La mort par euthanasie

Publié le 13 février 2009 par Lafaucheuse

Euthanasie, un dיbat complexe

S'il est un sujet complexe et יpineux א aborder, c'est nul doute celui de l'euthanasie. Comment se forger une opinion sur cette pratique? Faut-il se placer du cפtי mיdical, du patient, de la famille? Quelles sont les limites dont on doit tenir compte avant de passer א l'acte? 

L'euthanasie, par le fait de dיcider si une personne et/ou son entourage, a le droit de mourir, soulטve une multitude de questions; malheureusement, les rיponses divergent selon trop de paramטtres, comme les valeurs, la religion, les tabous, le vיcu... La lיgislation elle-mךme diffטre selon les pays.


Cet article n'a en aucune finalitי de rallier les lecteurs א une quelconque opinion, mais juste d'exposer ce qu'est l'euthanasie, les conflits qu'elle engendre, et tenter de comprendre pourquoi autant de divisions autour d'elle.


Comment rיagir א ce dilemne: a-t-on le droit d'aider quelqu'un א mourir?

  • Dיfinition de l'euthanasie:

 

Au sens strict, l'euthanasie est l'acte qui abrטge la vie d'une personne dans le but d'יviter l'agonie. A l'heure actuelle, sa dיfinition dans le dictionnaire est: "Une pratique visant א provoquer la mort d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et/ou physiques intolיrables, particuliטrement par un mיdecin et sous son contrפle".

  • Typologies multiples:


Toutefois, bien que cette dיfinition semble claire, la pratique de l'euthanasie est plus nuancיe.Ainsi, du point de vue de celui qui la pratique, trois types existent:

-L'euthanasie active: elle rיsulte d'un acte dיlibיrי afin de soulager un patient.


-L'euthanasie passive: elle s'applique א un patient que l'on garde en vie via divers instruments et/ou substances, et dont on stoppe ce traitement. Contrairement א l'euthanasie active, la mort n'est donnיe que par l'arrךt d'un traitement curatif, et
non par un agissement quelconque sur le patient.


-L'aide au suicide: elle dיcoule d'une demande formulיe par le patient dיsirant une assistance pour l'aider א mourir. Les moyens lui sont fournis pour respecter sa requךte. Si le patient ne manifeste pas sa demande, on se trouve alors face א une incitation au suicide.

Voici א prיsent trois autres types d'euthanasie, non plus du point de vue du praticien, mais de celui du patient:

-L'euthanasie volontaire: le patient exprime librement sa demande d'aide afin de mettre fin א ses jours; ses capacitיs physiques et mentales sont intactes, ainsi que son jugement.


-L'euthanasie non volontaire 1: le patient a, au prיalable manifestי sa demande d'assistance, mais ne possטde plus, א posteriori, les capacitיs physiques et mentales nיcessaires pour la reitיrer.


-L'euthanasie non volontaire 2: le patient n'a plus aucune aptitude physique ou mentale,n'a jamais exprimי sa volontי d'ךtre accompagnי ou pas vers la mort, on ne connaמt donc pas la direction et l'attitude א adopter.

A priori, l'euthanasie, tenant compte de tous ces aspects, n'est donc plus un simple "acte abrיgeant la vie d'une personne", mais un ensemble de circonstances dans lesquelles se trouve le patient, tout comme le praticien. Il apparaמt donc que les cas impliquant l'euthanasie ne peuvent ךtre englobיs dans une mךme typologie, mais doivent ךtre envisagיs sous plusieurs angles, voire au cas par cas, d'oש la complexitי de prendre des dיcisions.

A cela s'ajoutent les croyances de chacun, ce qui nous amטne א prendre en compte la position des religions face א l'euthanasie.

  • Euthanasie et religions:

 

-Point de vue catholique: l'יglise a clairement dיfinit sa position quant א l'euthanasie, en condamnant sa pratique. Elle encourage certes l'application de soins palliatifs א la douleur, mais cette douleur ne doit en aucun cas servir de limite א juger de la valeur d'une vie. Le pape Jean-Paul II renvoie א ce sujet au cinquiטme commandement: "Tu ne tueras point".

Partant du principe que l'Homme vient de la main de Dieu, nul individu ne peut s'octroyer le droit d'aider son prochain א mettre un terme א son existence.

