Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

Par Pralinerie @Pralinerie

Merci encore à Grasset et à InMédiatic pour leur envoi d'un livre choc : celui de Didier Decoin. Comme Malice, j'étais conviée à un petit déj' mais bon... stage oblige, je ne pouvais pas m'y rendre. Mais j'ai lu le livre. En très peu de temps, car on ne peut pas le lâcher. Et cela pose quelques questions...
Ce roman se présente comme le rapport sur l'assassinat de Kitty Genovese par Winston Moseley. Le narrateur est, curieusement mais vous comprendrez plus loin, l'un des rares habitants du quartier à avoir été absent de chez lui le soir du meurtre. Il s'est déroulé un soir glacial, vers trois heures du matin alors que la jeune femme venait de fermer son bar. Un homme l'a suivie avec une seule intention, la tuer puis la violer. Car Winston est nécrophile. Or, l'attaque a lieu en pleine rue, sous les fenêtres des voisins de Kitty. Et personne n'a réagi. Voire certains semblent avoir observé la scène. On compte une trentaine puis une quinzaine de témoins directs du meurtre. Mais aucun n'a appelé la police ou une ambulance. L'un d'eux observe le déroulement du crime et s'informe auprès d'un proche sur la procédure à suivre. Ce dernier l'encourage à ne rien faire ! C'est cette aberration que pointe du doigt Didier Decoin tout en retraçant l'histoire du procès et des autres crimes de Moseley. Personnage froid et réfléchi, bon travailleur et père parfait, il a l'habitude de cambrioler et tue plusieurs femmes pour assouvir ses désirs. Le monstre ordinaire... Effrayant !
Un roman qui fait froid dans le dos ! Les détails des crimes sont particulièrement atroces. Au fil de la lecture, une question insidieuse pointe son nez : et nous, qu'aurions-nous fait ? C'est une question traditionnelle, genre en 39 en Allemagne, qu'auriez-vous fait ? Mais là c'est d'autant plus intéressant que ce type de crime arrive, hélas, encore, qu'il peut vous frapper ou que vous pouvez en être témoin. Au cours du texte, autre gène : le lecteur n'est-il pas aussi un terrible voyeur ? Décidément, ce texte m'a mis mal à l'aise. Mais c'est tant mieux ! "Tout mais pas l'indifférence"