Le séminaire caméra café

Par Rob Gordon

Espace détente, premier film adapté du supra-attachant format court Caméra café, avait déçu. Trop de personnages à traiter en une heure et demie, au détriment du rythme et de l'élan comique. Quelques années après les adieux de la série (dont la petite soeur, La boîte du dessus, arrive très bientôt sur M6), pour le baroud d'honneur de leurs deux anti-héros, Bolloc'h et Solo semblaient avoir retenu la leçon, laissant à d'autres le soin d'écrire et réaliser ce Séminaire ne conservant que six (allez, sept) des personnages initiaux.
Ce dégraissage d'effectif est malheureusement la seule bonne idée d'une comédie proprement affligeante, qui ne renoue avec la bonhommie de Caméra café qu'à de très rares instants. Bien que donnant à voir plus d'une méthode farfelue (mais véridique, assurent les auteurs), les scènes de séminaire n'ont aucune force satirique, massacrées par un montage calamiteux. Si bien que tout finit toujours de la même façon : par une crise d'hystérie collective, qui n'a visiblement pas le même impact humoristique qu'en plan fixe et en format court. Même chose pour les séquences Paris by night, cruellement dépourvues d'inspiration.
Tout ici sent le produit bâclé et l'exploitation bassement mercantile, ce qui semble un rien surprenant de la part de types aussi sympathiques que les interprètes des cultissimes Dumont et Convenant. Zéro rythme, très peu de gags, et sans doute la réalisation la plus craspec de l'année, par un Charles Nemes qui n'a jamais été un foudre de guerre mais qui se surpasse ici. Tout juste peut-on se consoler avec quelques répliques convenantesques en diable (mais déjà entendues dans la série pour la plupart) ou avec l'enthousiasme corporate du toujours excellent Scali Delpeyrat. Le potentiel des autres est réduit à peau de chagrin, un sentiment qui étreindra les fans d'une série dont chaque épisode était à lui seul bien plus drôle que ce bien médiocre Séminaire.

2/10
(également publié sur Écran Large)