Monsieur Bashung

Publié le 14 mars 2009 par Didier54 @Partages
Merci.

Le choc.
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Et puis tu es allé arpenter le macadam faute de mieux, insensible au vol blanc des goélands, par-dessus la lagune étoilée. Quelques néons flottaient dans l'aire de je et tu découvrais que la grande ourse somnolait dans son lit géant, épaté, à l'abri près de son coin de lune. Quelques avions postaux clignotaient des nouvelles pendant que les réseaux couraient sous les océans et tu en avais les mandibules farcies. Le chou fleur.
Au fond, même si tu n'en soufflais mot, tu continuais à t'interroger sur le mystère du miel.
Les mots insoumis faisaient du florilège dans ton carnaval intérieur. La valse avait mis le temps. La vigueur du frimas secouait ta carcasse pendant que s'ébrouaient les costumes tout à leur bal manqué, cafards blafards, boules de billard. Les femmes et les hommes déambulaient, ivres, comme on fréquente un tunnel, chacun en quête de son meilleur masque, de son meilleur casque, au son du graal qui fait rouler les gorges chaudes, qui adepte du grimoire, qui nostalgique de Grimm et consorts. D'autres chialaient comme des madeleines, secouant leurs puces en perdant toute l'eau de leur corps. Tu sortais de cette nuit des tempes comme on cherche à tromper l'ennemi, rampant dans les nuages, dans un garde-à-vous incertain. Tu ne disais rien, de crainte peut-être d'étouffer ton cardiogramme flasque, caramel acide des mâchoires fracturées par les sourires Grévin.
Au fond, même si tu n'en soufflais mot, tu continuais à t'interroger sur le mystère du miel.
La semelle sur l'asphalte, tu épousais à l'infini l'idée que de la fleur puisse jaillir l'or sucré et tu maudissais celles et ceux qui en faisait commerce même si l'on fait commerce de tout. Tu sortais de ton coma et n'en finissait plus d'arpenter d'étranges sphères, mondes souterrains à l'air libre, même l'air semblait emprisonné dans ses gangues hydrocarburées. Tout l'or du monde massacrait la fleur à force de transformer l'abeille en messager, média minuscule de nos gorges déployées.
Au fond, même si tu n'en soufflais mot, tu continuais à t'interroger sur le mystère du miel.

* Texte écrit le samedi 14 mars vers 10 h du matin sans savoir.
Transformé en dédicace à 20 h 25.