Fiscal ou militaire, disputes de boucliers en Sarkofrance

Publié le 18 mars 2009 par Letombe
Mardi, la "majorité" présidentielle était visiblement sous pression. Effrayé des critiques au sein même de son camp, François Fillon a demandé comme convenu la confiance de l'Assemblée sur la seule question de l'OTAN. L'UMP s'est aussi déchirée sur le bouclier fiscal. Et Nicolas Sarkozy a dû sermonner tout son monde.
Bouclier atlantiste contre bouclier national ?
Sans surprise, l'Assemblée Nationale a voté mardi soir, 329 voix contre 228, la confiance au gouvernement qui avait engagé sa responsabilité sur sa politique étrangère et le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan. La vieille lubbie atlantiste est satisfaite.
Bizarrement, François Fillon a tenté de minorer cette décision: "En 1966, en plein coeur des tensions Est-Ouest, notre retrait de l'organisation constitua un choc. Mais en 2009, notre retour ne constitue qu'un ajustement qui, de ce fait, ne provoque aucun émoi dans le concert international". La semaine passée, Nicolas Sarkozy expliquait plutôt que ce retour complet dans l'OTAN était déterminant. Fillon a aussi défendu le maintien de l'indépendance de la France: «J’invite ceux qui s’inquiètent pour l’indépendance de la France à aller demander les yeux dans les yeux à Angela Merkel, Gordon Brown et Jose Zapatero s’ils ne sont pas souverains de leurs décisions». Très bons exemples: aucun de ses trois pays n'a fait durablement preuve d'indépendance vis-à-vis de l'Amérique, notamment sur le cas récent de la guerre en Irak. Et aucun de ses trois pays n'a pesé sur les décisions américaines ni celles de l'Otan. Sarkozy tenait à son jouet, il l'a eu.
Bouclier fiscal ou bouclier social ?
Le bouclier fiscal en 2008 a coûté 458 millions d'euros au budget de l'Etat, pour seulement 14 000 bénéficiaires. Alors que certains, même à droite, demandent son approbation ou sa suspension, au titre de la solidarité nationale, On nous explique qu'il ne concerne finalement que peu de monde. Quel retournement !
Gaetan de Capèle, dans un éditorial du Figaro le 17 mars, critique ainsi la démagogie fiscale des opposants au bouclier fiscal. Pensez-vous ! Ce n'est pas 458 millions d'euros qui résoudront nos problèmes. Effectivement pas. Mais les franchises médicales (600 millions d'euros par an), ou les suppressions de postes d'enseignants (quelques millions d'euros d'économies) non plus...
Lorsque Nicolas Sarkozy décida de l'abaisser de 60 à 50% des revenus annuels en 2007, ses supporteurs expliquaient au contraire sur toutes les ondes que cette mesure n'était pas destinée qu'aux plus riches du pays. On nous rapportait les exemples multi-rabâchés des RMistes "possédant leur résidence principale ou de veuves d'agriculteur" qui se font rembourser leurs impôts locaux.  On nous prévoyait près de 235 000 bénéficiaires (pour un coût prévu à 650 millions d'euros), des travailleurs modestes, des familles étranglées par l'insupportable charge fiscale de ce pays étatiste et archaïque. Résultat ? Quatorze mille petits privilégiés se sont vus restituer 33 000 euros en moyenne en 2008, au titre du trop-payé d'impôt en 2007 sur les revenus de 2006. L'année précédente, la moyenne était d'un peu plus de 16 000 euros.
20 mois plus tard, crise oblige, le gouvernement et ses proches font machine arrière. la droite recomplexée s'accroche à ses principes. « Le bouclier fiscal est un principe sur lequel nous n'entendons pas transiger », a justifié, lundi 16 mars, le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre. Eric Woerth, le ministre du budget a complété le discours: "Le bouclier fiscal est une mesure de justice fiscale, tout simplement. Le bouclier fiscal, c'est dire à des Français qu'ils ne travailleront pas plus d'un jour sur deux pour l'Etat. Ce sont des Français qui paient déjà beaucoup d'impôts et il est logique que, dans l'impôt, il y ait un plafonnement". Les Français ? Non, quatorze mille d'entre eux.
La ministre Lagarde reste satisfaite, les expatriations fiscales ont baissé de 15% en 2007: 719 contre 843 en 2006. "Cela marque la confiance dans la politique économique du gouvernement. On peut désormais rester en France avec des prélèvements supportables". ouf ! Les riches reviennent ! Pourtant, ces fameuses évasions, toutes choquantes qu'elles sont, pèsent peu d'après le service des impôts : à peine 17,6 millions d'euros, rapportait Marianne il y a quelques jours. Perdre 458 millions d'euros de recettes pour chercher à récupérer 18 millions d'euros ... est une curieuse démarche...
Qui s'étonnera encore de la colère qui monte ?
Merci à
http://sarkofrance.blogspot.com/