Nicolas Baverez, En route vers l’inconnu

Par Argoul

Un beau titre pourtant ! Mais le livre est éphémère, recueil de chroniques distillées dans ‘Les Echos’, ‘Le Monde’ et ‘Le Point’ entre 2006 et mi-2008. Paru il y a 5 mois à peine, le voici dépassé par les événements. Non que ce qu’il dit soit obsolète mais, puisque l’auteur suppute l’actualité, l’histoire a déjà tranché. Dans son sens, le plus souvent, signe que son analyse était fine et ses intuitions bonnes – mais que nous importe puisque nous sommes ‘après’ ?

Voici donc l’exemple parfait du livre éphémère. Un genre qui devrait éviter de paraître pour encombrer d’inutile les rayons des librairies comme des bibliothèques. Une façon de faire déjà condamnée par le net. Les chroniques de Nicolas Baverez sont en effet des analyses d’événements, très utiles dans les journaux et hebdomadaires, excellentes sur un blog (encore que les phrases y soient nettement trop longues). Mais, au contraire des ‘Propos’ d’Alain, dont Baverez est en quelque sorte l’héritier, elles ne poussent pas le particulier au général. Pas assez en tout cas pour intéresser vraiment un an ou deux après. L’auteur aurait dû prendre le temps de tirer de ses chroniques des leçons pour l’avenir, puis de chercher quel peuvent être les avenirs possibles. Il le fait dans certains paragraphes, mais épars et en pointillé. Il ne justifie de son titre que l’accroche ‘en route’, sans jamais baliser ‘l’inconnu’.

Restent deux bonnes analyses des fonds souverains et de la politique de la BCE, dignes d’être relues. Plus un vibrant plaidoyer pour le libéralisme politique qui figure en conclusion, meilleur intemporel que le reste. Car tel est le secret de Nicolas Baverez : il est excellent chroniqueur d’actualité parce qu’il n’est pas théoricien. En bon libéral, il est ouvert, tolérant et pragmatique. Il observe ce qui se passe, suit les évolutions et change d’avis quand le réel change aussi. C’est ce qu’il faut en économie, peut-être en politique ; c’est tout le contraire qu’il faut pour écrire un bon livre qui dure.

Nicolas Baverez, En route vers l’inconnu, Perrin septembre 2008, 194 pages, 13€