Joy division et surtout Ian Curtis : car quels qu'aient été les efforts du réalisateur pour mettre tous les membres du groupe sur un même plan, le chanteur et donc (?) leader est évidemment sur le devant de la scène, tant par le génie dont il fit preuve que par le calvaire que fut son existence, tout cela étant forcément lié. Curtis raconté par les autres : voilà qui constitue le complément idéal du très beau Control, qui adoptait le plus souvent son point de vue. Même s'il ne perd jamais le fil de son récit (chronologique et exhaustif), Grant Gee semble parfois être entraîné par son propre film, ou plutôt par l'aura particulière de Ian Curtis, qui semble justement prendre le contrôle des opérations. Il se passe alors de drôles de choses à l'image, le réalisateur tentant toutes sortes de petites gimmicks visuels qui n'ont l'air de rien mais confèrent une vraie bizarrerie à l'ensemble.
Mais avant tout, Joy division est un vrai doc, qui en dit pas mal sur la courte existence de ce groupe mémorable. Jamais le film ne tombe dans l'éloge pure et simple des mancuniens, dont certains ne sont pas forcément dépeints de façon flatteuse ; et même lorsqu'il s'arrête sur des détails "techniques" comme la choix d'une pochette, le film le fait avec grâce, levant d'ailleurs le voile sur le mystère de la pochette d'Unknown pleasures reproduite sur l'affiche. De quoi donner envie d'écouter encore et encore ce groupe à l'existence presque éphémère, mais dont la musique résonne encore depuis le fin fond des rues de Manchester.
8/10