Dans le noir

Publié le 10 mars 2009 par Marc Lenot

Après le vide, le noir. Alain Bublex, invité au MAC/VAL jusqu’au 7 juin, a agi sur l’architecture : il a plongé le musée dans la pénombre. Les baies vitrées sur le jardin et les verrières ont été occultées (seule subsiste le trou de MEMORY de Shilpa Gupta) et les lumières sont éteintes. Subsistent ici ou là, une lampe de chantier, un tube néon négligemment posé au sol et des oeuvres elles-mêmes lumineuses, qui daignent généreusement éclairer un peu leurs voisines.

Je ne suis pas absolument persuadé de l’intérêt intellectuel de cette proposition, mais au moins elle est amusante, elle fait porter le regard ailleurs, autrement. Les oeuvres se révèlent différemment, parcimonieusement, ‘le clair-obscur introduit de l’incertitude’.

L’élégance aurait été de ne faire que cela, et de le faire radicalement : obscurité totale, lampe de poche fournie aux visiteurs (ça a déjà été fait, non ?). Mais Bublex, pas assez radical, inconscient ou désintéressé, rajoute ses propres pièces au milieu de la collection. Et ce sont souvent celles-ci qui éclairent les autres, telle sa baraque à hot-dogs fermée pour inventaire dès la première salle (Hot Dogs Wet Stones; photo dans la pénombre, bien sûr).

Le plus intéressant est sans doute sa réflexion sur la photographie, qu’il décrit non comme le fait de prendre des photos, d’impressionner une pellicule ou un capteur (et il a fait réaliser par Samsung le prototype ci-contre d’un appareil photographique qui ne prend pas de photos), mais pour voyager, pour aller dans des lieux, des paysages où il y aurait simplement possibilité de photographie, où on pourrait, ou non, prendre des photos.

L’exposition s’ouvre donc, dans le hall du musée (encore éclairé, lui) sur sa vieille Renault 5 repeinte en véhicule de service, voiture d’aspect officiel lui donnant dès lors un statut de photographe. Sur le toit de la R5, un tabularium, comme celui sur la voiture de Sophie Ristelhueber pour WB.

Si vous cliquez sur la photo, vous lirez, à l’arrière de la voiture, “Arrêts soudains” : tout un programme, en effet.

Photos de l’auteur. Alain Bublex étant représenté par l’ADAGP, les reproductions seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.