52 livres en 52 semaines : Hadassa

Publié le 01 mars 2009 par Epicure

Ça doit bien faire quelques années que ce titre est noté dans mon petit carnet bleu. Quelques critiques élogieuses et prix littéraires avaient suscité ma curiosité à l’époque, mais ce n’est que maintenant que je viens de tomber sous le charme de Hadassa de Myriam Beaudoin.

Ça raconte l’histoire d’une jeune prof qui, pendant toute une année scolaire, enseigne le français à un groupe de jeunes filles hassidiques. Une incursion sur le bout des pieds dans un univers clos, duquel on ignore beaucoup. Quiconque a déjà flâné dans certains coins d’Outremont à Montréal, a régulièrement croisé ces juifs orthodoxes vêtus de noir, membres de cette communauté tissée serrée qui se mêle peu à la population en général. Hadassa permet donc de suivre discrètement le quotidien de ces fillettes et de comprendre un peu plus la culture et les rituels de leur religion. L’enseignante s’attache beaucoup à ses élèves, particulièrement la jeune Hadassa, et démontre une grande curiosité face à ce qu’elles vivent. Ces dernières s’amusent d’ailleurs à lui dévoiler au fil du roman, certains secrets sur leurs traditions et nombreuses célébrations qui ponctuent l’année scolaire.

En parallèle à cette première histoire, on nous raconte un deuxième récit. On est témoin de la détresse d’une jeune femme hassidique qui tombe amoureuse d’un non-juif. La force de ses sentiments, les tiraillements entre ses désirs et ses responsabilités de nouvelle épouse, l’immense tristesse qui l’habite et l’émoi que peut causer un simple regard. Une seconde vision qui met en perspective le type d’existence qui attend les jeunes filles de cette communauté.

Myriam Beaudoin a écrit ce livre avec énormément d’affection et de respect. On ne juge pas l’autre, on dépeint sa réalité. On découvre un univers complètement éloigné du notre, des familles nombreuses, de multiples règles qu’on doit respecter scrupuleusement, les centaines de détails associés aux différentes fêtes et traditions. Plusieurs de ces responsabilités incombant à la femme, on regarde autrement ces petites filles dont le destin est déjà tracé. Bientôt elles laisseront de côté leurs jeux pour apprendre ce que toute femme juive doit savoir, bien tenir maison et s’occuper de sa famille, et dans quelques années le rabbin désignera pour elles celui qui deviendra leur époux.

Lecture très enrichissante et aussi très divertissante malgré les apparences. Ça me donne envie de lire Lekhaim! Chroniques de la vie hassidique à Montréal, de Malka Zipora. Un recueil, écrit de l’intérieur, qui semble faire encore un peu plus la lumière sur cette culture. Jules n’a pas vraiment apprécié, mais en complément à Hadassa c’est peut-être un peu plus digeste.