Coyote en vadrouille accompagnée

Publié le 11 février 2009 par Nobletc
Rendons nous, le temps d'une séance, en Amérique Latine pour une de ces productions sur la mondialisation présentées à la Berlinale (lire le post sur la "programmation morose"). Un thème qui nous concerne tous: le voyage des migrants, des sans-papiers... Dans l'air du temps!
Françoise, notre invitée blogueuse:
„Coyote“, le documentaire hispano-guatémaltèque du réalisateur espagnol Chema Rodriguez raconte l'histoire de trois migrants d'Amérique centrale qui, du Guatemala décident de rejoindre les Etats-Unis via le Mexique. Coyote, qui se prend pour un artiste, est en réalité un passeur sympathique, même s'il réclame beaucoup d'argent. Il donne aux trois migrants - une jeune cuisinière, une mère de deux enfants et un jeune musicien - une nouvelle identité et en fait de „vrais“ Mexicains: un musicien, un soi-disant professeur et une vendeuse de produits cosmétiques. Le voyage est tout sauf agréable. Un seul atteindra son but.
Le film est poignant, plein d'humour et traduit le respect du réalisateur devant le courage des migrants. Plus de 500 000 chaque année tentent illégalement de passer la frontière mexicaine. Combien réussissent, surtout que les autorités mexicaines et les agents fédéraux des Etat-Unis collaborent pour les empêcher d'arriver jusqu'à la frontière.
Un clin d'œil du metteur en scène à la fin du film: „Au départ, je voulais écrire un livre. Mais comme plus personne ne lit, nous avons fait ce film“
Charlotte:
Un clin d'œil qui fait somme toute réfléchir: le public est-il tellement blasé de toutes ces histoires de migrants malheureux, de ces reportages à la pelle sur les crèves-la-faim de la mondialisation qu'il en devient plus judicieux de présenter cette réalité sous forme de divertissement ? Ces Ces films aux accents de documentaires, est-ce la nouvelle recette pour sensibiliser des spectateurs au regard endurci?
Car aux combines du dit Coyote, même s'il est touchant, on a quand même du mal à y croire. Une minute peut-être, on espèrera que la débrouille des latinos bluffera les gardes-frontières. Pas plus. Car quelque part, si on s'amuse des courbettes du passeur, on sait très bien où ce périple mènera les trois migrants embarqués dans l'aventure : à la case départ et sans toucher un péso! Seul le plus jeune de l'équipe, mineur, pourra rester aux States. Bref, statu quo ou presque. Dans l'ordre des choses.
A noter toufefois: l'accompagnement musical, remarquable, qui insiste sur la dramatique du scénario. Le rideau se ferme, la séance est finie. Tous feront la sourde oreille?

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