Nicolas Sarkozy aime le sur mesure et n’hésite pas à modifier textes et usages quand ils ne lui conviennent pas. En abandonnant le poste de secrétaire d’Etat aux affaires européennespour la présidence de l’AMF, le transfuge socialiste Jean-Pierre Jouyet n’a pas perdu au change. Sur demandede l’Elysée, Eric Wœrth, par un décret daté du 19 janvier augmente le bonus annuel de la présidence de l’AMF de 47%. Une simple prime qui passe ainsi de 149 000€à 220 000€ brut. Soit 71000€ de plus par an avec, cerise sur le gâteau un effet rétroactif. Pas négligeable pour l’intéressé qui est en poste depuis le 15 décembre. Un peu choquant toutefois en période de crise quand au même moment on clame vouloir moraliser les salaires des patrons des entreprises privées. Exemplarité et Etat, ça fait bien deux.
Pour Xavier Bertrand surnommé le chouchou du président, c’est la Constitution qu’on n’a pas hésité à modifier. Depuis ce lundi, l’ancien ministre du Travail et actuel secrétaire général de l’UMP est le premier ex-membre du gouvernement à bénéficier de la loi votée en décembre dite “paquet électoral” dont une dispositionpermet aux ministres de retrouver automatiquement leur siège au Sénat, à l’Assemblée ou au Parlement européen sans avoir à passer par une élection partielle. Une simple loi certes mais qui ne fait que mettre en application les nouvelles dispositions de la réforme institutionnelle du 23 juillet 2008. “Cette disposition est destinée à mieux servir le ‘bon vouloir’ présidentiel et à préparer au mieux, et au plus vite, les prochains remaniements ministériels”, avait dénoncé le 20 novembre 2008 à l’Assemblée le socialiste Bruno Le Roux. “Ce sera fatalement ressenti par l’opinion publique comme la mise en place par notre Assemblée d’un ‘parachute politique doré’”, avait complété le Villepiniste Jean-Pierre Grand.
Beaucoup plus discrètement, Alain Bauer, ex Grand Maître du Grand Orient, conseiller en sécurité publique apprécié de l’Elysée s’est vu attribuer une chaire créée sur mesure au Conservatoire des Arts et métiers. Sur proposition du ministère de l’Enseignement supérieur, le Conseil de perfectionnement du Cnam a approuvé d’extrême justesse la création d’une chaire de criminologie sous sa responsabilité. Un poste à vie qui permet pour moins d’une centaine d’heures par an de percevoir un salaire de professeur d’université. Le dernier à avoir bénéficié au sein du Cnam de cette voie de recrutement très politique était un certain Bernard Kouchner. La nomination a suscité une vague d’indignation dans la maison. Outre des interrogations sur l’entrée de la criminologie au Cnam et les qualités universitaires d’Alain Bauer, la prise du décret de nomination avant même son examen par les deux instances du Conservatoire, contre tous usages, a choqué.