Soro raconte des contes

Publié le 19 décembre 2008 par Oliviernda
Pendant longtemps je n’étais pas sûr du fait que le premier ministre de Cote d’Ivoire ait un but secret. Mais après avoir lu “ ses contes” dans la presse française je suis convaincu de son double jeu et de son envie de retarder ce pays, pour un égoïste et mesquin désir de prendre le pouvoir ou du moins de contribuer à installer en Côte d’Ivoire un nouvel ordre politique. Ne faisant pas parti de son organisation je ne peux donc vous apporter le « scoop » qui aurait résolu la question.
A paris cette semaine Monsieur le premier ministre a « raconté des contes Africain » aux français. Il a senti le besoin de se tailler une image d’homme politique soucieux des impacts de la division et du problème du désarmement dans son pays. Soro a démontré un certain embarras par rapport à la question, ce qui l’a d’ailleurs poussé à user du mensonge pour sortir de cet encombre au devant des medias français (à ne surtout pas confondre avec la presse internationale !)
Soro sait donc que la division de l’état de Côte D’ivoire est une mauvaise chose ; il est donc conscient que le désarmement retardé par lui et ses sbires n’est avantageux ni pour son pays, ni pour son image.
Mais pourquoi bloque t-il le processus qu’il a lui même signé ?
Dieu seul, ou peut-être Lucifer dans ce cas, peut le dire, mais ses «contes » et ses efforts à travestir nos réalités face à cette audience montrent très bien qu’il est conscient du non-respect de sa signature et de ce à quoi elle est supposée l’engager. Il sait aussi qu’une partie de son public le sait et il s’adresse surtout à ceux qui ne savent rien de l’accord de Ouagadougou, en disant en gros « tout est fait, j’ai respecté ma partie du contrat, j’ai désarmé ». Il est conscient du fait que l’accord de Ouagadougou lui impose un désarment total, et il le justifie d’ailleurs en proclamant qu’il l’a fait en laissant les préfets et sous-préfet siéger dans certaine localité du nord.
Le mensonge ici utilisé devient un moyen de justification et d’explication d’une situation qu’il sait être connu de ses interlocuteurs, mais il s’efforce de dépeindre une Côte-d’Ivoire unie par son expertise et cache savamment le fait qu’il y a encore des hommes en armes dans certaines de « ses » zones.
Que prépare t-il ?, qu’espère t-il ? Peut-il désarmer cette armée qui ne se réclame de lui qu’en partie ? D’une part on pourrait penser qu’il espère pouvoir préparer quelque chose, mais je serais surpris de le savoir détenteur d’un plan précis qu’il puisse appliquer et réussir dans le contexte actuel. Comme un « lynx » il guette et espère capitaliser si le moment se présente.
Une autre hypothèse serait qu’il soit conscient de ne pas pouvoir exiger de ses troupes un désarmement total même s’il pourrait en désarmer une grande partie. Effrayé par les challenges publics qui pourraient en résulter, il attend et surveille ses propres troupes pour « frapper le moment venu », mais comment reconnaître le bon moment ?
La troisième supposition, pourrait être de garder ses troupes dans une certaine recherche d’équilibre des forces avec le chef de l’état et l’armée ivoirienne; mais jusqu’a quand ? Le statut quo ne peut perdurer et même si le Président et l’armée ne réagissent pas, les populations tôt ou tard le feront. Attend t-il cela ? Si tel est le cas c’est une erreur car lui et son groupe n’en sortiront pas indemnes.


Certains avancent l’hypothèse de 2010 mais je suis septique car je ne vois aucune différence entre 2010, 2007 ou 2008 ou n’importe quelle autre date. Je dirais même qu’attendre ne serait pas très judicieux de sa part parce qu’avec la crise économique actuelle et les changements qu’elle impose, l’Europe se consolide, chaque état réalise sa dépendance à l’autre et l’on entend le président Nicolas Sarkozy lancer des appels à une présidence de l’union européenne plus longue (certains avancent 2 ans) avec des pouvoirs plus accrus.
Ces états de fait entraineront à coup sûr un affaiblissement des politiques intérieures et indépendantes des états et cela risquera donc de réduire les manœuvres de leur principal allié, la France, dans leur espoir de conquête du pouvoir par une conspiration contre l’actuelle force politique.
A cela s’ajoute la donne Barack Obama qui me semble avoir une vision d’un monde pacifique avec le moins de conflit possible. Les États-Unis vont t-ils se refermer et continuer à laisser les états européens « recycler » les guerres en Afrique ?Attendre est peut-être une option pour Soro et ses sbires mais cela peut se révéler être un piège pour eux-mêmes.
Alors que prépare le chef des rebelles ? Peut-être rien, peut-être qu’il aime simplement le pouvoir ; qu’il aime être reçu et discuter avec tous ces dignitaires, ce qui lui procure un sentiment d’importance et lui donne l’illusion de contribuer au développent de son pays... Ne nous y trompons pas. Ces gens ne sont pas les « futés » du monde, qui ont des plans bien établit avec une vision claire de ce qu’ils veulent et comment l’obtenir. Ils sont surtout des opportunistes qui attendent quelque chose qu’eux-mêmes cherchent. S’ils étaient « intelligents » dans le vrai sens du terme ils auraient eu l’humilité qui en découle et auraient libéré leur pays pour lui procurer ne serait-ce qu’une petite chance de se développer. Mais cela n’est pas le cas. Leurs egos, leurs titres, leurs positionnements social, leurs envies et obsessions pour les choses matérielles ne leur permettra pas cet honorifique sacrifice.
Soro « raconte des contes », parce que ça ne fait pas beau d’être un « rebelle anti-paix » en France, il ment aux ivoiriens parce que désarmer signifie sa fin, et enfin il se « s’auto-abuse » parce qu’il se fait croire qu’il a contribué à la paix en Côte D’ivoire en signant un accord pour lequel il ne choisit que les bouts qui l’arrangent.
Il est plein de secrets et les secrets sont la prémisse à toutes mauvaises actions.
Par Olivier N’da