiste" et de "simpliste", les industriels dont les investissements sont arbitrés au  niveau mondial seront peut-être les premiers à les geler en attendant d'avoir visibilité et engagements sur la fiscalité locale à laquelle ils seront soumis.

Les élus locaux, dont les investissement ne sont pas délocalisables, attendront pour leur part d'avoir visibilité et engagements sur les ressources auxquelles ils peuvent compter. Leur couper brutalement une ressource "stable" (de l'ordre de 28 milliards d'euros) au moment même où la crise du système bancaire et les difficultés créées par le recours à des produits toxiques obère leur possibilités d'emprunts relève d'une stratégie de "pompier pyromane".

Réveillez-vous messieurs les élus de la majorité, la France mérite peut-être mieux !