PAR BERNARD VASSOR
Actuellement les œuvres exposées dans la galerie, 14 rue Clauzel, sont authentiques.
C'est dans la boutique du père Tanguy que se réunissaient les jeunes peintres qui allaient former l'école de Pont-Aven, la ressemblance avec les estampes japonaises est frappante dans les toiles de Gauguin par exemple, ou celles d'Emile Bernard.
Les exemplaires exposés dans la galerie, ont été exécutées par Utagawa Shokoku.
UTAGAWA Shokoku a traduit les phrases japonaises figurant sur les toiles de Vincent Van Gogh et a donné son interprétation des œuvres du
** C’est ainsi que l’on pouvait contempler dans la vitrine du Père Tanguy une toile chaque jour différente de Renoir, Monet, Cézanne, Sisley, Pissarro, Gauguin, Boudin, etc..
La technique de fabrication de l'ukio-e est assez complexe, et demande parfois l'intervention de plusieurs artistes.
Le peintre, qui réalise sur papier un dessin qui va étre collé sur une planche de bois de cerisier. Le graveur détoure le croqis, détruisant ainsi l'original. A l'aide ce cette planche gravée, d'autres planches vont être réalisées à l'identique selon le nombre de couleurs désirées. Ces blocs seront utilés à tour de rôle pour l'impression finale sur un papier dit "papier-japon" fabriqué à base d'écorce de différents arbrisseaux. Les encres étaient à base de colorants naturels avant la propagation de l'aniline dont nous avons déja parlé dans un précdent article.
J'ai relevé à Paris les marchands d'art d'extrème orient. C'est à partir des années 1850 après l'exposition universelle de Londres (1851) que les importations du Japon et de Chine vont débuter. La première boutique connue était rue de Rivoli chez la "grosse" madame Desoye. Ensuite, rue Vivienne, au 33, puis au 53, un importateur va ouvrir une boutique qui avait pour nom "La Porte Chinoise". Ensuite, c'est le fabricant de porcelaine Siegfried Bing qui ouvrit une boutique au 10 rue Bleue où il vendait du papier de Chine et du Japon. Fort de ce succès, il s'insalla à l'angle de la rue Chauchat, au 19, et de la rue de Provence au 22 pour y vendre des objets importés du Japon : des gardes de sabre, des sculptures, et différents objets d'art. Rue de la Victoire, un ancien traducteur de l'ambassade du Japon, Hayashi Tadamassa, se lance avec succès lui aussi dans l'importation des articles d'art de son pays (Edmond de Goncourt fera la navette entre la boutique de Bing rue de Provence et celle de Tadamassa pourse faire donner les explications concernant ses achats chez le concurent. C'est ainsi qu'il obtint des renseignements historiques sur une estampe évoquant l'histoire des 47 Ronins*)
Puis, rue Pigalle, Philippe Sichel et son fils font également le commerce d'estampes japonaises au milieu de leur magasin de bric-àbrac. Vincent Van Gogh, qui aura accès en priorité "au grenier de Bing" achètera pour sa collection personnelle, et de celle de ses amis, une grande quantité d'ukiyo-e.
*L'histoire autenthique des 47 Ronins est "un fait-divers" qui mérite d'être racontée car elle symbolise l'esprit traditionnel japonais :
L'aventure 'des 47Ronins (Chushingura)en 1701, un shogun, Kira Kosukeno-Suke, au cours d'une réception lance une insulte à un de ses invités Asano Takumino Kami. Celui-ci, bravant la loi shogunale sorti son sabre et blessa son adversaire. Le seigneur Takumino fut sur le champ condamné à mort par "Seppuku" (suicide par le sabre en s'ouvrant le ventre). Ses vassaux, refusèrent le rite traditionnel, le "Junshi", c'est à dire de finir leurs jours comme leur Shogun. Désormais ils devinrent des Ronins, guerriers sans chef, ils jurèrent en secret de le venger. Ils devinrent la risée du pays, pour leur faiblesse et leur couardise. Ils endurèrent sans broncher les quolibets pendant deux ans, puis ils attaquèrent la maison du Shogun Kira Kosukeno Yushinaka qui périt sous les coups de sabres des Ronis. Ils furent à leurtour condamnés au Seppuku malgré l'esprit de fidélité et du courage dont ils avaient fait preuve.
Cette histoire fit l'objet de nombreuses pièces de théâtre, de récits illustrés par les plus grands peintre du temps, et bien sûr de nombreux ukiyo-e.
LA COULEUR :
A l’origine, l’ukiyo-e était monochrome, les parties teintes, étaient obtenues à la main à l’aide d'un pinceau . Les différentes nuances étaient obtenues par le pressage plus ou moins fort de la planche gravée. Les impressions en deux tons, sont apparues au XVIIIéme siècle, d’abord avec le rouge, ensuite l’orange provenant du sel de plomb. La polychromie ensuite demandait plus de soins : les lithographes connaissent bien la technique, il fallait faire des repérages extrêmement précis pour éviter le chevauchement des coloris et de ne pas voire les images décalées. Certains ukiyo-e recevaient après impression une touche finale de l’artiste par l'application à la main de nouvelles nuances