Pour rיfיrence, un extrait de l'Evangelium Vitae:

"73. L'avortement et l'euthanasie sont donc des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prיtendre lיgitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne crיent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraמnent une obligation grave et prיcise de s'y opposer par l'objection de conscience. Dטs les origines de l'Eglise, la prיdication apostolique a enseignי aux chrיtiens le devoir d'obיir aux pouvoirs publics lיgitimement constituיs (cf. Rm 13, 1-7; 1 P 2, 13-14), mais elle a donnי en mךme temps le ferme avertissement qu'« il faut obיir א Dieu plutפt qu'aux hommes » (Ac 5, 29). Dans l'Ancien Testament dיjא, prיcisיment au sujet des menaces contre la vie, nous trouvons un exemple significatif de rיsistance א un ordre injuste de l'autoritי. Les sages-femmes des Hיbreux s'opposטrent au pharaon, qui avait ordonnי de faire mourir tout nouveau-nי de sexe masculin: « Elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d'Egypte et laissטrent vivre les garחons » (Ex 1, 17). Mais il faut bien voir le motif profond de leur comportement: « Les sages-femmes craignirent Dieu » (ibid.). Il n'y a que l'obיissance א Dieu — auquel seul est due la crainte qui constitue la reconnaissance de son absolue souverainetי — pour faire naמtre la force et le courage de rיsister aux lois injustes des hommes. Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prךts mךme א aller en prison ou א ךtre tuיs par l'יpיe, dans la certitude que cela « fonde l'endurance et la confiance des saints » (Ap 13, 10).

Dans le cas d'une loi intrinsטquement injuste, comme celle qui admet l'avortement ou l'euthanasie, il n'est donc jamais licite de s'y conformer, « ni ... participer א une campagne d'opinion en faveur d'une telle loi, ni ... donner א celle-ci son suffrage ».98"

 (SourceVatican : "lien" )

-Point de vue islamique: il rejoint sur sa nיgation de l'euthanaise la religion catholique. Dieu ayant crיי l'Homme, celui-ci est lui-mךme empreint de divinitי. De ce fait, notre caractטre divin interdit א tout ךtre la pratique de l'euthanasie sur un autre. L'acte d'un mיdecin euthanasiant activement un patient יquivaudrait א commettre un meurtre.

Seul Dieu possטde le droit de vie et de mort sur un individu. Pour l'euthanasie passive, la religion islamique apporte un bיmol: elle tolטre que le patient ait le droit de s'יteindre naturellement. En effet, une distinction est faite entre "obligation" et "permission", les soins entrant dans cette seconde catיgorie.

Extrait du code Islamique de dיontologie mיdicale:

"Le Code Islamique de dיontologie mיdicale , approuvי par la Premiטre Confיrence Internationale de Mיdecine Islamique (Organisation Islamique des Sciences Mיdicales, Koweןt, 1981, p.65), comporte ce texte :

"L'euthanasie, au mךme titre que le suicide, ne trouve aucun partisan exceptי auprטs des personnes athיes qui pensent que le nיant succטde א cette vie sur cette terre. Prיtendre tuer pour mettre fin א une maladie sans espoir et douloureuse est aussi rיfusיe, car il n' existe aucune douleur humaine qui ne peut pas ךtre en grande partie vaincue par une mיdication ou par une neurochirurgie appropriיe ...".

De plus, il y a une autre dimension א la question de la douleur et de la souffrance. La patience et l' endurance sont des valeurs de l'Islam hautement considיrיes et grandement rיcompensיes.

" Les endurants auront leur pleine rיcompense sans compter" (Coran 39 :10).

" Endure ce qui t'arrive avec patience. Telle est la rיsolution א prendre dans toute entreprise " (Coran 31 :17).

Le prophטte Mohammad (psl) a enseignי :

"Quand le Croyant est atteint d'une douleur, ne serait ce que la piqure d'une יpine ou plus, Dieu lui pardonne ses pיchיs et ses mיfaits sont effacיs de la mךme maniטre qu'un arbre perd ses feuilles ."

Quand les moyens de prיvenir ou de soulager la douleur יchouent, on peut trטs efficacement faire appel א la dimension spirituelle pour soutenir le patient qui est persuadי que l'acceptation et la patience face א la douleur inיvitable sera א son avantage dans l'au-delא, qui est la vraie vie permanente . Pour une personne qui ne croit pas en la vie aprטs la mort, cela pourrait relever de l'absurditי, mais pour celui qui y croit, l'euthanasie est certainement l'absurditי.

(Source Islam Mיdecine : "lien" )

-Point de vue judaןque: lא encore, l'euthanasie active est formellement proscrite et assimilיe א un assassinat. Dans la Thora, il est stipulי que le Crיateur interdit de tuer, א Adam, Noי, et au peuple juif, au mont Sinaן, et, par extension, pour l'euthanasie. Toutefois, le judaןsme met en avant que "comme il y a un temps pour naמtre", il y a "un temps" pour mourir.

