Apathie, Nolleau, Zemmour : l'art de la détestation

Publié le 20 mars 2009 par Spies Virginie


En ce moment, on entend beaucoup parler d'eux. Qu'il s'agisse pour les questions culturelles ou politiques, d'Eric Zemmour et Eric Nolleau chez Laurent Ruquier le samedi soir, ou de Jean-Michel Apathie chez Michel Denisot chaque jour, on a l'impression qu'ils sont partout. Ils agacent, ils exaspèrent, et il arrive même qu' ils plaisent. Petit retour sur ces chroniqueurs dont la fonction est d'avoir un avis sur tout.
. Ce n'est pas un phénomène nouveau. Depuis bien longtemps, la télévision a recours à des chroniqueurs. Leur fonction est d'animer autrement l'émission, d'être une forme d'adjoints de l'animateur principal. Ils peuvent (et doivent) dire des choses que l'animateur ne peut dire, ils occupent une fonction souvent critique, bref, ils font passer une parole différente.
. Pourquoi sont-ils si méchants ? Agressifs, énervants, parfois méchants, on a souvent 'impression que c'est leur seul but : mettre l'invité mal à l'aise, et cela serait comme un challenge. On a beaucoup parlé il y a peu de temps du refus de Ségolène Royal d'affronter les deux chroniqueurs du samedi soir. Eric Nolleau en a lui-même beaucoup fait à ce propos dans les médias. Peut-on vraiment reprocher à des personnalités politiques de ne pas avoir envie d'essuyer les foudres des chroniqueurs ? Je ne le pense pas, car les choses ne sont pas si simples.

. Ils roulent pour eux. Mais qui ne le fait pas ? Chaque chroniqueur écrit par ailleurs des livres, parle dans d'autres médias, fait sa promotion. De fait, on peut avoir l'impression parfois qu'ils apparaissent dans de nombreux médias, et même de les voir trop souvent donner leur avis sur tout, donner surtout leur avis. Ces chroniqueurs écrivent tous des livres, et ils se servent de leur notoriété télévisuelle pour vendre leurs produits.


. Sont-ils vraiment nécessaires ? Bien sûr que non, dans le sens où personne n'est nécessaire, mais bien sûr que oui, dans le sens où ces chroniqueurs font désormais partie de l'identité des émissions. Ces dernières mettent en scène des énonciateurs multiples : l'animateur, mais aussi les chroniqueurs qui semblent avoir tous les droits, qui paraissent pouvoir porter toutes les paroles.

Qu'il y ait, dans l'espace médiatique, des personnes (voire des personnages) qui énervent, cela a toujours existé. Qu'il y ait des chroniqueurs dans les émissions de talk-show, ce n'est donc pas non plus un phénomène nouveau. Alors, quoi de neuf sous le solei du PAF ? Une forme de starisation de ces chroniqueurs, mi-journalistes, mi-éditorialistes, et surtout entièrement présents dans l'univers médiatique. L'art de ces chroniqueurs, dans le fond, réside dans le fait de donner l'impression qu'ils aiment se faire détester, et  cela fait partie de leur personnage. Alors, nouvelles stars de la télé au destin futile et bientôt stars déchues, ou symptôme d'un nouveau discours éclaté dans les programmes de talk-show ? Affaire à suivre...