Blâmes

Publié le 10 février 2009 par Malesherbes

Lundi 9 octobre, une dernière minute du site du Nouvel Obs nous annonçait que Valérie Pécresse " après avoir annoncé sur France-Info qu'elle repoussait l'entrée en vigueur du décret sur le statut des enseignants-chercheurs à "la rentrée 2010" [...] ". Peu de temps après, elle rectifiait auprès de l'Agence France-Presse, précisant que la réforme serait bien appliquée à la rentrée 2009. Avec le mauvais esprit qui me caractérise, j'avais alors pensé qu'il ne s'agissait pas d'une erreur mais qu'elle avait été sommée par notre souverain de rester ferme sur le calendrier des réformes.
En fait, je pense que c'est plutôt un manque de rigueur de nos médias qui m'avait inspiré ce soupçon. J'ai retrouvé sur le site de France-Info l'enregistrement de l'entretien que Valérie Pécresse, notre ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, candidate à la tête de liste UMP pour les élections européennes, avait eu avec Bernard Thomasson. J'ai ainsi pu constater qu'elle avait simplement déclaré que le décret serait appliqué à la rentrée 2010. Si elle avait prononcé le verbe repousser, il lui eut été difficile de plaider pour un lapsus. Mais, comme ce n'est pas le cas, le doute reste possible. Et ceci d'autant plus que l'année universitaire étant à cheval sur deux années calendaires, nous aurons cet automne la rentrée de l'année 2009-2010. Il est donc aisé de mêler un peu les dates. Ceci dit, dans une équipe censée être jugée sur ses résultats, il n'en guère admissible qu'une ministre soit si peu maîtresse de sa langue qu'elle fourche sur un point aussi cardinal.
Nos gouvernants auraient-ils oublié que, si le monde du travail a pris le relais, c'est un mouvement étudiant qui est à l'origine de la crise de mai 68 ? Les rapprochements sont toujours imprudents mais le mécontentement actuel des travailleurs et des étudiants n'est assurément pas inférieur à ce qu'il était en 1968. Toutes ces Excellences cherchent-elles à déclencher une explosion pour pouvoir imposer une dictature franche et non plus feutrée ?
Quant à notre secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, il s'était installé en Guadeloupe pour y rester jusqu'à ce que la crise soit résolue. Il a ensuite piteusement battu en retraite, retournant discrètement à Paris pour consultation. Sait-il qu'en ces temps de disette et de limitation des émissions de CO2, des systèmes de vidéoconférence permettent d'avoir des échanges sans s'imposer des déplacements longs et coûteux ? Dans les entreprises, dont le monde sert de modèle à notre réformateur de Président, on pratique ainsi depuis plusieurs années.
Nos ministres sont là, comme leur nom l'indique, pour nous servir, et pas pour dépenser inconsidérément l'argent de l'Etat, donc le nôtre, et surtout pour faire preuve d'une compétence au niveau de leur rémunération.