Police contre Syndicat du Crime (Kenkei tai soshiki boryoku) : Corruption généralisée

Publié le 21 décembre 2008 par Diana
Dans Police contre Syndicat du crime (1975), Kinji Fukasaku s’attaque aux relations étroites qui existent entre policiers et yakuzas mais aussi entre yakuzas et hommes de pouvoir, qu’ils soient du monde politique comme économique. On y suit toute une ribambelle de personnages qui s’acoquinent les uns aux autres à la vue et aux sus de tous. Si bien que Police contre Syndicat du Crime aurait pu s’intituler police avec syndicat du crime jusqu’à l’arrivée d’un policier qui change la donne.
Jusqu’alors, Kinji Fukasaku nous présentait une société japonaise corrompue avec des personnages avides de pouvoir lesquels prennent place dans la région d’Osaka, dans une ville proche d’Hiroshima en 1963 où la guerre des gangs fait rage entre les clans Ohara et Kawadé. D’un côté, elle oppose le chef par intérim Hirotani et de l’autre Kawadé lequel bénéficie de l’appui de l’adjoint au maire, ex-yakuza. Au milieu de tout cela, on retrouve un flic : l’inspecteur Kuno. Ce dernier plébiscite Hirotani et partage une véritable amitié avec le malfrat. Pour en finir avec les affrontements sanguinaires, le préfet de police place à la tête de la brigade anti-gang l’incorruptible policier Kadai. Ce dernier se donne pour objectif de nettoyer les services de police de la corruption qui la gangrène. Et pour se faire, il utilise ces mêmes flics corrompus pour atteindre son but.
Kinji Fukasaku impose toute sa virtuosité dans la réalisation de ce polar musclé. Il y décrit avec soin les relations ambiguës de tout ce joli monde ayant vu le jour avec l’après-guerre. Une œuvre contestataire qui pointe du doigt la police et ces agissements illicites. Police contre Syndicat du Crime est un film à la violence brute qui frappe brusquement et sans concession. Un film de yakuza allant à l’encontre des règles que Kinji Fukasaku avait établi dans certains de ses films.
Ici, Fukasaku crée une tension entre des personnages antagonistes dû à leurs fonctions qui se mélangent, s’allient, se font la guerre et dans laquelle en ressort une certaine confusion. Les flics se transforment en voyous et ces derniers se font justice eux-mêmes. Certains flics défendent les intérêts d’un clan, d’autres du clan rival au premier. On tente d’influencer le court du jeu par son statut de policier comme d’adjoint au maire au milieu de règlements de compte dont les journaux font leurs gros titres. Finalement les hommes quels qu’ils soient sont les mêmes, truand comme flic semble nous dire Fukasaku.
Police contre Syndicat du Crime c’est aussi l’histoire d’une amitié entre l’inspecteur Kuno et le yakuza Hirotani que tout oppose de part leur profession respective. On y sent tout de même un profond respect entre les deux hommes jusqu’au dénouement tragique. Kinji Fukasaku signe avec Police contre Syndicat du Crime l’un de ses meilleurs film si ce n’est le meilleur.
I.D.