L’hôpital de Tamanrasset

Publié le 12 février 2009 par A360

 

Je suis allé à l’hôpital de Tamanrasset pour y voir des amis de la ville qui étaient malades et voici l’histoire que j’ai connu un jour
Deux hommes, gravement malades, occupaient la même chambre
Il y avait un vieux touareg de Tazrouq petit village du Hoggar et un commerçant qui venait de Ghardaia à 1600 kilomètres au nord de Tamanrasset
Le Touareg, devait s’asseoir tous les jours dans son lit pendant une heure afin d’évacuer les secrétions de ses poumons.Son lit était à côté de la seule fenêtre de la chambre, et elle n’était pas bien grande.Le commerçant de Ghardaia devait passer toutes ses journées, couché sur le dos.

Les deux hommes se parlaient pendant des heures, car ils n’avaient pas beaucoup de visites.Ils parlaient de leurs femmes et de leurs familles, décrivaient leur maison, leur travail et les endroits où ils avaient voyagé et celui de Tazrouk avait fait de très longs voyages avec les caravanes puisqu’il était allé au Niger et au Mali.Et chaque après-midi, quand le touareg dans le lit près de la fenêtre pouvait s’asseoir, il passait le temps à décrire à son compagnon de chambre tout ce qu’il voyait dehors.L’homme dans l’autre lit commença à vivre pour ces moments d’une heure où son monde était élargi et égayé par toutes les activités et les couleurs du monde extérieur que son ami lui décrivait.

De la chambre de l’hôpital, la vue donnait sur le désert, la montagne Adriane et l’oued Tamanrasset. On pouvait voir les camions qui arrivaient du Niger chargés par des tonnes de marchandises, les chameaux qui arrivaient du Hoggar, et les enfants qui jouaient au ballon au milieu de l’oued .
Pendant que le touareg près de la fenêtre décrivait tous ces détails, l’homme de l’autre côté de la chambre fermait les yeux et imaginait ces scènes pittoresques.

Les jours et les semaines passèrent et le touareg continuait à décrire ce qu’il voyait de la fenêtre de la chambre de l’hôpital
Un matin, l’infirmier trouva le corps sans vie du touareg près de la fenêtre, mort paisiblement dans son sommeil.
Attristé, il appela les aides soignants pour qu’ils viennent prendre le corps.
Dès qu’il sentit que le temps était venu, après le départ de son ami, l’autre homme, , demanda s’il pouvait être déplacé à coté de la fenêtre.
L’infirmier, heureux de lui accorder cette faveur, s’assura de son confort, puis le laissa seul.
Lentement le malade se souleva un peu, en s’appuyant sur un coude pour jeter son premier regard dehors.
Enfin, il aurait la joie de voir par lui-même ce que son ami, lui avait décrit. Il s’étira pour se tourner lentement vers la fenêtre près du lit.

Or, tout ce qu’il vit, fut un mur !

L’homme demanda alors à l’infirmier pourquoi son ami décédé lui avait décrit une toute autre réalité.
L’infirmier répondit que l’homme était aveugle et ne pouvait même pas voir le mur.

Peut-être a-t-il seulement voulu vous encourager à vivre, lui dit il.