Nouvel album de U2 : le groupe irlandais préserve son énergie rock

Publié le 27 février 2009 par Petiterepublique

Il y a des évènements musicaux et la sortie d’un nouvel opus du groupe irlandais U2 en constitue toujours un. Annoncé par Bono comme un album « révolutionnaire », No line on the horizon ne bouleversera pas pour autant la face du monde. Plus pop que véritablement expérimental, le nouveau U2 s’inscrit dans la droite ligne de leur évolution depuis Achtung baby et s’élève par ailleurs bien au-dessus du très décevant All that you can’t leave behind et même de How to Dismantle an Atomic Bomb, ces albums censés renouer avec un rock plus épuré.

Cette fois, le groupe affirme avoir laissé place au tranchant des guitares de The Edge. Et cela s’entend car dès le premier titre, on perçoit une volonté d’insuffler du rythme, de consacrer un rock aussi instinctif que technique à l’aide de leurs fidèles camarades Brian Eno et Daniel Lanois. Le morceau éponyme constitué à partir d’une rythmique lourde semble annoncer un album excellent placé de surcroit sous le signe de l’énergie. Les élans lyriques de Bono se fondent parfaitement aux chorus des guitares accompagnés parfois de notes de synthé et offrent à l’hymne « Magnificent » une belle harmonie d’énergie et d’électricité.

Malheureusement, la force ne dure qu’un temps surtout avec « Moment of Surrender », ballade absolument soporifique. De même le morceau « Unknown Caller » avec son refrain en « oh, oh » laisse une impression désagréable de calibrage radio. Et c’est là où le bât blesse : U2 sort un album avant de remplir les stades et choisit le plus souvent le consensus musical. Ainsi les « baby », « yeah, yeah » parsèment encore certains morceaux de l’album pour souligner que le groupe n’entend pas rompre avec ce qui a toujours fait son succès et attiré des foules à chacun de ses concerts. D’ailleurs, le morceau « Stand up » impulsé par une excellente rythmique de The Edge est un peu plombé par un refrain en « hou, hou » que Bono aurait pu nous épargner.

Les meilleures chansons se dessinent probablement dans la deuxième partie de l’album après l’invitation au plaisir charnel et à la luxure de « Get on your boots ». Ainsi même si le texte de « Fez » est un peu trop allusif, l’ambiance du morceau est pour la première fois porteuse d’une véritable émotion. Et ceux qui suivent s’inscrivent enfin dans la lignée d’un groupe de rock qui avec son expérience ne doit pas se servir de la musique pour conquérir les charts et faire de l’argent. L’album se conclut de la meilleure des manières avec « Cedars of Lebanon », qui raconte l’histoire de ce reporter de guerre confronté au drame du Proche-Orient. Bono y parle plus qu’il n’y chante et laisse enfin la place aux mots, au « je » prétendument universel des visions qui le touchent.

No line on the horizon constitue un bon ensemble rempli d’une certaine fougue malgré des morceaux faibles et certains textes superficiels et un peu trop narcissiques qui sont heureusement effacés par de très bonnes partitions. Le groupe a déjà déclaré qu’il pourrait sortir un album plus expérimental avant la fin de l’année, tant ce qu’il a produit a été dense durant ses sessions d’enregistrement. Voilà une idée qui pourrait bien être intéressante et permettre enfin à U2 de sortir de ce carcan pop rock à l’origine de son succès mais qui en définitive banalise terriblement sa musique.

Laurent Monserrat

  • No line on the horizon sort en France le vendredi 27 février chez Mercury
  • Toute l’actualité de U2 en Français : consulter le site Achtung U2
  • Site officiel de U2

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