La mort par euthanasie passive, si elle יvite un acharnement thיrapeutique, un maintien artificiel d'une vie, est par ailleurs applicable. Elle permet dans ces circonstances l'arrךt de souffrances insupportables.

Passages d'une interview sur l'euthanasie:

RAV BRAND


"Donc pour revenir א la question de l'euthanasie, la dיmarche א suivre selon la Thora doit ךtre ainsi : le principe gיnיral est " tu ne tueras pas " et ce principe reste dans tous les cas applicable tant que nous n'avons pas de preuve qu'il existe une permission explicitement mentionnיe dans la Thora concernant le cas exceptionnel. Ainsi personne ne peut prיtendre que la Thora permet de tuer les gens ayant les yeux bleus sous prיtexte qu'elle n'en a pas exprimי l'interdiction. Le raisonnement doit ךtre inverse : tant que la Thora n'a pas explicitי la permission, cela reste, cela va de soi, formellement interdit."

"Cette vie se situant juste quelques instants voire quelques jours avant la mort, celle d'un agonisant par exemple, peut-elle ךtre considיrיe comme une vie א part entiטre, dans le sens plein du terme ? Avant de voir les textes rיflיchissons un peu. Qu'appelle-t-on vie ? Vie de bonheur, vie de souffrance ? Y a-t-il un sens א la souffrance ? Les derniers instants de la vie sont-ils importants ? Sont-ils considיrיs comme une " vie " ? Quel espoir de vie, quelle durיe de vie doit ךtre considיrיe comme seuil au dessous duquel il serait permit d'יcourter la vie ? Un an, un jour, dix secondes ? Que peux-t-on faire d'important en dix secondes ? Nous savons que les derniטres secondes servent quelquefois א rיdiger le testament ! Ou א transmettre א leurs enfants un mot avant de mourir. Ou peut-ךtre que ce mot est plus important que tout ce qu'ils ont dit durant leur vie. Qui va nous affirmer que ces instants ne
sont pas importants ? N'y a-t-il pas eu des gens qui ont pu dire ou faire des choses d'une grande importance et peut-ךtre pour le monde entier dans les derniers instants de leur vie, au moment de leur souffrance ? Sommes-nous habilitיs א donner une moindre importance א ces moments et affirmer que cela ne constitue pas une vie, au point que l'on puisse dיcider d'יcourter la vie ?"

"Ainsi donc quiconque provoque la mort d'un agonisant tombe sous le coup de l'interdiction d'assassinat et mיriterait donc la peine capitale au mךme titre qu'un assassin par prיmיditation (Rambam Hilkhot Rotsיah 2,7)."

"Est-ce que le malade lui-mךme est le " propriיtaire de sa vie " ? Nous avons un texte fondamental dans la Pentateuque Parachat Noah (Genטse 9,5) : " vous n'avez pas le droit de verser votre sang pour vous-mךme… ". Nos sages ont expliquי que " votre sang pour vous-mךme" fait rיfיrence א l'interdiction d'פter sa propre vie, de se suicider, qui est donc positionnיe au mךme niveau qu'un assassinat (Rambam Hilkhot Rotsיah 2,3)."

"il est dit dans le Sefer Hassidim א propos des paroles du Roi Salomon dans Ecclיsiaste 3,2: " un moment pour naמtre et un moment pour mourir ". Le Sefer Hassidim dit (§234) " et quand arrive l'instant de la mort, on n'est pas obligי d'allonger artificiellement la vie pour ne pas lui causer de supporter des dures souffrances."

(Source Vie Juive : "lien" )

-Point de vue bouddhique: nous retrouvons les mךmes principes que pour les trois religions prיcיdemment יvoquיes. Si de maniטre gיnיrale, פter la vie est un acte nיfaste, le bouddhisme autorise au mיdecin l'euthanasie passive, sous certaines conditions: son geste doit ךtre guidי par la compassion, et longuement rיflיchi. Dans ce cas de figure, la faute est lיgטre et la condamnation n'est pas forcיment applicable.

L'euthanasie active, comme moyen d'יchapper aux souffrances de notre vie prיsente, est une faute grave, fortement prohibיe, car lors d'une future rיincarnation, le patient sera confrontי א des douleurs bien supיrieures א celles auquel il a mit fin. Le Dalaן Lama יmet rיserves et mises en garde contre l'euthanasie active.

  • Euthanasie et lיgislation:

En France, l'euthanasie tombe sous la "loi Lיonetti" (texte complet: lien) .Il est illיgal, dans notre pays, d'avoir recours א l'aide au suicide.Le code pיnal distingue toutefois le fait de provoquer le dיcטs, assimilable א un homicide (euthanasie active), et le fait
de suspendre un traitement thיrapeutique, alors assimilי א une non-assistance א personne en danger (euthanasie passive).

