Interview Régis Loisel et Jean-Louis Tripp

Par Manuel Picaud
Régis Loisel et Jean-Louis Tripp constituent un couple atypique dans l’univers de la bande dessinée. Avec Magasin général(4 tomes parus chez Casterman), ils réalisent ensemble un duo particulièrement complémentaire au dessin et au scénario dans leur fable intimiste au cœur d’un petit village québécois dans l’entre-deux-guerres. Rencontre exclusive réalisée avec Brieg F. Haslé pour Auracan.com avec deux auteurs aussi sympathiques que talentueux.
La confession majeure de ces Confessions, l’homosexualité de Serge, a été faite avant le T4 de Magasin général. Au cours de cet épisode, le non-dit l’emporte avec beaucoup de planches muettes. L’on y voit les réactions des uns et des autres, on imagine pas mal de choses qui sont imaginées par les protagonistes… On a plutôt l’impression que c’est le lecteur qui s’imagine ces confessions…

Régis Loisel : C’est bien vu en effet. La seule confession réelle est celle de Marie auprès du curé. À partir de là, ce n’est que du silence. On imagine ce que Marie a pu lui dire. Effectivement, cela part comme une trainée de poudre après… Parallèlement, le curé, Serge et Isaac vont faire une espèce de brainstorming pour savoir comment ils vont pouvoir gérer cela.
Jean-Louis Tripp
: Comment ils vont présenter cela au reste du village car c’est en fait indicible. La confession à laquelle se livre Serge à la fin du T3, est quelque chose qui ne peut pas se dire, replacé dans le contexte de l’époque et dans un tel endroit. On ne pouvait alors pas « avouer » qu’on était homosexuel. D’ailleurs, quand il fait cet aveu à Marie, elle ne comprend pas du tout de quoi il parle. Il n’a pas les mots. C’était alors tellement difficile à dire ! En même temps, il doit la vérité à Marie, il doit lui expliquer pourquoi il ne peut pas se marier avec elle, qu’il ne peut pas l’aimer comme elle voudrait. Il l’aime, mais pas comme mari et femme. Il lui doit cette vérité par honnêteté, par amour aussi. Serge a précédemment réussi à assumer son homosexualité lorsqu’il vivait à Paris dans des milieux relativement artistes, avant-gardistes, intellectuels. C’était alors l’époque de Jean Cocteau, Charles Trenet ne va pas tarder à faire ses débuts…
© Loisel - Tripp / Casterman
Retrouvez la suite de l'entretien sur Auracan.com et comme toujours une petite exclusivité pour le blog avec ci-dessus trois étapes de deux mêmes cases dessinées par Régis Loisel, retravaillées par Jean-Louis Tripp et mises en couleurs par François Lapierre.
Photo de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp à Blois
© Manuel F. Picaud / Auracan.com