Cavemen - le pilote

Publié le 23 août 2007 par Heather

Il me reste encore quelques pilotes en réserve pour agrémenter la fin du mois d'août. N'allez pas croire que j'ai forcément gardé le pire pour la fin -même si je reconnais que la motivation au visionnage a une incidence sur les délais-, mais voici donc, à la demande expresse de Maxx (^_^), une nouvelle sitcom de ABC : Cavemen.

Diffusée sur : ABC
A partir du : 2 octobre 2007 (PreAir)

Avec qui ?
Bill English, Nick Kroll, Sam Huntington, Kaitlin Doubleday, Stéphanie Lemelin, John Heard (Le Client).

Ca parle de quoi ?
Joel, son frère Jamie et leur ami Nick sont trois hommes préhistoriques qui vivent dans le monde moderne, plus précisément dans une banlieue d'Atlanta. Bien sûr, leur intégration n'est pas facile, notamment du fait de leur physique pour le moins différent. Nick est le plus pessimiste, persuadé qu'ils n'arriveront jamais à s'intégrer à cette société si opposée à la leur. Les deux frères ne sont pas de cet avis, notamment Joel qui s'est déjà trouvé une fiancée et plusieurs amis. (source : www.serieslive.com)

Et alors ?

Réussir à la télévision peut vous ouvrir le chemin de la publicité, ici, nous avons droit au chemin inverse. Le concept de cette sitcom s'inspire en effet d'une campagne de publicité au slogan évocateur "So easy a caveman can do it" de la compagnie d'assurance Geico. Ce qui a d'ailleurs posé déjà quelques problèmes à la série qui peinait à trouver des annonceurs publicitaires qui voyaient d'un mauvais oeil le fait de se retrouver coincés au milieu d'une demi-heure... d'une émission qui serait une publicité sans en dire le nom.

Passés ces détails de conception, il se révèle malheureusement très difficile d'écrire un article sur le fond de la sitcom sans tomber dans une répétition sans fin de qualificatifs allant de "désespérément plat" à "fondamentalement nul". Mettre en scène des hommes des cavernes hirsutes, à l'apparence différente de la majorité des gens qui les entourent, ne pouvait que conduire à une histoire sur l'intolérance. C'est le thème du racisme sous-jacent qui est exposé au cours de ce pilote. Traiter des discriminations dans une sitcom, pourquoi pas. Le rire peut être le moyen efficace de combattre les préjugés. Évidemment, encore faut-il réussir à faire rire. Le problème de ce pilote confronté à son 'ambition' initial est double. D'une part, il aborde le thème de la différence, de l'exclusion, avec un tel manque flagrant de subtilité ou de la moindre légèreté, rivalisant d'inventivité pour ne pas manquer une occasion de se réfugier dans tous les clichés possibles et imaginables, que le téléspectateur frôle rapidement l'indigestion alors que les premières dix minutes s'achèvent à peine. D'autre part, le traitement de ces situations stéréotypées à l'extrême se révèle d'une lourdeur très pesante. Les dialogues sonnent creux, ne parvenant pas à instituer la moindre dynamique. On a droit à une succession de pseudo-sketchs ayant peut-être eu à la base un fond humoristique, mais l'ayant perdu le temps d'arriver à l'écran. En fait, on se heurte ici au plus gros écueil de ce pilote, à la fois cause et conséquence des défauts exposés précédemment : on est devant une sitcom, mais on ne rit pas, on ne sourit même pas... Finalement, on reste un peu interloqué, hésitant entre deux attitudes : soit éteindre immédiatement la télé, soit, emporté dans un élan de curiosité morbide ou malsain, rester devant son écran, curieux d'observer jusqu'où ce pilote peut sombrer.

Parce qu'en effet, ce pilote sombre de toute part dans une médiocrité ambiante étouffante. Les traits de personnalité des différents personnages apparaissent tellement forcés dans les stéréotypes, qu'ils finissent par n'évoquer plus que des caricatures de caricatures. Parmi les cavemen, il y a celui qui souhaite s'intégrer plus que tout, "renier" tout ce qui fait de lui un "caveman" pour être assimilé par le reste du monde. Pour cela, il a même une fiancée, blonde et jolie. Puis, il y a le cynique pessimiste qui nous gratifie de quelques réflexions pseudo-philosophico-pragmatiques sur le monde et leur avenir. Enfin, l'insouciant un peu simplet permet de compléter notre trio de cavemen. Aucun n'éveille le moindre intérêt pour le téléspectateur qui assiste passif au déroulement de l'épisode, en surveillant d'un oeil les minutes qui défilent. La galerie des autres personnages secondaires vient confirmer cette impression de vide. Sinon, il serait injuste sans doute de critiquer le jeu des acteurs, car il faut bien avouer que sous cette couche de maquillage, il ne doit pas y avoir pas grand chose à faire.

Cette sitcom n'avait pas pour ambition de traiter du racisme, mais de l'intégration et de l'acclimatation de certains individus auquel tout le monde serait sensé s'identifier. Vu le gouffre entre les idées officielles des concepteurs et les thèmes majeurs qui ressortent de cet épisode, je crois qu'il faut vraiment s'interroger. Parce que tout dans ce pilote ramène au thème de la discrimination, des préjugés et du racisme. Et à moins de revoir complètement leur copie, les scénaristes seraient plus inspirés de tâcher de faire avec. C'est à se demander s'ils avaient finalement compris les tenants et aboutissants du concept avant de se lancer. Quand des créateurs appréhendent aussi mal les fondements de leur série, il y a de quoi s'inquiéter.

Bilan : Sans aucun relief, ni dynamisme, ce pilote indigeste tombe dans tous les travers auxquels pouvait conduire son concept de départ. Comment ABC a-t-elle pu commander cette sitcom ? Je suggère d'enquêter sur d'éventuels liens financiers pouvant unir d'une façon ou d'une autre ABC et Geico, car je ne vois pas d'autre explication rationnelle.

Vous êtes des téléspectateurs curieux et téméraires ? Voici le trailer de la série :