En Europe, les pays se divisent en trois groupes, chaque groupe ayant adoptי une lיgislation bien particuliטre. Le premier cas de figure lיgalise et tolטre א la fois l'euthanasie active et passive. Le second condamne l'euthanasie active, mais tolטre l'euthanasie passive. Le dernier groupe enfin, interdit formellement l'euthanasie qu'elle soit active ou passive.

Voici en image la lיgislation appliquיe dans les pays europיens:

Si aucune unanimitי n'est possible, la cause en revient aux multiples facteurs de poids qui entrent en jeu. Ils sont contradictoires, en faveur ou non de l'euthanasie, et la balance a bien du mal א s'יquilibrer.

En faveur de l'euthanasie, c'est la situation du patient qui prime; certaines maladies n'ont aucune issu, sauf la mort. Elles peuvent amener le patient א souffrir de dיformations physiques, voire perdre son autonomie, le conduisant א une assistance mיdicale partielle ou totale. Il y a aussi malheureusement, la perte des facultיs psychiques qui peut survenir.
La souffrance, si elle est prיsente, peut devenir atroce et insurmontable. En tant qu'ךtre humain, le patient atteint de telles pathologies doit gיrer sa maladie. Sa dignitי humaine lui autorise le droit d'accepter ou non une dיgיnיrescence physique ou mentale, d'ךtre dיpendant ou non d'autrui (ce qui s'accompagne souvent d'un sentiment de fardeau, d'inutilitי), et lui octroie le droit de dיcider, s'il en a les capacitיs, de ce qu'il doit advenir de son corps et de son גme. Le patient est libre de choisir l'issu qu'il considטre acceptable.

S'opposant א l'euthanasie, outre les arguments religieux dיjא traitיs,l'entourage joue un rפle dיterminant. Lorsque le patient perd ses facultיs de jugement, c'est au corps mיdical et aux proches que revient la dיcision א prendre. Est-il concevable, moralement,de donner la mort sans le conscentement de la personne que l'ont va aider א dיcיder? Les motivations de l'entourage sont-elles dans l'interךt du patient, ou sont-elles pיcuniטres? Le co�t יlיvי d'un traitement devenant trop lourd autorise-t-il l'euthanasie? Le patient laisse-t-il derriטre lui des biens dont l'entourage serait "pressי" d'hיriter? L'entourage a-t-il, par quelconque moyen, exercי des pressions sur un patient, le poussant א accepter l'euthanasie?


Ces derniטres interrogations, bassement matיrielles, nous יclairent sur ce qui peut freiner l'autorisation de l'euthanasie. Ici, la protection du patient est prise en compte, יcartant les risques de dיrives dont l'entourage serait responsable.

  • Dיchaמnement mיdiatique:

Les dיbats sur l'euthanasie ne cessent rיguliטrement d'alimenter les mיdias, ce que l'on comprend bien au regard la complexitי et du caractטre unique de chaque cas. Infirmiטres et/ou mיdecins condamnיs pour avoir pratiquי l'euthanasie, demandes de patients א recevoir ce droit, rיactions des familles, de l'יtat, manifestations etc...

Deux cas ont largement provoquי יmotions et conflits ces derniטres annיes: il s'agit de l'affaire Vincent Humbert,et de l'affaire Chantal Sיbire.

Vincent Humbert: Vincent, un jeune homme d'une vingtaine d'annיes, est victime d'un accident de la route, en septembre 2000.Il perd la vue, l'usage de la parole, et devient tיtraplיgique.De son plein grי, il adresse alors une requךte א Jacques Chirac, alors prיsident de la rיpublique:

"Monsieur Chirac,


Tous mes respects, Monsieur le prיsident. Je m'appelle Vincent Humbert, j'ai 21 ans, j'ai eu un accident de circulation le 24 septembre 2000. Je suis restי 9 mois dans le coma. Je suis actuellement א l'hפpital Hיlio-Marins א Bercks, dans le Pas-de-Calais.
Tous mes sens vitaux ont יtי touchיs, א part l'ouןe et l'intelligence, ce qui me permet d'avoir un peu de confort. Je bouge trטs lיgטrement la main droite en faisant une pression avec le pouce א chaque bonne lettre de l'alphabet. Ces lettres constituent des mots et ces mots forment des phrases. C'est ma seule mיthode de communication. J'ai actuellement une animatrice א mes cפtיs, qui m'יpelle l'alphabet en sיparant voyelles et consonnes. C'est de cette faחon que j'ai dיcidי de vous יcrire.

