mouche en coeur

Par Richard Gonzalez


Lucilia Caesar (quel joli nom pour une mouche!), Saint-Ismier, Isère, février 2009

J’ai du mal en ce moment à supporter le spectacle du reniement, cette pantomime de la vie, la dérision de ce que pût être le monde. Mais je m’obstine. A l’heure des premières grives (le chant des oiseaux est délicieux ces matins-ci), je remets mon cœur à l’ouvrage : comment trouver le langage qui préserve les songes ? Je remue ma plume gourmande au bord des corolles, à la recherche du parfum originel. Je tourne autour, c’est chaud, c’est froid. J’aimerais m’emparer d’un grain, d’un mot, d’un seul, celui qui sonne la fin des folies et des fureurs, ce mot qui ranimerait la fraîcheur de nos premiers ruisseaux, la lueur d’un sous-bois, ce mot qui dort, j’en suis sûr, dans la mousse de tous les cœurs.
Vous le connaissez, vous, le mot qui fait mouche ?