Quand Harvey rencontre Katie

Publié le 01 mars 2009 par Boustoune


Il y a des jours comme ça, où rien ne va…
Prenez le cas d’Harvey Shine, un new-yorkais d’une cinquantaine d’années, divorcé et un peu trop seul. Il est en difficulté sur le plan professionnel, et e Les musiques qu’il compose pour des spots publicitaires ne convainquent plus son patron, qui lui préfère le travail de jeunes loups ambitieux… Alors que, sur le sol américain, une importante réunion pourrait sceller son sort, il doit traverser l’Atlantique pour assister au mariage de sa fille, à Londres.
Arrivé là-bas, il découvre que son ex-femme et son nouveau mari l’ont logé seul dans un hôtel miteux, loin du reste de la famille et des invités de prestige. Pire, sa fille lui annonce qu’elle préfère que ce soit son beau-père qui l’accompagne à l’autel pendant la cérémonie. Afin de ne pas gâcher le bonheur de son enfant, Harvey ne laisse rien transparaître de sa déception, mais le coup est rude. Et ses malheurs ne s’arrêtent pas là. Pris dans les embouteillages, il rate son avion de retour et apprend que ce n’est de toute façon pas bien grave puisqu’on a décidé de le licencier… Le voici chômeur et coincé à Londres jusqu’au lendemain, complètement désoeuvré – hors de question d’être davantage humilié en assistant à la fête donné par les mariés.
Dans un bar de l’aéroport d’Heathrow, il rencontre Kate Walker, une anglaise un peu plus jeune que lui, mais tout aussi écrasée par la solitude et étouffée de surcroît par une mère un peu tyrannique et vaguement paranoïaque. Ils vont sympathiser, puis se tenir mutuellement compagnie au cours d’une belle journée et d’une longue nuit.
Et si leur chance était en train de tourner ? Et s’ils étaient faits l’un pour l’autre ? Et si pour s’assurer que tout ceci n’est pas un rêve, ils se donnaient un rendez-vous romantique, pas sur l’Empire State Building, non - on est à Londres – mais sur une jolie place ornée de jets d’eau ?

 
Ca vous rappelle quelque chose ? Elle et Lui peut-être ? Ou Brève rencontre ? Ou bien Lost in Translation ? Ou encore un wagon de comédies romantiques aux scénarii bien rodés ?
Disons tout de suite les choses qui fâchent : Last chance for love est une romance très classique, trop classique, au scénario déjà-vu et aux péripéties ultra-prévisibles, tellement forcées qu’elles en deviennent un peu ridicules. Et la mise en scène assez plate, sans grande personnalité de Joel Hopkins n’arrange pas les choses.

Mais, et c’est ce qui va transformer cette banale histoire en joli petit film, les deux rôles principaux sont tenus par les excellents Dustin Hoffman et Emma Thompson. Le premier, très élégant, tout en humour et en tristesse contenue, est parfait dans le rôle de cet homme vieillissant, mais encore plein de charme et de ressources. Il donne de l’épaisseur à un rôle pas forcément très développé au départ. La seconde est magnifique et généreuse. D’un regard ou d’un petit geste, elle transcende chacune de ses scènes avec un abattage qui laisse pantois.
Les méandres du script ne sont peut-être pas très crédibles, mais le duo formé par ces deux grands acteurs, lui, l’est assurément. D’autant que leur complicité n’est pas feinte. Pour nourrir leurs personnages, ils se sont inspiré de leur propre rencontre, amicale celle-là, sur le plateau de L’incroyable destin de Harold Crick en 2006. Pendants leurs quelques scènes communes, les deux comédiens avaient sympathisé et avaient beaucoup discuté de cinéma, d’art et de littérature. Comme Harvey et Kate…
 
Du coup, touché par le charme de ce tandem, on se surprend à oublier (un peu) les ressorts fatigués de l’intrigue, à se laisser porter par cette petite comédie douce-amère, et finalement, on sort de la salle le sourire aux lèvres et le moral au beau fixe.
Donc, merci ô délicieuse Emma, merci ô formidable Dustin pour ces quatre-vingt dix minutes passés en votre compagnie (*). Sans vous, Last chance for love n’aurait été qu’une médiocre et insipide comédie romantique de plus. Grâce à vous, c’est un petit film tout à fait appréciable…
Note :
(*) : Et merci d’être venus rencontrer les quelques franciliens privilégiés – dont moi – lors de l’avant-première publique du film, jeudi dernier à l’UGC Ciné-Cité de Bercy. Vous étiez certes un peu en retard (plus d’une heure quand même) mais votre disponibilité et votre fantaisie font que l’on vous pardonne volontiers…

(sortie le 4 mars 2009)