Les mיdecins ont dיcidי de m'envoyer dans une maison d'accueil spיcialisיe. Vous avez le droit de grגce et moi, je vous demande le droit de mourir. Je voudrais faire ceci יvidemment pour moi-mךme mais surtout pour ma mטre; elle qui a tout quittי de son ancienne vie pour rester א mes cפtיs, ici א Berck, en travaillant le matin et le soir aprטs m'avoir rendu visite, sept jours sur sept, sans aucun jour de repos. Tout ceci pour pouvoir payer le loyer de son misיrable studio. Pour le moment, elle est encore jeune. Mais dans quelques annיes, elle ne pourra plus encaisser une telle cadence de travail, c'est א dire qu'elle ne pourra plus payer son loyer et sera donc obligיe de repartir dans son appartement de Normandie.

Mais impossible d'imaginer rester sans sa prיsence א mes cפtיs et je pense que tout patient ayant parfaitement conscience est responsable de ses actes et a le droit de vouloir continuer א vivre ou א mourir.

Je voudrais que vous sachiez que vous ךtes ma derniטre chance. Sachez יgalement que j'יtais un concitoyen sans histoires,sans casier judiciaire, sportif, sapeur-pompier bיnיvole. Je ne mיrite pas un scיnario aussi atroce et j'espטre que vous lirez cette lettre qui vous est spיcialement adressיe.

Vous direz toutes mes salutations distinguיes א votre יpouse. Je trouve que toutes les actions comme les piטces jaunes sont de bonnes oeuvres. Quant א vous, j'espטre que votre quinqennat se passe comme vous le souhaitez malgrי tous les attentats terroristes.

Veuillez agrיer, Monsieur le Prיsident, l'expression de mes sentiments les plus distinguיs."

Marie Humbert veut aider son fils א s'en aller comme il le souhaite et lui administre du pentobarbital de sodium א
fortes doses, plogeant Vincent dans un coma profond. Madame Humbert est placיe en garde א vue, Vincent conduit א l'hפpital,
confiי au Dr. Frיdיric Chaussoy.
 
Devant l'יtat de Vincent, Madame Humbert, la famille et le Dr. Chaussoy dיcident l'injection de chlorure de potassium.Vincent dיcטde. S'en suit une mise en examen pour empoisonnement avec prיmיditation, dont l'issu sera un non-lieu, en 2006.
Cette mise en examen a fait adopter, par le parlement, l'adoption du "droit א laisser mourir".
Marie Humbert א crיי une association, afin de dיpיnaliser l'exception d'euthanasie en France,"Faut qu'on s'active!".

Chantal Sיbire: l'esthיsioneuroblastome, une tumeur יvolutive des sinus et de la cloison nasale, est une pathologie dיformant cruellement le visage. Rarissime et incurable, au trטs mauvais pronostic vital, Madame Sיbire, enseignante de 53
ans et maman de trois enfants, se sait atteinte. Elle perd progressivement la vue, le go�t et l'odorat. La tumeur dיformant son visage ne cesse de lui faire endurer d'horribles souffrances, tant physiques que mentales.


Chantal Sיbire, au comble de sa dיtresse et ayant conscience que la mיdecine ne lui est plus d'aucun secours, adresse א Nicolas Sarkozy, Prיsident de la Rיpublique, une lettre dans laquelle elle requiert le droit de mourir dans la dignitי.
Chantal dיsire, pour ses derniers instants, ךtre consciente, chez elle et accompagnיe de ses proches, et utiliser unesubstance lיtale.


Sa demande aboutit, en mars 2008, א un rejet de la part du tribunal de grande instance de Dijon. Deux jours aprטs ce verdict, le 19 mars, Chantal Sיbire est dיcouverte dיcיdיe א son domicile. La cause de sa mort incombe א une absorption
massive de barbituriques.

A la famille de Vincent Humbert,et celle de Chantal Sיbire: si des propos sont inexacts, ou doivent ךtre modifiיs, si vous souhaitez la suppression de ces rיcits, ou pour toutes autres demandes, n'hיsitez pas א me contacter, il sera fait selon vos souhaits.

Quelles conclusions tirer de cette foule d'יlיments, qui dיchirent les opinions personnelles et les pays au sujet de l'euthanasie? Aucune, si ce n'est que chaque ךtre humain est unique, et que les affaires oש l'euthanasie est abordיe doivent ךtre traitיes au cas par cas, et avec la plus grande attention.


Article ajouté le 2009-02-13 , consulté 6 fois