2009 - Antony And The Johnsons - The Crying Light - Reviews - Chronique d'un nouveau chef d'oeuvre annoncé

Publié le 30 janvier 2009 par Saab190780


J'aurai tant voulu vous parler des deux premier albums de ce groupe : Antony and The Johnsons (2000) et I Am A Bird Now (2005) mais le temps m'a rattrapé alors autant vous conter mes impressions à propos de son troisième opus The Crying Light qui constitue la première grosse sortie estampillée 2009. Rares sont les artistes à être capables de me faire pleurer : Jeff Buckley, Terry Callier, Paula Frazer, Rufus Wainwright, Minnie Riperton, Sade, Nick Drake, Maxwell, PJ Harvey, Lisa Gerrard, Mary J Blige, Cat Power, My Brightest Diamond et Antony and The Johnsons. Faisant partie de ce cercle très restreint, il n'est pas trop étonnant d'affirmer qu'il fait partie de mes artistes chouchous, de ceux que je chéris au plus profond de mon coeur.
La musique de ce personnage insolite qui joue avec les références me transporte, me fait décoller de terre le temps d'un album pour des contrées mélancoliques. La voix d'Antony est l'une des plus extraordinaire que la scène musicale a vu apparaître : une voix de ténor (c'est lui qui l'affirme) mais qui me fait songer à celle d'un castrat. Elle est dotée d'un vibrato à donner la chair de poule et possède cette capacité à transmettre les émotions les plus intimes. Elle est d'une grâce et d'une subtilité incommensurables. Vous l'avez sans doute compris, je suis victime depuis quelques années du charme puissant de cette voix si caractéristique. Ce qui fait également l'identité musicale de cet artiste et de son groupe c'est leur orientation musicale : pop de chambre poétique, grandiloquente, baroque ou intimiste, on se sent pousser des ailes à sa découverte tant le ton est aussi original que décalé.
Comment faire une suite à deux chef d'oeuvre consécutifs ? En en refaisant un, pardi ! Pourtant, rien n'était gagné : outre la gageure de récidiver une nouvel exploit s'ajoutait l'impatience de ses fans : après un EP Antoher World sorti l'an passé beaucoup trop court pour se faire une idée de la nouvelles orientation musicale d'Antony, beaucoup sont restés sur leur faim. Maintenant que l'album est sorti, nous pouvons affirmer qu'il ne constitue pas réellement un changement extraordinaire : la musique est encore plus intimiste malgré la vingtaine de musiciens ajoutés pour la circonstance : souvent on ressent cette impression qu'Antony chante uniquement accompagné d'un piano comme pour étreindre au plus près possible l'émotion suscitées par ces douces mélopées intemporelles enrobées de cette voix sublime. Plus apaisé, nuancé, intimistes que les deux autres albums, The Crying Light ose la lumière de celle qui se dégage d'une douce matinée d'hiver féerique.
Dès le premier morceau, je me suis prise au jeu : Her Eyes Are Underneath The Ground : comment ne pas succomber devant tant de grâce et de talent ? Cette ballade piano-voix rehaussée par de subtils arrangements de cordes est étourdissante. Le faussement lumineux Epilepsy Is Dancing possède une petite touche folklorique somptueuse. Serait-il possible que mélancolique One Dove soit mon morceau favori de l'album ? En tous les cas, quand je l'écoute mon coeur fond comme neige au soleil, je ne peux déjà plus m'en passer. Sa finesse et son infinie tristesse et tendresse sont déjà inoubliables à mes yeux. Un petit chef d'oeuvre, le mot est jeté !Kiss My Name est le premier morceau que l'on peut qualifié de positif ou de radieux. Une odeur de printemps se dégage de ce superbe morceau entraînant.
L'éthéré et troublant The Crying Light est tout simplement féerique tandis qu'Another World distille toujours autant de beauté depuis sa parution sur l'EP de l'an passé. Deux merveilles. Daylight And The Sun se montre plus impétueux et envoûtant, on se prend au jeu du crescendo de ce morceau théatral. Magique. Que dire sur la présende d'une guitare électrique sur le boulversant Aeon ? Culotté et cela marche, Antony s'affranchit de ses propres codes pour prendre une liberté qui a un goût délicieux. Plus dépouillé, presque aérien, Dust And Water met en évidence le doux rouccoulement d'Antony parti dans son propre monde. Everglade clôture sur une touche poétique, émouvante mi-claire obscure. A couper le souffle, à l'image de l'album
100/100 : et tellement plus encore, j'avais tellement peur d'aborder cette nouvelle année musicale car tant de belles découvertes avaient jalonné 2008. Pourtant ce groupe vient de sortir une opus qui m'a déjà profondément marquée. Pour moi ? Un chef d'oeuvre, il n'y a pas d'autres mots. Que l'on aime ou non, il est impossible de nier le génie créatif de cet homme. Un album qui se ressent davantage qu'il ne s'explique. Déjà un must de 2009. Déjà prêt à figurer sur les listes de fi d'année !
Another World :

Epilepsy Is Dancing :