Courgettes frites comme en Sicile

Par Lauriana

Lorsque ma maman est arrivée en France, elle avait à peine dix-sept ans. Elle était mariée, avait une petite fille de deux ans et un petit bébé n'allait pas tarder à naître. Elle était venue de Sicile avec son mari, rejoindre ses parents ,qui eux étaient déjà installés en France. Ils sont venus pour le travail, ils ne parlaient pas un mot de français. Le destin a voulu que ma maman perde son mari peu de temps après leur arrivée, puis il a voulu qu'elle rencontre mon papa. L'amour faisant, une année plus tard nous étions une famille de quatre enfants. Quand j'y repense, je me dis que ma maman a eu deux vies, celle en Sicile, la terre où elle est née, celle de son enfance et de son premier amour, puis la vie d'ici, la langue à apprivoiser, les gens, la manière de vivre, le climat. Pourtant quand je la regarde, je ne vois rien de toutes les blessures qu'elle a pu avoir, je ne vois qu'une évidence: une mère, entourée de ses enfants, ses petits-enfants, sa tribu.
De la Sicile, je ne connais pas grand chose, juste ce que ma maman a pu m'en raconter, et surtout la cuisine de ma nonna et les souvenirs de nos dimanches au "bloc", là où ils habitaient quand j'étais petite. Ce n'était pas très grand, dans des bâtiments où il n'y avait que des italiens quasiment. On se serrait , il y avait du monde partout, dans la cuisine au rideau en plastique multicolore, le salon et même les chambres. Je me souviens des jeux avec mes cousines dans le sous-sol du bâtiment, de la voiture à pédale de mon frère que nous nous disputions, et de mon nonno et ses glaces à la "pichtache" qu'il nous préparait inlassablement. Et aussi de la machine à café italienne qui n'en finissait pas de chauffer, des parties de cartes mouvementées et de la sauce de tomates fraîches qui mijote dans la cuisine.
"La cucina", de Lily Prior,  un petit livre à déguster avec gourmandise, plein de sensualité et de gastronomie, avec un peu de mafia sicilienne mais juste ce qu'il faut. je n'en dirai pas plus, les premiers mots du livre suffiront :
"Dépose un tas de farine sur la table, la vieille table de chêne qu nous vient de Nonna Calzino, patinée par des années d'usage quotidien. Il en faut juste assez, ni trop, ni trop peu. De la fine farine de blé dur du moulin de Papa Grazzi à Mascali. Ajoute une bonne pincée de sel. Fais un puits et casses-y des oeufs entiers extra-frais, plus quelques jaunes, puis incorpore un filet d'huile d'olive premier choix et quelques cuillérées d'eau froide."

Ingrédients
pour 1 nonno, 1 nonna, 1 maman, 1 papa, des enfants
1 kilo de courgettes
1 verre de vinaigre
1 cuiller à café de sucre
5 feuilles de menthe
30g de raisins secs
1 gousse d'ail
Sel, poivre
huile

Recette
Couper les courgettes en tranches.
Les faire frire à l'huile très chade dans une sauteuse avec la gousse d'ail entière puis l'enlever dès qu'elle est dorée.
Saupoudrer de sucre.
Ajouter la menthe ciselée et les raisins secs, mélanger délicatement.
Arroser de vinaigre, couvrir et éteindre le feu.

Si vous cassez des oeufs sur cette préparation, vous obtiendrez une succulente omelette!