L'Empire du soleil, Gavroche rencontre Icare

Par Julien Peltier



« L’Empire du soleil », c’est l’histoire d’un jeune Britannique plongé trop tôt et trop vite dans un monde d’adultes, la Seconde Guerre Mondiale, vue à travers les yeux d’un enfant à l’imagination débordante. Confronté à la guerre, il perdra son innocence. En 1941, à l’issue du célèbre raid surprise contre la base américaine de Pearl Harbour, le Japon déclare la guerre aux États-Unis et à la Grande-Bretagne. C’est dans ce contexte que Jim verra son univers basculer.



© Warner Bros
1941, à Shanghai, la concession internationale vit isolée, loin des menaces de l’invasion et de l’occupation du reste du pays par l’armée impériale japonaise. À l’extérieur, les Japonais préparent leur attaque de Pearl Harbour. Jim "Jamie" Graham, fils d’un couple bourgeois, grandit à l’écart du conflit, ignorant les dangers, protégé par sa famille. Passionné d’aviation, son loisir favori est de faire voler ses maquettes et d’observer en toute insouciance le défilé des Nakajima, bombardiers japonais. Puis un jour, son quotidien bascule avec l’arrivée des troupes nippones à Shanghai, qui contraint les ressortissants anglais à évacuer la ville tandis que les chinois se retirent. Les rues deviennent le théâtre de combats, d’explosions, sous les tirs des chars et des avions. La panique se propage, dans l’affolement et la tourmente, l’enfant est séparé de ses parents.

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C’est la fin des privilèges et l’errance qui commence, elle durera plusieurs jours, jusqu’à la rencontre avec deux aventuriers américains. Tous trois errent alors dans la banlieue chic désaffectée, se servent dans les maisons coloniales abandonnées, et finissent par se faire arrêter et enfermés dans un camp de travail japonais. Au camp, leur fastidieuse tâche quotidienne consiste à casser des pierres afin de construire une piste d’atterrissage. Malgré l’internement, pour Jim, tout devient prétexte à aventures, pour survivre il égaye la vie des prisonniers, rend des services à chacun, sympathise avec médecins et infirmières, et va jusqu’à « dealer » des cigarettes. La vie au camp est ponctuée par la peur, la violence, l’amour et la mort. L’enfant rêve en observant la base aérienne située de l’autre côté des barbelés, il s’identifie aux kamikazes qu’il voit décoller après la prière et la cérémonie du saké, sous les drapeaux de la marine impériale. Malgré les réalités de la guerre, les aviateurs sont pour lui des héros. Quatre années ont passé, c’est la fin du conflit, et arrivent les avions américains.

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Du haut d’un toit Jim sent leur chaleur, il touche du doigt les chasseurs P-51, « Cadillac du ciel ». Les Japonais évacuent le camp dans l’urgence. Commence alors une longue marche éreintante qui les mènera jusqu’à un stade perdu au milieu de nulle part, rempli de « trésors de guerre », objets de valeurs volés aux chinois et anglais. Ils y établissent un campement provisoire. Dans le silence de l’aube, survient une immense lumière blanche : le garçon est témoin de l’explosion atomique. C’est la reddition du Japon. Les bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki mettent un terme à la guerre du Pacifique. « J’ai appris un nouveau mot aujourd'hui : bombe atomique. C’était comme une lumière blanche dans le ciel, comme si Dieu prenait une photographie. Je l’ai vue. » Suit la libération de la Chine. Jim est envoyé dans un orphelinat où il retrouve ses parents. Grandi, rentré dans le monde des grands, ses rêves de guerre ont pris fin.

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Film axé sur l’histoire, « L’Empire du soleil » est considéré comme l’un des plus réussis parmi les œuvres de Spielberg portant sur la seconde guerre mondiale (plus précisément dans ce cas guerre sino-japonaise). Réalisé en 1987, juste après « La couleur pourpre » et peu avant le tournage du troisième volet des tribulations d’Indiana Jones, il préfigure « Il faut sauver le soldat Ryan » et « La liste de Schindler ». On y retrouve les thèmes de prédilection du réalisateur : l’enfance (« E.T. », « Rencontre du 3e type », « A.I. »), la perte de l’innocence et la guerre. Visuellement, c’est un magnifique spectacle : jeu de couleurs, notamment dualité entre aube et crépuscule, mais aussi catalogue de moments forts, émouvants et symboliques ; le tout orchestré par une superbe musique de John Williams. Notons que « L’Empire du soleil » est le premier rôle important de Christiane Bale, alors âge de 13 ans et promis à l’avenir radieux que nous connaissons aujourd’hui au héros des « Batman » de Chris Non. Le jeune garçon, auditionné parmi plus de 400 autres enfants, connaît le privilège de jouer aux côtés de John Malkovitch. En outre, il s’agirait de l’un du premier film américain en partie tourné en Chine populaire.
Chauve-souris

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Réalisé par Steven Spielberg
Avec : John Malkovitch, Christian Bale, Miranda Richardson
Durée : 2h 34min.
Année de production : 1987
Titre original : Empire of the sun
Adapté du roman
L’Empire du soleil de J.-C. Ballard