Apollo 11 : Lune, mensonges et cinéma

Publié le 17 février 2009 par Galaxiedesparadoxes@orange.fr

Il y a toujours un défi à contredire un auteur qu’on admire. Exemple avec cette thèse développée par Didier Nordon dans son Bloc-Notes de Pour la Science (Janvier 2009), « Quand le rêve ne fait plus rêver », où il dit notamment que le fait de nous être rendus sur la Lune détourne notre attention de l’astre des nuits. Vrai… mais faux ! Car la Lune exerce toujours, indirectement, une fascination. Au point que certains nient encore la réalité du programme Apollo (« théorie du complot ») et sont donc à l’abri de ce désabusement dénoncé par Didier Nordon. Dans ce contexte, évoquons ce scoop détonant du documentaire de William Karel, « Opération Lune » (2002). Il y est montré, témoignages édifiants de personnalités à l’appui (Buzz Aldrin, Alexander Haig, Jan Harlan, Henry Kissinger, Christiane Kubrick, Donald Rumsfeld, Vernon A Walters…) que les États-Unis ont certes débarqué sur la Lune lors de la mission pionnière Apollo 11 (juillet 1969), mais que les images vues alors (par plus de 2 milliards de téléspectateurs) étaient en fait « bidon ». Explication : si la technologie astronautique était déjà au point, il n’en allait pas de même pour les retransmissions télévisées. Or les autorités américaines entendaient renforcer leur prestige (terni par les prouesses spatiales soviétiques, Spoutnik 1 et Youri Gagarine) grâce à une diffusion inédite d’images historiques : un débarquement lunaire ! Une mission sans image en direct aurait largement amputé la portée de l’événement… Pour contrer cette grave difficulté, le Président Richard Nixon décide de recourir aux services du cinéaste Stanley Kubrick, récemment auréolé du succès de son film 2001, Odyssée de l’espace. Apollo 11 atteint réellement la Lune, le son est bien celui des astronautes, mais les images diffusées alors ne sont pas, comme on le croit, ce premier reportage télévisé, retransmis prétendument en direct depuis la Lune ! Mais constituent en réalité, comme on dit désormais, une « fiction documentaire » (docu-fiction) : une reconstitution fidèle, en studio, d’un événement réel. Comme dans un film historique, avec cette différence essentielle que la dimension du scénario est ici occultée, puisqu’on cherche délibérément à présenter ces images de fiction comme un document authentique ! Il y a déjà une grave supercherie, une manipulation d’état, dans un pays se voulant pourtant grand donneur de leçons en matière de transparence démocratique, mais les choses n’en restent pas là !… La première partie de ce documentaire détaille soigneusement cette manipulation et nous convainc de la fausseté des images d’Apollo 11, en présentant les témoignages éloquents des anciens collaborateurs de Richard Nixon (Henry Kissinger, Donald Rumsfeld, Vernon A Walters…) et de la veuve du réalisateur concerné par cette supercherie magistrale, Christiane Kubrick. Mais la seconde partie du document anéantit nos dernières illusions sur le respect des droits de l’homme par une grande puissance, confrontée aux nécessités de la raison d’état ! En effet, non contents d’avoir convoqué la fine fleur d’Hollywood pour tricher avec la réalité en fabriquant de fausses images pour compenser l’absence de télévision en direct, Richard Nixon et la CIA vont verrouiller cette falsification de l’Histoire. En éliminant un à un tous les acteurs de cette effarante machination médiatique, ces meurtres semblant la seule garantie pour éviter un scandale planétaire, préjudiciable pour la réputation des États-Unis ! En comparaison de cet acharnement criminel à réviser l’Histoire de la première mission lunaire, le scandale du Watergate semble une broutille futile… Pour couronner le tout, l’un des derniers témoins de cette sordide intrigue, le général Vernon Walters, a la fâcheuse idée de mourir juste après son interview par l’équipe du documentaire !
On en est là de nos réflexions désabusées sur la duplicité des grandes puissances quand survient le générique de fin du documentaire… Désormais, on ne pourra plus revoir ces images (truquées) d’Apollo 11 comme avant… Et surtout, on se promet de ne plus jamais se laisser abuser aussi grossièrement, à l’avenir : c’est promis, on se montrera toujours aussi vigilant que cet expert russe détaillant les preuves techniques de la mystification, sur les photos d’Apollo ! Juré, on ne sera plus aussi crédule, prompt à prendre ainsi les vessies (d’Hollywood) pour des lanternes censées nous éclairer sur le réel !…
Mais voici qu’un boomerang nous frappe de plein fouet, dans ce générique de fin pour le moins inattendu : « avec, dans leur propre rôle, Henry Kissinger, Donald Rumsfeld, etc. » Ainsi, tout ça n’était donc qu’une mascarade ! Du cinéma ! Un scénario prodigieux simulant un autre scénario : la dénonciation d’une prétendue supercherie médiatique orchestrée et cadenassée par Nixon et la CIA, au mépris de toute considération éthique ! Dénonçant un authentique reportage (la retransmission d’images en direct par la mission Apollo 11), ce soi-disant documentaire était en réalité lui-même une fiction ! Tournée avec maestria pour montrer à quel point les images peuvent mentir et nous abuser ! Le meilleur : en croyant trouver une confirmation à la nécessité d’une vigilance accrue à l’égard des images, nous tombons précisément dans l’ornière même que nous dénonçons ! Dans ce pseudo-documentaire, la (vraie) fiction consiste à réprouver une (fausse) fiction, les images d’Apollo 11 : plus on nous met en garde contre le crédit à accorder naïvement aux images « mensongères » de la NASA, plus notre sens critique s’émousse, et moins nous sommes enclins à contester le prestige (supposé) de notre source et la pertinence effective de ces « révélations » présumées ! Notre crédulité réelle consiste dans la présomption d’avoir été crédules… quand nous ne l’étions pas (lors des retransmissions d’Apollo 11) et à ne pas nous montrer incrédules quand il faudrait l’être, au contraire : à ce moment précis, en regardant ce film ! Comme dit Épiménide (Palme d’Or au Festival du Film Galactique de Cannes) : « Les images mentent toujours, même en affirmant qu’elles mentent ! » En référence à François Truffaut, William Karel a qualifié son film de « documenteur », réalisé dans l’intention de prouver combien il est aisé de faire dire aux images ce que l’on veut !